Cinéma

Cinématographix, de Karen Krizanovich

Signé Bookfalo Kill

Krizanovich - CinématographixLa datavisualisation est à la mode. Si ce terme un peu barbare ne vous dit rien, vous avez pourtant sûrement déjà croisé certains exemples de cette discipline à la fois ludique et instructive, qui consiste à représenter des données de manière visuelle, graphique. Camemberts, cartographies, chronologies, diagrammes en tous genres, faux plans de métro, tout y passe.
Popularisée par David McCandless et son génial Datavision (Robert Laffont, 2011), la datavisualisation a depuis fait des émules. C’est simple, dès qu’il y a des chiffres ou des statistiques, on peut la mettre en pratique. Des chiffres, oui, mais pas seulement. Un champ de données thématique peut également déboucher sur une mise en images amusante et qui, mine de rien, nous en apprend plus que de longs discours.

Karen Krizanovich adapte donc le concept au cinéma avec ce Cinématographix bourré d’informations utiles, futiles, rigolotes, étonnantes, intéressantes… Simples amateurs ou dingues du Septième Art se régaleront ainsi avec « La malédiction du tire-bouchon » (P.58-59), ou comment les réalisateurs, notamment de films d’horreur, puisent dans les ustensiles les plus quotidiens pour les transformer en armes de destruction massive ; « French Connections » (p.16-17), ou comment le cinéma américain pompe allègrement le cinéma français depuis des décennies ; ou encore avec le célébrissime « Six degrés de Kevin Bacon », ou comment relier en six personnalités radicalement différentes l’un des seconds rôles les plus charismatiques du cinéma U.S. à des gens aussi différents que Ingmar Bergman, Abraham Lincoln… ou la reine Elizabeth II.

Un petit exemple avec Matrix :

Krizanovich - Cinématographix exemple

Résultats du box-office, répartition des Oscars entre comédies et drames, acteurs et actrices « bankables », adaptations de jeux vidéo sur grand écran, compositeurs de musiques de films, décryptage du nombre de rêves imbriqués dans Inception (très utile, celui-ci, à apprendre par cœur avant de revoir le film de Christopher Nolan !), rapport entre le nombre de fois où Tom Cruise porte des lunettes de soleil dans ses films et le succès de ces derniers, films cultes… Tout est bon à transformer en datavisualisations, qui vous amuseront à coup sûr – et feront en même temps de vous des puits de science inattendue sur le cinéma !

Cinématographix, de Karen Krizanovich
Traduit de l’américain par Laura Orsal
  Éditions Dunod, 2014
ISBN 978-2-10-071138-3
160 p., 14,90€


Les grands duels du cinéma, de Scott C. / Silhouettes de la culture pop, d’Olly Moss

Signé Bookfalo Kill

Quoi ?!? Novembre, déjà ! Et voici que se profile à l’horizon le spectre angoissant des fêtes de fin d’année, qui réveille la même éternelle question : quel cadeau offrir au cousin Jean-Gaston que vous ne voyez qu’une fois par an et à qui vous n’avez rien à dire, ou à votre amie Rodogune qui, certes, est une bonne copine, mais dont vous connaissez mal les goûts ?
Allez, détendez-vous, les éditions Cambourakis ont pensé à vous, et plutôt deux fois qu’une, en proposant deux livres présentés dans le même format carré et relié, joliment fabriqués, dont le contenu amusera surtout, précisons-le tout de même, les trentenaires et quarantenaires, voire les cinquantenaires branchés (et je suis sûr qu’ils sont nombreux !)

Scott C. - Les grands duels du cinémaCommençons par Les grands duels du cinéma, dont le concept est compris dans le titre : sur chaque page, Scott C. s’amuse en mettre en opposition au moins deux « personnages » qui s’affrontent dans un film dont il faut reconnaître le titre. Si je mets le mot entre guillemets, c’est que, parfois, l’adversaire n’est pas forcément humain…
Le dessin de Scott C. adopte un style volontairement naïf, qui rappelle les peintures maladroites que nous faisions à l’école primaire, en donnant aux personnages des expressions souvent niaises, grands sourires à l’appui, qui cassent ironiquement le mythe des grands duels cinématographiques ainsi représentés, choisis massivement parmi des films cultes des années 70 à nos jours (d’où ma précision ci-dessus sur les 30-40 ans).
Le résultat est donc amusant, et l’on se prend très facilement au jeu. Un tuyau utile : certains films sont cités plusieurs fois…

Moss - Silhouettes de la culture popSilhouettes de la culture pop joue aussi à fond sur le décalage entre la forme et le fond. Cette fois, une fois ouvert le livre dont la couverture toilée est du plus bel effet chic, il faut reconnaître des personnages par leurs silhouettes représentées dans un médaillon ovale, à la mode victorienne. Évidemment, le décalage provient du fait qu’il s’agit de héros de films, de bandes dessinées, de télévision ou de jeux vidéo, largement issus des mêmes années que précédemment.
Là encore, Olly Moss attrape rapidement notre curiosité grâce à un art du mimétisme confondant. Les moments de gamberge sont nombreux, et il faut parfois revenir plusieurs fois sur le même portrait avant d’en saisir un détail qui révèlera la vérité.

Dans les deux cas, pour des questions de droits, les solutions ne sont pas précisées dans les livres… Il faudra donc vous creuser la cervelle, ou mieux encore, mettre à contribution vos amis ou vos proches, pour une sorte de quizz improvisé qui vous fera passer à coup sûr un bon moment tous ensemble !

Les grands duels du cinéma, de Scott C.
Éditions Cambourakis, 2013
ISBN 978-2-36624-058-0
144 p., 14€

Silhouettes de la culture pop, d’Olly Moss
Éditions Cambourakis, 2013
ISBN 978-2-36624-063-4
144 p., 15,90€


Les plus grands films que vous ne verrez jamais, de Simon Braund

Signé Bookfalo Kill

Tout est dans le titre : Les plus grands films que vous ne verrez jamais est une merveilleuse collection d’objets cinématographiques, parfois juste envisagés, parfois scénarisés, parfois même tournés pour tout ou partie, mais qui n’atteindront jamais les écrans de cinéma, en tout cas pas sous la direction des prestigieux réalisateurs qui y sont associés.

Braund - Les plus grands films que vous ne verrez jamaisOn y apprend ainsi que Charlie Chaplin et Stanley Kubrick ont tous deux voulu signer en vain un film sur Napoléon – le second réunissant pour l’occasion ce qui est considéré aujourd’hui comme l’une des collections de documents les plus riches et complètes sur l’Empereur.
On y découvre encore qu’au début des années 80, essoré par l’échec de 1979 et tourmenté par des problèmes de couple, Steven Spielberg envisage pour se refaire de revenir à la science-fiction avec un film sombre intitulé Night Skies ; de ce projet avorté en naîtront trois autres : E.T. l’Extra-Terrestre, Poltergeist et Gremlins
Ou encore, saviez-vous que, vingt-ans avant Roberto Benigni et la Vie est belle, Jerry Lewis avait tourné et interprété une comédie dramatique sur les camps de la mort – mais que celle-ci, jugée ratée et de très mauvais goût, n’avait finalement jamais été sortie ?

Depuis un premier chapitre consacré aux années 1920-1950, puis dans cinq autres parties organisées par décennie jusqu’à 2012, Simon Braund nous permet d’explorer une part de l’histoire secrète du cinéma, montrant ainsi que tous les plus grands ont un jour buté sur des difficultés insurmontables – parfois pour mieux rebondir sur le projet suivant et en tirer un chef d’œuvre inattendu.
On croise ainsi Hitchcock, Eisenstein, Dreyer, Cukor, Fellini, Lynch, Leone ; ou, plus près de nous, Fincher, Tim Burton, les frères Coen – sans oublier les champions du monde des productions avortées, Orson Welles et Terry Gilliam.

Braund - Les plus grands films que vous ne verrez jamais - affiche Night SkiesBien écrit, précis sans tomber dans la cinéphilie absonse à force d’être maniaque, assorti d’encarts analytiques très intéressants, chaque article replace le film dans son époque, dans son contexte et celui de son auteur. La somme de ces chapitres dresse alors en creux l’inventaire des mille et une raisons pouvant amener dans le mur le projet le plus viable en apparence : manque d’argent, conflits avec les producteurs ou les acteurs, concurrence d’un autre film similaire et sorti avant (The Aryan Papers de Kubrick, abandonné à cause du succès de la Liste de Schindler), moyens techniques insuffisants à l’époque…
Avec un humour non dénué de rigueur, Simon Braund conclut chaque présentation par une estimation, notée sur 10, des chances du projet de renaître un jour. L’espoir est rarement de mise ! Mais ainsi vient-on d’apprendre que Steven Spielberg travaillait sur une adaptation en mini-série du Napoléon de Kubrick, en collaboration avec la famille de ce dernier…

Un dernier mot sur le livre lui-même, pour saluer, outre une mise en page claire et agréable, la création d’affiches originales pour chaque film, conçues par des designers et des illustrateurs souvent très inspirés. Certaines sont si réussies que l’on aimerait voir le projet aboutir juste pour pouvoir les admirer au fronton des cinémas !
Bref, Les plus grands films que vous ne verrez jamais devrait emballer tous les amateurs de cinéma, qui seront sûrement ravis de le trouver au pied du sapin de Noël !

Les plus grands films que vous ne verrez jamais, de Simon Braund
Traduit de l’anglais par Jean-Louis Clauzier, Laurence Coutrot et Emmanuel Dayan
Éditions Dunod, 2013
ISBN 978-2-10-070199-5
256 p., 24,90€

Envie d’en savoir plus ? Le livre de Simon Braund dispose de son site Internet !


No more Natalie, de Marin Ledun

Signé Bookfalo Kill

Quel destin que celui de Natalie Wood ! Révélée dans la Fureur de vivre, actrice chez John Ford, Nicholas Ray ou Elia Kazan, sacralisée par son interprétation de Maria dans West Side Story, elle finit d’entrer dans la légende à cause des circonstances de sa mort.
Le 29 novembre 1981, elle tombe du Splendour, le yacht où elle se trouvait en compagnie de son mari Robert Wagner et de leur ami Christopher Walken, et se noie. Jugée accidentelle au terme de l’enquête, cette disparition tragique suscite encore des doutes aujourd’hui, surtout que le corps de la comédienne portait des ecchymoses incompatibles avec le résultat d’une simple chute à la mer.

Ledun - No more NatalieMarin Ledun s’empare de ce mystère et met en scène les acteurs du drame, sous leur véritable nom, avec une précision troublante dans la relation des événements. Sans complexe, il s’aide de la fiction pour boucher les trous laissés par l’enquête et livre sa version des faits, en ayant toujours en tête qu’il écrit un roman (ou, pour être précis, une novella). Car, si tout semble terriblement véridique dans son histoire, c’est bien en romancier que Marin se livre, et non pas en journaliste décidé à lâcher le scoop de l’année.

Pour cela, il s’appuie sur un style peut-être plus classique qu’à son habitude, mais d’une maîtrise et d’une fluidité impeccables. La noirceur est toujours au rendez-vous, surtout dans la manière dont il traite ce qui est finalement le véritable sujet du texte : l’envers du décor hollywoodien, sa violence, sa corruption – par la drogue, l’argent, les trafics et les mauvaises fréquentations ; ses jalousies également, et sa course effrénée à la gloire, quelle qu’en soit le prix.
Personne n’en sort grandi, ni Robert Wagner – dont la réputation, déjà vacillante à l’époque, est restée entachée d’un soupçon ineffaçable -, ni Christopher Walken, décrit en jouisseur vulgaire, coureur plus que séducteur, manipulateur et égoïste.

No more Natalie est un petit texte triste et cruel, qui laisse un goût amer dans la bouche – car, une fois achevée sa lecture, on réalise à quel point l’humanité est fragile et prompte à la destruction ou à l’auto-destruction. Un authentique constat de roman noir, dressé avec brio par un Marin Ledun toujours aussi brillant.

No more Natalie, de Marin Ledun
Éditions in8, collection Polaroïd, 2013
ISBN 978-2-36224-035-5
85 p., 12€


Steven Spielberg : une rétrospective, de Richard Schickel

Signé Bookfalo Kill

En chantant les louanges de Clément Safra et de son Dictionnaire Spielberg l’année dernière, j’ai dû vous laisser entendre ma passion personnelle pour le réalisateur de Minority Report. Alors, oui, n’y allons pas par quatre chemins : oui, je suis fan de Steven Spielberg.
Me pardonneront, je l’espère, ceux qui ne peuvent pas supporter le cinéma spectaculaire, volontiers commercial (mais pas que), parfois sentimental (mais pas que… heureusement !) de celui qui est l’une des figures incontournables de Hollywood. Il y en a, je le sais, sans doute même parmi vous, fidèles lecteurs. Ce n’est pas grave, restons amis. Et je vais essayer de ne pas vous embêter trop longtemps avec ma marotte, promis.

Shickel - Steven Spielberg, une rétrospectiveMais tout de même, je voulais dire un mot d’un nouveau gros et beau livre qui vient de paraître aux éditions de la Martinière, intitulé tout simplement Steven Spielberg : une rétrospective. Déjà auteur d’un ouvrage similaire sur Clint Eastwood ou d’entretiens avec Martin Scorsese, le vénérable Richard Schickel, éminent critique du Time, ajoute donc le cinéaste américain le plus influent et le plus puissant d’Hollywood à son tableau de chasse.
Sa méthode est simple : après une introduction consacrée à la jeunesse du réalisateur, Schickel déroule son œuvre de manière chronologique, présentant et analysant chaque film l’un après l’autre, en s’appuyant sur les nombreux entretiens qu’il a eus avec Spielberg himself. Le résultat n’est pas dénué de réserve, contrairement à ce que ce choix pourrait laisser craindre – les premiers reproches sortant de la bouche du cinéaste lui-même d’ailleurs.

Néanmoins, il ne s’agit pas d’un ouvrage d’analyse critique, avec la distance générale que cela impliquerait. On pourra d’ailleurs ne pas être d’accord avec l’opinion laudatrice de Shickel sur certains films, comme par exemple le dernier en date, le lourdingue Cheval de guerre – d’ailleurs bizarrement encensé par une critique française pourtant prompte pendant trente ans à flinguer Spielberg, jusqu’à ce que son acharnement à rester sur le devant de la scène finisse par lui attirer son respect et sa reconnaissance…
L’aspect « beau livre », avec ses quelques 400 photographies et illustrations, dont beaucoup de peu connues, rappelle qu’il s’agit avant tout d’un ouvrage destiné à célébrer l’œuvre curieuse, protéiforme, d’un réalisateur qui hésite de plus en plus entre méga-productions et films intimistes, blockbusters au premier degré et sujets sombres, souvent historiques.

De quoi contenter avant tout les amateurs de l’univers de Steven Spielberg, dont ils liront au début du livre une préface qui lui ressemble : humble, passionnée et humaniste.

Steven Spielberg : une rétrospective, de Richard Schickel
Préface de Steven Spielberg
Éditions de la Martinière, 2012
ISBN 978-2-7324-4986-9
280 p., 35€


L’Art de Tim Burton

Signé Bookfalo Kill

Je suis au regret de vous annoncer que le livre dont je vais vous parler aujourd’hui n’est pas disponible partout. Vous ne le trouverez ni chez votre libraire préféré, ni sur les sites commerciaux en ligne comme A****n. Pire : si vous le voulez – et je comprendrais que ce soit le cas -, il vous faudra venir à Paris. Et plus précisément, à la Cinémathèque.

L’Art de Tim Burton est en effet une rareté. D’abord parce que la version française de ce catalogue a été éditée spécialement pour la Cinémathèque, à l’occasion de l’exposition consacrée au réalisateur de Sleepy Hollow qui s’y tient actuellement. Il n’est donc en vente qu’à la librairie du musée, en exclusivité, et ne sera sans doute plus disponible lorsque l’exposition sera terminée.

Rareté, ensuite, parce que c’est un livre-somme sur l’art graphique de Tim Burton. Il compile 430 pages de dessins, réalisés de toutes les manières et dans toutes les conditions imaginables – et quand on parle de Burton, ce n’est justement pas l’imagination qui manque ! On y trouve des croquis gribouillés sur des serviettes en papier ou des petits carnets, des peintures, des vignettes humoristiques délirantes, des sculptures, mais aussi des dessins préparatoires à tous ses films : personnages, décors… Tout ce qui constitue la signature visuelle extrêmement forte et personnelle de l’un des réalisateurs les plus singuliers du cinéma mondial.

Ce millier (!) d’œuvres, fascinant bestiaire hantant l’imaginaire de l’épouvantail d’Hollywood, est entrecoupé de textes ou agrémenté d’encarts signés de quelques collaborateurs emblématiques de Tim Burton : sa compagne et actrice Helena Bonham Carter, Johnny Depp bien sûr, mais aussi Danny Elfman (compositeur), John August (scénariste), Alex McDowell (décorateur), les acteurs Danny DeVito (le Pingouin dans Batman : le Défi), Martin Landau (Bela Lugosi dans Ed Wood) ou Christopher Lee (Sleepy Hollow, Charlie et la Chocolaterie, Dark Shadows…)

Bref, si vous êtes fan de l’univers de Tim Burton, voilà un ouvrage indispensable, qui mérite bien une petite balade jusqu’à la Cinémathèque ! L’expo en elle-même permet d’admirer l’essentiel des œuvres regroupées dans ce livre, ainsi que des films de jeunesse, des courts métrages inédits, quelques costumes et accessoires des films, etc.
Elle dure jusqu’au 5 août, alors si vous le pouvez, profitez-en !

Informations pratiques ici : Exposition Tim Burton à la Cinémathèque française

L’Art de Tim Burton
Éditions Steeles Publishing, 2012
Disponible en exclusivité à la Cinémathèque Française
430 p., 49 €

Également disponible en version collector limitée :
livre présenté dans un coffret, dédicacé par Tim Burton, avec une lithographie originale et signée.
249€


Monroerama de Françoise-Marie Santucci

Hé oui… Norma Jean Baker ou Mortenson alias Marilyn Monroe aurait dû fêter ses 86 ans il y a trois jours. Hé oui… Cela fait déjà 50 ans qu’elle est morte.
Aurait-elle alors gardé cette image de sex-symbol? (Remember Liz Taylor à la fin de ses jours…) Cette idée qu’on se fait d’elle, blonde platine nymphomane et écervelée, etc… Marilyn a pu rester un mythe, parce qu’elle n’a pas vieilli. Tout comme James Dean. 

Beaucoup d’encre a coulé sur Marilyn, sa vie, son oeuvre. Et Monroerama tente de démêler le faux du vrai. Comme beaucoup d’ouvrages avant celui-là. Françoise-Marie Santucci a lancé un appel à contribution auprès de personnalités aussi diverses qu’Olivier Assayas, Marie Darrieussecq, Maylis de Kérangal ou encore Maïwenn, pour les plus connus. Quel est l’intérêt? Je me le demande encore. Mais une chose est sûre, Marilyn est morte,  emportant avec elle  ses mystères. Et rien ni personne ne pourra connaître cette femme qui ne se connaissait pas elle-même. 

La mise en pages est jolie, les couleurs sympas, on surfe sur le succès d’ouvrages comme Datavision de David McCandless pour remettre Marilyn au goût du jour (bien qu’elle n’ait jamais disparu!) mais ça vaut tous les autres ouvrages sur Marilyn. Si vous voulez vraiment apprendre quelque chose sur Marilyn, lisez la biographie écrite par Donald Spoto. Quant à moi, je préfère relire Blonde de Joyce Carol Oates. 

Monroerama de Françoise-Marie Santucci
Editions Stock, 2012
9782234071599
363p., 25 €

Un article de Clarice Darling


Les enfants du cinéma de François-Guillaume Lorrain

Il y a  des films qui irradient par la présence magique d’un enfant. Mes souvenirs datant plutôt des années 80 et étant plutôt américano-centrés, je vous parlerai bien volontiers de Barret Oliver (qui était mon grand amour de jeunesse) Oui mais voilà, Barret n’a plus jamais fait de films passé 1990. Pourquoi? Alors qu’il était si talentueux?

Dans Les enfants du cinéma, François-Guillaume Lorrain s’est concentré sur les films français, toutes époques confondues, qui comportaient des premiers ou seconds rôles d’enfants. Qu’est devenu le Petit Gibus de la Guerre des Boutons? (Reste à savoir si les nouveaux Petit Gibus des deux Guerres des Boutons précédemment sorties vont perdurer dans l’histoire du cinéma) Certes, dans la Boum, il y a Sophie Marceau mais que sont devenus ses copains? Et les gamins de Diabolo Menthe hein?

Vous apprendrez ainsi que Zazie a fait Sciences-Po, que certains se sont retrouvés facteurs, ouvriers ou génie mathématique (allant jusqu’à obtenir la Médaille Fields, l’équivalent du Nobel des maths)

C’est un vrai travail de journaliste que nous livre François-Guillaume Lorrain, bien écrit, plaisant et on retrouve avec délectation les histoires de ces gamins, fauchés par la gloire éphémère du cinéma français ou valeurs montantes de l’époque (pour Charlotte Gainsbourg et Sophie Marceau)

Les enfants du cinéma de François-Guillaume Lorrain
éditions Grasset, 2011
9782246790754
294p., 19€

Un article de Clarice Darling


Dictionnaire Spielberg, de Clément Safra

Signé Bookfalo Kill

Agé de 24 ans, récemment diplômé de l’Université Paris VII en études cinématographiques, Clément Safra va marquer d’emblée l’esprit des cinéphiles en publiant un Dictionnaire Spielberg tout à fait remarquable, au moment même où le réalisateur américain révolutionne le cinéma d’animation avec un Tintin en images de synthèse tout simplement bluffant.

Sous forme d’entrées encyclopédiques, le jeune auteur parcourt en détail l’oeuvre de l’un des cinéastes majeurs de notre époque. S’il sait se faire critique (voir par exemple les articles « Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal » ou « Le Monde Perdu : Jurassic Park »), on sent qu’on a affaire à un véritable passionné du travail de Steven Spielberg.
Fan, certes, mais tout à fait capable d’analyser les motifs de son intérêt pour le réalisateur américain. Loin de se cantonner à ce que de nombreux exégètes ont déjà fort bien expliqué dans de précédents essais, Safra avance de nouvelles pistes et pousse au maximum des réflexions aussi passionnantes qu’accessibles. La lecture de l’entrée « Jurassic Park » en surprendra ainsi sûrement plein d’un…

Outre des articles consacrés à chacun des films du cinéaste, on trouve dans ce dictionnaire des entrées sur les acteurs ayant travaillé sous les ordres de Spielberg, d’autres sur ses influences (David Lean, Alfred Hitchcock…) ou ses collaborateurs – fidèles, comme le compositeur John Williams ou le monteur Michael Kahn, réguliers comme George Lucas, ou occasionnels comme Quincy Jones.
Plus intéressant encore, les entrées thématiques dégagent les nombreuses lignes de force du travail de Spielberg. De E comme « Enfant », »Eau » ou « Effets Spéciaux » à L comme « Lumière », « Lune » ou « Langage », en passant par le H de « Histoire », le F de « Femmes, le Q de « Quotidien » ou le S de « Shoah », Safra démontre avec méthode que le réalisateur est à la tête d’une véritable oeuvre, consistante, construite, savant mélange d’exigence et d’ouverture au grand public.

Le livre comporte en outre un livret central de photographies, qui permet de mettre en relief certaines obsessions visuelles de Spielberg – les machines, les figures circulaires, sa manière de filmer les visages ou les regards, son travail sur la lumière « blanche » ou « divine », cet aura lumineux en contre-jour qui constitue l’une de ses signatures les plus célèbres…

Bref, Clément Safra livre une étude complète, intelligente et intelligible pour n’importe quel lecteur – pas la peine de lire les Cahiers du Cinéma ou de sortir d’une école de cinéma pour comprendre ce dont il est question ici. De quoi satisfaire les connaisseurs de Spielberg, aussi bien que les « novices » désireux de découvrir une filmographie beaucoup plus complexe que ce que les détracteurs du papa d’E.T. voudraient continuer à faire croire.

Dictionnaire Spielberg, de Clément Safra
Editions Vendémiaire, 2011
ISBN 978-2-363-58010-8
359 p., 25€

On en parle aussi ici : Ecran large, Steven Spielberg Collection (blog)