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Mon assassin, de Daniel Pennac

La plupart de mes amis deviennent personnages dans mes romans.
Mais cet assassin que j’ai imaginé sans le connaître, mon épouvantable assassin, d’où vient-il, lui ?


Résumé minimaliste pour un livre qui, en dépit de sa brièveté, ne l’est pas du tout.
Après avoir mis un point final (?) en 2023 à sa saga Malaussène avec le bien nommé Terminus Malaussène, Daniel Pennac revient avec un texte hybride, assez inclassable, à ranger dans son œuvre quelque part entre La Loi du rêveur et Mon frère : mélange parfois déconcertant mais plutôt stimulant entre de la fiction aux limites plus ou moins brouillées, du récit personnel, et de la mise en perspective sur son propre travail d’écrivain. Le tout faisant littérature d’une manière qui n’a plus rien à prouver, et qui puise en cet abandon une liberté assez réjouissante.

Le livre s’ouvre dans un train, années 50 sans doute. Un enfant d’apparence fort sérieuse, un cartable chic sur les genoux et une pancarte autour du cou indiquant qu’il voyage seul, se montre peu sensible aux marques d’attention des voyageurs qui partagent son compartiment, et préfère se plonger dans la lecture de Ferdydurke, de Witold Gombrowicz. (Pas vraiment une lecture de minot, pour ceux qui se poseraient la question.)
Bien. Début de fiction.
Chapitres suivants : passage au « je », ouvertement celui de l’auteur, qui parle de son écriture des deux derniers tomes de la saga Malaussène, en particulier de la naissance impromptue du grand méchant régnant dans le deuxième, le (cette fois) mal nommé Pépère. Lequel Pépère ne se déplace jamais sans un vieux cartable – le même, tiens, que celui de l’enfant Lassalve rencontré dans le train du premier chapitre.
Connexion faite.

Et c’est ainsi que, par la suite, les aventures de plus en plus rocamboesques du redoutable enfant Lassalve, graine de Pépère en perspective, alternent avec des réflexions cent pour cent Pennac sur l’art d’écrire, de composer des personnages en s’inspirant de son entourage, sur l’origine des idées ; mais aussi sur la vieillesse, la maladie, la mort qui fauche peu à peu les amis tout en rôdant autour de soi…
Sans tristesse toutefois, sans jamais être plombant, toujours au contraire avec cette verve qui fait office de signature littéraire à l’auteur de Journal d’un corps.

Texte testamentaire sans être crépusculaire, Mon assassin séduira sans doute les fidèles amateurs de Pennac (dont je suis), mais pourra également déconcerter des lecteurs plus occasionnels, moins au fait surtout des péripéties des Malaussène, ou peu à l’aise avec une forme hybride qui fait à la fois son originalité et sa faiblesse pour ceux qui préfèrent suivre des rails plus rectilignes.
À vous de voir où vous vous situez !

Mon assassin, de Daniel Pennac
Éditions Gallimard, 2024
ISBN 9782073028501
160 p., 18€

3 réponses à « Mon assassin, de Daniel Pennac »

  1. Il serait temps que je découvre la saga Malaussène !

    1. Je ne sais pas ce que ça peut donner de découvrir les premiers tomes de la saga aujourd’hui, ce serait une expérience intéressante, tiens, si tu veux servir de cobaye :)
      Moi, je les vois et les relis avec mes yeux d’ado, ça biaise forcément mon regard… d’ailleurs j’en ferai bientôt une chronique spéciale sur le blog, mais chuuuuuuttt… ;-)

      1. Je suis encore un peu ado au fond de moi, je tâcherai de les lire avec mes yeux de djeun’s ;) Chouette, une chronique !

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