A première vue : la rentrée Actes Sud 2014

Chez Actes Sud, on attendait de grosses pointures habituelles : Laurent Gaudé, Matthias Enard… qui ne seront finalement pas du grand jeu de la rentrée littéraire. La plupart des sept romans en lice ne manquent néanmoins ni de noms connus, ni d’intérêt.

Vuillard - Tristesse de la terreCONQUÊTE DE L’OUEST : Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody, d’Eric Vuillard (lu)
Peu connu (pour l’instant) du grand public, Eric Vuillard est à l’inverse un chouchou des libraires, à qui ses récits documentaires plaisent beaucoup. En s’intéressant à l’une des grandes mais complexes figures de la conquête de l’ouest, William Frederick Cody dit Buffalo Bill, et à son spectacle itinérant, le Wild West Show, ce romancier atypique élabore une réflexion qui entremêle culture du spectacle à l’américaine, détournement de l’Histoire, traitement inhumain des Indiens et le rapport que nous entretenons, nous, avec tout ceci. Une œuvre pleine d’acuité, d’empathie et d’humanité. Foudroyant d’intelligence.

Ferney - Le Règne du vivantÉCOLO : Le Règne du vivant, d’Alice Ferney
On n’attendait pas forcément la romancière dans ce registre, mais tant mieux. A travers l’histoire d’un journaliste embarquant sur un navire partant lutter contre la pêche illégale en zone protégée, Alice Ferney s’intéresse ici à la défense de l’environnement, notamment par des activistes dans l’esprit de ceux de Greenpeace, qui luttent par tous les moyens contre les pilleurs des mers et les destructeurs sans morale de la faune. Prometteur.

ICÔNES ET DÉCHÉANCES : Bye bye Elvis, de Caroline de Mulder
Un roman étonnant, sur le papier au moins, qui confronte la trajectoire du roi du rock, Elvis Presley himself – notamment sa déchéance et sa triste fin -, à celle d’un vieil Américain vivant à Paris, au service duquel entre une femme qui va tout faire pour l’aider. Un lien existe-t-il entre les deux hommes, ne serait-ce que par la fiction ? Réponse à trouver dans ce livre intriguant.

Biancarelli - Orphelins de DieuWESTERN CORSE : Orphelins de Dieu, de Marc Biancarelli
Si Clint Eastwood était corse, il ferait sûrement un film de cette sombre histoire de vengeance, celle d’une jeune femme qui s’adjoint les services de l’Infernu, un tueur à gages terrifiant, pour retrouver ceux qui ont défiguré son frère et lui ont tranché la langue. S’engage alors, dans ces montagnes corses du XIXème siècle, une poursuite sanglante et… impitoyable, bien sûr.

PATRIARCAL : A l’origine notre père obscur, de Kaoutar Harchi
Dans la maison des femmes sont redressés les torts, réels ou supposées, des épouses, soeurs, filles… Une jeune femme qui y est enfermée cherche l’amour de sa mère, qui elle n’attend que la délivrance de son mari. (Résumé Electre)

Py - ExcelsiorIN OU OFF ? : Excelsior, d’Olivier Py
Le nouveau directeur du Festival d’Avignon publie également un roman cette année, l’histoire d’un célèbre architecte qui sait avoir bâti des chefs d’oeuvre mais n’y trouve pas la marque de Dieu, et laisse tout tomber pour se remettre en cause. Quête mystique en perspective.

BRANCHOUILLE : Du sexe, de Boris Le Roy
Voici comment Electre, la base de données des livres chère aux libraires, présente ce livre : « Un roman qui se veut provocateur sur fond de sexe et de théorie du genre. » Je ne sais pas pour vous, mais moi, d’avance, j’ai juste envie de fuir ce truc.

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2 Réponses

  1. Mathilde

    Du sexe de Boris Le Roy
    Je l’ai lu, sans tenir compte des a priori posté sur ce site . Heureusement car, J’aime ce livre. Parce qu’il me parle. Parce qu’il me fait rire aussi. Quand l’impertinence du ton vient percuter la pertinence du propos. Quand le politiquement correcte flirte avec la pornographie sans pour autant y céder. Parce que dans cette société exhibitionniste où le regard de l’autre fait bien souvent l’estime de soi, on supporte mieux la vue de coïts humains que l’exposition des mécanismes dont ils découlent.
    L’obscène, c’est l’autre. Cet autre organique, orgasmique, celui qui se dévoile parfois dans l’intimité des couples. Les blessures dissimulées, les complexes compensés, les rêves inavoués font les névrosés du quotidien. Aimer, dans ces conditions semble insensé. Mais qui est le plus fou, celui qui y croit, ou celui qui veut y croire encore ?
    J’aime ce livre parce qu’il me surprend.
    Quand la singularité d’une pensée bouleverse un raisonnement logique et que l’on découvre que l’on peut s’imaginer en paix à force de n’avoir connu que la guerre… des sexes. »

    30 août 2014 à 21:03

    • Chère Mathilde,

      Merci pour ce très bel avis ! Vous avez raison de parler d’a priori, c’est presque le jeu de nos présentations de rentrée littéraire depuis deux ans : quand on n’a que peu d’informations sur un livre, et pas encore eu accès au texte, on peut s’autoriser à ne pas se montrer intéressé, éventuellement avec toute la mauvaise foi du monde… Je vous rassure, cette mauvaise foi est totalement assumée, et vous avez bien fait de ne pas en tenir compte !

      Vous avez aimé ce livre, vous l’avez rencontré, et c’est tant mieux. Pour vous, pour son auteur. Je vous avoue que je n’ai toujours pas envie de le lire, et comme il faut faire des choix faute de pouvoir tout lire…
      Néanmoins, ceux qui voudront une opinion sur « Du sexe » sur ce site pourront désormais vous lire, et peut-être se laisser tenter !
      Alors, merci encore d’être venue déposer votre avis. Et bonnes autres lectures futures !

      Cannibalement,
      B.K.

      30 août 2014 à 21:18

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