Le Chapeau de Mitterrand, d’Antoine Laurain
Signé Bookfalo Kill
Un soir, François Mitterrand vient dîner dans une brasserie chic de Paris. A ses côtés, Daniel Mercier, quadra anonyme, assiste à l’événement en témoin privilégié autant que tétanisé de partager la banquette d’un si illustre convive. En partant, le Président oublie son chapeau, accessoire qui a tant fait pour la célébrité de son auguste silhouette. Daniel le récupère et, sur une impulsion, décide de le garder. Sans doute inspiré par l’aura de son propriétaire, il en tire une autorité et une audace nouvelles, qui lui valent une promotion professionnelle impressionnante et un bouleversement en profondeur de son existence.
Malheureusement, Daniel égare le fameux chapeau, qui tombe en d’autres mains dont le destin s’apprête à changer également…
« Léger et distrayant » ne rime pas forcément avec « stupide et mal écrit ». La preuve avec ce quatrième roman d’Antoine Laurain, que je viens enfin de découvrir à l’occasion de sa sortie en poche. Mon amie Diane m’avait pourtant prévenu, enthousiasmée dès sa sortie initiale par le charme singulier de ce livre ; mais, faute de temps, comme souvent, j’étais passé à côté.
L’erreur est réparée, et c’est avec le même plaisir que je vous encourage à vous plonger dans cette histoire rocambolesque dont l’idée de départ, prétexte génial, est alimentée à la perfection par l’auteur tout au long du roman. En faisant passer le célèbre galurin de main en main, ou plutôt de tête en tête, Antoine Laurain se livre à une radiographie des années 80, sans prétention sociologique exacerbée ni nostalgie facile.
Il croque les références culturelles, artistiques, et bien sûr politiques de l’époque, mais en s’attachant toujours et avant tout à ses héros, anonymes complets ou célébrités fictives dont le destin bascule au moment où le fameux chapeau leur appartient. Aucune ambition fantastique (au sens littéraire du terme) là-dedans, c’est juste un clin d’oeil, un accessoire de conte dont la magie supposée, liée à son caractère symbolique, permet aux personnages d’avancer – tandis que François Mitterrand, lui, comme privé de sa source d’énergie, est forcé à l’attentisme : le roman se déroule entre 1986 et 1988, période de la première cohabition avec la droite…
Du Minitel au Top 50, des colonnes de Buren à la Pyramide du Louvre, Le Chapeau de Mitterrand fait revivre une époque pleine de sens, riche en transitions, et dominée par une figure politique majeure qui a laissé une empreinte indélébile dans l’esprit de tous ceux, admirateurs comme détracteurs, qui ont vécu dans son ombre – et en particulier ceux qui, comme l’auteur (et comme moi) ont grandi dans les années 80.
Plein d’humour et de dérision, fin et chaleureux, servi par l’écriture pétillante d’Antoine Laurain, le Chapeau de Mitterrand est de ces romans qui vous soulèvent comme une brise légère et vous reposent tout en douceur au terme de leur histoire, sourire conquis aux lèvres, en ne vous laissant qu’une seule envie : en partager le plaisir avec d’autres. C’est chose faite sur ce blog – et encore merci à Diane de l’avoir fait pour moi !
Le Chapeau de Mitterrand, d’Antoine Laurain
Éditions J’ai Lu, 2013
(Première édition : Flammarion, 2012)
ISBN 978-2-290-05726-1
190 p., 6,50€
Un roman léger que j’avais beaucoup apprécié.
2 avril 2013 à 13:19
Et dieu sait à quel point nous avons besoin de légèreté en ce moment !!!
Merci pour ton commentaire.
Cannibalement,
B.K.
3 avril 2013 à 10:10
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