Rhapsodie française, d’Antoine Laurain

Signé Bookfalo Kill

Alain Massoulier, médecin généraliste sans histoire, reçoit un jour une lettre. C’est une réponse de la maison de disque Polydor, qui lui annonce être intéressée par la maquette musicale de son groupe, les Hologrammes, et l’engage à prendre contact avec elle. Alain devrait être heureux ; il est juste sidéré. Et pour cause : la lettre lui est parvenue avec trente-trois ans de retard. La maquette en question a disparu, les Hologrammes n’existent plus depuis longtemps et leurs membres sont éparpillés dans la nature.
Le batteur est devenu artiste contemporain, la chanteuse a repris l’hôtel parental, le parolier est antiquaire, le bassiste a viré facho en chef, le claviériste se la coule douce en Thaïlande ; quant à celui qui leur avait permis d’enregistrer une démo digne de ce nom, on l’appelle désormais JBM, c’est un homme d’affaires respecté qui, depuis peu, fait figure de favori surprises pour les prochaines élections présidentielles.
Piqué au vif, et aussi curieux de réentendre des chansons qu’il a oubliées, Alain se met en quête de la cassette manquante en contactant ses anciens amis…

Laurain - Rhapsodie françaiseAntoine Laurain aime les chaînes et les petits coups de pouce du hasard – ou du destin, c’est selon – qui peuvent changer le cours d’une vie. Il avait déjà fait le coup, brillamment dans le Chapeau de Mitterrand, de manière plus poussive dans La Femme au carnet rouge. Rhapsodie française vient se caler entre ces deux livres, plus fluide que le second, mais moins pertinent que le premier.
Comme il l’avait fait pour les années 80 dans Le Chapeau de Mitterrand, Laurain s’efforce de saisir quelque chose de l’air du temps, en croquant des personnages représentatifs de notre époque. Il y parvient plus ou moins bien ; si l’artiste contemporain et ses sculptures gonflables géantes donnent quelques scènes irrésistibles, le leader d’extrême-droite n’évite pas le piège de la caricature, et entraîne même une partie de la fin du roman vers un grand-guignol évitable. D’autres, comme JBM (héros pourtant attachant), poussent l’intrigue vers l’utopie gentillette, cédant à l’angélisme grand public ce qu’il abandonne au réalisme.

Plaisant à lire si l’objectif est de se détendre – Antoine Laurain a pour lui une plume simple et fluide -, Rhapsodie française ne tient pas l’ambition sociologique que semble annoncer son titre (à la différence, pour ceux qui s’en souviennent, du remarquable Une vie française de Jean-Paul Dubois). Un moment sympa tout de même.

Rhapsodie française, d’Antoine Laurain
Éditions Flammarion, 2016
ISBN 978-2-08-136008-2
276 p., 19€

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