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Prime Time, de Jay Martel

Signé Bookfalo Kill

Perry Bunt est un scénariste moyen – enfin, médiocre… Bon, disons raté et n’en parlons plus. En dépit d’une brève période où Hollywood en a fait l’une de ses coqueluches éphémères, aucun de ses écrits n’a jamais été porté à l’écran, et pour cause. Célibataire, désargenté, il approche de la quarantaine le crâne dégarni et les bourrelets en formation accélérée ; il survit en tentant d’enseigner l’art subtil du scénario à des jeunes gens persuadés de leur génie.
Sauf qu’il y a Amanda. Amanda, belle – enfin, radieuse… Bon, disons à tomber par terre, et ajoutons modeste, délicieuse, attentive, et tant d’autres qualités qu’elle semble à peine humaine. D’ailleurs elle ne l’est pas. Du moins pas tout à fait. Raide amoureux au point de se laisser aller à faire n’importe quoi, Perry découvre à son contact que la Terre, avec son ramassis d’abrutis essentiellement préoccupés de se mettre sur la figure, de forniquer, de polluer l’environnement et autres joyeusetés criminelles, est en réalité un spectacle de télé-réalité parmi les plus prisés de toutes les galaxies – car, oui, comme Amanda, des milliards d’extra-terrestres se gavent chaque jour du spectacle de notre bêtise, retransmis sur des centaines de chaînes intergalactiques…

Martel - Prime Time…et tout ça, ce n’est que le début de cette nouvelle escapade au-delà des frontières du réel qui porte la marque de fabrique des éditions Super 8. Vous l’aurez compris, comme pour Le Monde caché d’Axton House, esprits sérieux et cartésiens, abstenez-vous ! Dans Prime Time, son premier roman, l’Américain Jay Martel donne libre cours à son imagination la plus débridée – et pour une fois, les glorieuses références plaquées sur la quatrième de couverture sont judicieuses : nous sommes bien ici à la croisée entre un Truman Show interplanétaire et le délirant Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. En gros, c’est n’importe quoi, mais du n’importe quoi totalement maîtrisé.

Je m’attendais peut-être à un livre plus drôle, étant donné le sujet ; si Prime Time est amusant, il n’est pas non plus à se rouler par terre, en raison notamment de quelques petites longueurs. Certains passages néanmoins sont vraiment réjouissants (le prophète Monpote, c’est quelque chose !), et surtout, Jay Martel compense par des réflexions d’une acuité féroce sur le monde du spectacle, la télévision, le fameux « show must go on », mais aussi la religion et la crédulité, l’absurdité générale de notre comportement…

Bref, le romancier, joyeusement décomplexé, tape sur tout ce qui bouge, et c’est le plaisir majeur de ce roman distrayant et hors normes !

Prime Time, de Jay Martel
Traduit de l’américain par Paul Simon Bouffartigue

Éditions Super 8, 2015

ISBN 978-2-37056-022-3

473 p., 19€

12 réponses à « Prime Time, de Jay Martel »

  1. Rhooooo tu me fais saliver !!!

    1. Fais attention à ne pas t’en mettre partout quand même :p
      A voir ce que tu aimes sur ton blog, je dirais que ce bouquin pourrait te plaire, en effet !

      1. :p
        Oui probablement :-)

  2. rien à rajouter, ce n’est pas à se rouler par terre mais qu’est ce que ça fait du bien par où ça passe ;-). Ludique ET intelligent, que demande le peuple ?

    1. Le peuple ferait bien de demander à lire plus de livres comme celui-là, ça ne pourrait que lui faire du bien au cerveau (plus que le paquet de conneries qui passent à la télé, en tout cas) :p
      Moi je dis : Super 8, entreprise de salubrité publique !

      1. ahah bien d’accord ! Votons peur eux ;-)

    1. Ben alors au boulot !!! Qu’est-ce que tu attends ? D’avoir moins de livres dans ta PAL ? Euh oui, bon, évidemment, vu comme ça… ;-)
      En tout cas, dans la série Super 8, il devrait moins te perturber que « Axton House », celui-là. Il est plus « classique »… mais c’est un bon moment aussi !

  3. Moi, je l’ai trouvé joyeusement déjanté ce titre.
    Et effectivement, tout le monde en prends pour son grade.
    Non, il fait parfaitement le job. Il divertit et fait réfléchir, que lui demander de plus, hein , je me pose la question ?

    1. Ah mais rien, mon capitaine, tout ceci est fort bien dit ;-)

  4. Finalement, tu as bien aimé cette lecture, malgré ton bémol.

    1. Tout petit bémol, donc oui, j’ai passé un bon moment !

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