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Pourquoi je n’ai pas dépassé la page 50 : La Vengeance m’appartient, de Marie Ndiaye

Éditions Gallimard, 2021

ISBN 9782072841941

240 p.

19,50 €


Me Susane, quarante-deux ans, avocate récemment installée à Bordeaux, reçoit la visite de Gilles Principaux. Elle croit reconnaître en cet homme celui qu’elle a rencontré quand elle avait dix ans, et lui quatorze — mais elle a tout oublié de ce qui s’est réellement passé ce jour-là dans la chambre du jeune garçon. Seule demeure l’évidence éblouissante d’une passion.
Or Gilles Principaux vient voir Me Susane pour qu’elle prenne la défense de sa femme Marlyne, qui a commis un crime atroce… Qui est, en vérité, Gilles Principaux ?


(En préambule, je rappelle à toutes fins utiles que l’objet de cette rubrique n’est pas (forcément) de dire que le livre en question est si mauvais que je n’ai pas réussi à le terminer. Au contraire, la plupart du temps, il s’agit plutôt d’essayer d’expliquer pourquoi, en dépit de ses qualités – et en raison de ses partis pris -, il ne m’a pas convenu.)

Sans jamais avoir lu une ligne de ses livres, je me suis fait du travail de Marie Ndiaye une image assez respectueuse, voire intimidante. D’abord publiée aux éditions de Minuit (où elle décroche le prix Fémina en 2001 pour Rosie Carpe), puis chez Gallimard, où elle obtient le Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes, elle est, à 53 ans seulement, à la tête d’une œuvre déjà imposante incluant plus d’une dizaine de romans et recueils de nouvelles, autant de pièces de théâtre et quelques textes pour la jeunesse.

Je ne sais pas si La Vengeance m’appartient est à l’image de son travail passé. Mais si c’est le cas, je ne suis pas sûr d’y revenir. (Il est probable que ce ne soit pas le cas. Femme à l’évidence brillante, j’ai le sentiment qu’elle n’est pas du genre à mettre deux fois les pieds dans le même sabot.)

Je ne nie nullement l’intelligence extrême à l’œuvre dans ce livre, évidente dès les premières lignes. Tout, dans le style de Marie Ndiaye, est pensé, pesé ; c’est bien le livre d’une auteure posée, maîtresse d’une écriture qui se déploie en phase avec son propos. En l’occurrence, le portrait d’une femme, simplement désignée sous son nom et l’attribut de sa profession, Me Susane. Avocate quarantenaire, sans envergure, dont les débuts à la tête de son cabinet sont laborieux, et qui s’efforce de composer avec les attentes de tous et toutes autour d’elle, à commencer par ses parents, éperdus d’espoir pour elle mais déçus par son manque de réussite flagrant. Même lorsqu’elle hérite d’un dossier criminel de grande envergure, qui va lui causer plus de soucis que de prestige.

Pour développer ce personnage, Marie Ndiaye avance à reculons et par chausse-trappes. Elle nous donne à lire toutes ses réflexions, en particulier tout ce qu’elle n’ose pas dire aux autres. Ce qui donne de longs passages en italiques, explicitant par le détail une pensée qui ne s’exprime jamais.
Le procédé est intéressant, et permet de concrétiser l’immobilisme de la protagoniste, le blocage essentiellement constitutif de son caractère.

S’y ajoute un recours massif aux adjectifs et aux adverbes, comme autant de signaux incarnant les sentiments mêlés et extrêmes de Me Susane. Un choix qui va à l’encontre d’un des conseils les plus fréquemment adressés aux apprentis littérateurs : proscrivez autant d’adverbes que possible, et méfiez-vous des avalanches d’adjectifs. Il faut du talent pour s’opposer à cette sage remarque, et Marie Ndiaye, évidemment, n’en manque pas. Pour autant, je ne peux pas dire que j’adhère. Face à une telle débauche, j’ai tendance à subir. Ici, ça n’a pas raté.

Si je comprends les partis pris de la romancière, j’avoue m’être très vite ennuyé. Impossible de me passionner pour les tergiversations de cette anti-héroïne, ni de vibrer à l’écriture de Marie Ndiaye, que j’ai trouvé trop chargée, voire invraisemblable dans certains dialogues.
Qui irait dire (au téléphone, en plus) : « Ce garçon, maman, c’est l’enkystement d’une pure joie ! »
(Je ne sais même pas ce que c’est censé signifier, je l’avoue…)
J’imagine que c’est fait exprès. C’est peut-être même censé être drôle, ou ironique, ou que sais-je encore. Ce genre de subtilités me passe au-dessus de la tête, et je n’ai guère de temps à perdre à me mettre sur la pointe des pieds pour tenter de les attraper.

La Vengeance m’appartient est l’exemple même de texte trop cérébral pour moi, où il me semble que le soin apporté à la forme finit par écraser le propos, par le mettre trop à distance. Pas le genre de prose qui me parle ni qui me touche, je la laisse sans remords à ses nombreux amateurs et admirateurs.

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L’Ami, de Tiffany Tavernier

Éditions Sabine Wespieser, 2021

ISBN 9782848053851

264 p.

21 €


Un samedi matin comme un autre, Thierry entend des bruits de moteur inhabituels tandis qu’il s’apprête à partir à la rivière. La scène qu’il découvre en sortant de chez lui est proprement impensable : des individus casqués, arme au poing, des voitures de police, une ambulance. Tout va très vite, et c’est en état de choc qu’il apprend l’arrestation de ses voisins, les seuls à la ronde. Quand il saisit la monstruosité des faits qui leur sont reprochés, il réalise, abasourdi, à quel point il s’est trompé sur Guy, dont il avait fini par se sentir si proche.
Entre déni, culpabilité, colère et chagrin, commence alors une effarante plongée dans les ténèbres pour cet être taciturne, dont la vie se déroulait jusqu’ici de sa maison à l’usine. Son environnement brutalement dévasté, il prend la mesure de sa solitude…


Ça aurait pu être un polar. Le début, d’ailleurs, laisse de la place à l’illusion. Une intervention de police musclée, de la tension, du suspense, de la peur, une arrestation spectaculaire… Tiffany Tavernier, soucieuse d’installer un cadre crédible à son propos, assume sans faiblesse de jouer avec les codes du genre. Les premiers chapitres sont nerveux et plongent directement dans le vif du sujet.
Une manière de bousculer le lecteur autant que le narrateur, si violemment ébranlé dans son quotidien paisible (il vit avec sa femme dans une maison isolée, avec son seul couple d’amis comme voisins), presque retiré, que toute son existence va s’en trouver fracassée, et toutes ses certitudes remises en cause.

Car c’est là le véritable sujet de L’Ami : le délitement progressif et douloureux d’un homme. Le fait divers, sordide et remarquablement utilisé par la romancière, sert de révélateur. Si la vie du protagoniste était un évier, la révélation des crimes commis par ses voisins serait l’ouverture de la bonde, entraînant dans un irrésistible mouvement en spirale toutes les eaux sales qui encrassent l’existence du personnage.

De manière brillante, Tiffany Tavernier met son récit en mouvement, passant d’un immobilisme mortifère à une fuite en avant impossible à contenir. Elle convoque tout ce qui est nécessaire à la compréhension d’un être humain : souvenirs d’enfance, doutes, convictions, aveuglement, sentiments, espoir, renoncement…
Par sa narration à la première personne, elle s’installe dans la tête de son protagoniste et en fait pivoter tous les miroirs, en quête des bons angles pour comprendre le parcours d’un homme beaucoup plus complexe et intéressant qu’il n’en a l’air de prime abord. Ce personnage de Thierry est profondément touchant, y compris (surtout) dans ses erreurs, ses faiblesses et ses tâtonnements vers la lumière.

Contrairement à ce que le résumé pourrait laisser penser, L’Ami n’est pas un roman mortifère. C’est une quête personnelle, animée par la volonté de se remettre en place, de retrouver son axe, de donner une nouvelle chance à sa vie – et à la vie avec les autres.
Avec un sens aigu de la psychologie, et un art remarquable pour épaissir personnages et situations, Tiffany Tavernier réussit un roman captivant. Un livre superbement écrit, parfaitement maîtrisé, à la fois nerveux et introspectif, entre récit à suspense et portrait intérieur de haute volée.


Nos corps étrangers, de Carine Joaquim

Éditions la Manufacture de Livres, 2021

ISBN 9782358877244

240 p.

19,90 €


Quand Élisabeth et Stéphane déménagent loin de l’agitation parisienne avec leur fille Maëva, ils sont convaincus de prendre un nouveau départ. Une grande maison qui leur permettra de repartir sur de bonnes bases : sauver leur couple, réaliser enfin de vieux rêves, retrouver le bonheur et l’insouciance. Mais est-ce si simple de recréer des liens qui n’existent plus, d’oublier les trahisons ? Et si c’était en dehors de cette famille, auprès d’autres, que chacun devait retrouver une raison de vivre ?


Que ça fait du bien, les premiers romans courageux. (Pas tout à fait premier roman, dans ce cas, puisque Carine Joaquim a déjà publié plusieurs livres en auto-édition sous le pseudonyme de Jo Rouxinol. Premier roman dans le circuit d’édition « classique », donc.)

Que ça fait du bien, les livres qui s’emparent d’un sujet connu, voire rebattu – la faillite d’un couple et, au-delà, d’une famille et de tous ceux qui les approchent, comme par contagion de malheur – pour le guider dans des eaux neuves, grâce à un style qui s’affirme d’emblée et une résolution à pousser la tragédie jusque dans ses ultimes retranchements.

Faire du bien.
Ça peut paraître bizarre, d’employer cette expression pour qualifier un roman qui va vous malmener, vous griffer le cœur et vous entraîner aux confins de la violence que les êtres peuvent infliger aux autres, y compris (surtout) à ceux qu’ils ont aimé ou aiment encore profondément, et s’infliger à eux-mêmes, sans retenue.

Ce qui fait du bien, c’est la vitalité d’une littérature éperdue de sincérité et de vérité. Une littérature qui, sans aucun doute, va toucher de très près nombre de lecteurs et de lectrices, par sa manière d’évoquer le déraillement de l’amour, la trahison intime, mais aussi le vertige des corps emportés par le désir et l’envie irrésistible de combler les creux du cœur par l’embrasement des peaux et l’affolement des sens. Et quand je dis toucher, je pense fouiller au plus profond, là où ça fait mal.
Mais où la littérature peut…
Oui, faire du bien. Empathique et salvatrice.

Pour obtenir cette curieuse alchimie, Carine Joaquim s’appuie sur des personnages qui auraient pu se figer comme des clichés.
Au contraire, elle les déplie, les déploie, leur donne une vraisemblance indispensable en collant à leurs pensées et à leur psyché.
Aucun manichéisme.
Stéphane n’est pas qu’un mari cherchant à racheter son infidélité. Élisabeth n’est pas qu’une victime jouant de sa faiblesse supposée pour obtenir ce qu’elle veut. Maëva n’est pas qu’une adolescente colérique et égocentrique.
Ils sont tout ceci, pourtant. Mais pas seulement. Leurs personnalités, leurs aspirations, leurs contradictions, Carine Joaquim les scrute à la loupe pour les pousser à s’accomplir, en bien ou en mal – les deux à la fois, le plus souvent.
Humains, tout simplement.

Nos corps étrangers taille une déchirure, qui lentement cisaille le texte, jusqu’à la terrible explosion finale. Il capture des tempêtes intérieures qui renversent les cœurs et bouleversent les corps. Analyse une famille qui se délite, d’une manière implacable, clinique, mais non dénuée de sentiments et de chair, bien au contraire.

L’entrée en littérature de Carine Joaquim va laisser des traces. Un choc à ne pas manquer, à condition d’avoir les nerfs assez solides pour l’encaisser de plein fouet.


Requiem pour une Apache, de Gilles Marchand

Éditions Aux Forges de Vulcain, 2020

ISBN 9782373050905

414 p.

20 €


RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020


Jolene n’est pas la plus belle, ni forcément la plus commode. Mais lorsqu’elle arrive dans cet hôtel, elle est bien accueillie.
Un hôtel ? Plutôt une pension qui aurait ouvert ses portes aux rebuts de la société : un couple d’anciens taulards qui n’a de cesse de ruminer ses exploits, un ancien catcheur qui n’a plus toute sa tête, un jeune homme simplet, une VRP qui pense que les encyclopédies sauveront le monde et un chanteur qui a glissé sur la voie savonneuse de la ringardisation…


Quand Gilles Marchand écrit, le bizarrotron posé sur son bureau à côté de lui ne doit jamais cesser de crépiter.
Le bizarrotron ? Vous ne savez pas ce que c’est ? Pour le découvrir, lisez donc Requiem pour une Apache, son nouveau roman. Et demandez quelques explications à Antonin, il sera ravi de vous en fournir.

La comédie des ratés

Antonin, vous le rencontrerez parmi d’autres dans l’hôtel de Jésus. L’hôtel, enfin, la pension. La pension, enfin… plutôt une sorte de havre où ont échoué différentes âmes en peine au cours des années.
Une drôle de faune. Pas méchants pour un sou, hein. (Quoique, vaut mieux pas chercher des noises à Marcel, l’ancien catcheur. Il a la cogne facile, même s’il est foncièrement brave par ailleurs.)

Gilles Marchand n’a pas son pareil pour (re)mettre sur pied ce genre de personnages, antihéros du quotidien, ces gens qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus, ou qu’on ne veut pas voir.
Des ratés, des losers, des oubliés, des incompris, des rejetés, des piétinés, des gens en fin de parcours. Cousins de ceux qui étaient déjà accoudés au comptoir du bouleversant Une bouche sans personne, son premier roman.

Le Comptoir des Maux

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nombre d’événements se produisent à nouveau autour d’un autre comptoir, celui derrière lequel se tient Jésus, le patron de la pension qui devient l’épicentre de la rébellion des sans-grade. Non pas parce que ces personnages sont tous des alcooliques notoires (même si, à l’occasion, ils aiment bien boire, surtout en bonne compagnie). Mais parce que le comptoir est un lieu révélateur.

C’est là que surgit pour la première fois Jolene, l’Apache du titre. Là qu’échouent les rêves et les espoirs, acharnés à tenir debout alors même que le monde entier conspire à les fracasser.

Le comptoir accueille le silence ou la parole, scelle les mystères ou lève les voiles. C’est un lieu de patience et d’écoute, de temps long et d’abandon. Et Gilles Marchand sait parfaitement en exploiter le caractère convivial, profondément humain.

Sense of humor

Mais comme ce romancier atypique ne fait rien comme tout le monde, il ajoute régulièrement de quoi faire vibrer son fameux bizarrotron.

Un exemple parmi beaucoup d’autres : parmi les personnages de Requiem pour une Apache, on croise un homme réduit à l’état liquide après avoir cru voir entrer dans l’hôtel la femme (fantasmée) de sa vie, et qui vit depuis dans une bassine – posée sur le comptoir, on y revient.

Des dérapages hors contrôle du réel, il y en a pas mal dans le livre. Gilles Marchand fait penser les réverbères, ressuscite un ancien résistant de la Seconde Guerre mondiale réduit à l’état de momie après avoir été oublié pendant plus de trente ans dans un grenier, organise le vol du fameux passage piéton représenté sur la pochette du disque Abbey Road des Beatles…

Ces idées apparemment loufoques surgissent toujours avec le plus grand sérieux, plantées sans arrière-pensée par la plume de l’auteur, qui trempe abondamment dans un grand flacon de sense of humor, cette drôlerie à l’anglaise que Gilles Marchand parvient à s’approprier à sa manière – ce qui n’est pas un mince exploit.
Elles participent d’une vision singulière du monde, ce regard hors normes qui projette sur l’humanité un mélange de poésie absurde, d’un joyeux désespoir existentiel mais aussi d’humour.

« Je me presse de rire de tout… »

Car il en faut, de cette légèreté, de cette ouverture sur tous les possibles, pour contrebalancer le portrait du réel qu’esquisse Gilles Marchand dans son roman.

Requiem pour une Apache n’est pas une farce, une comédie frivole qui se contenterait d’aligner les blagounettes superficielles.
C’est un livre assez dur, souvent poignant, hanté par l’échec et la désillusion, qui dit sans ambage le monde dans lequel nous vivons, ce monde affolant contre lequel il est urgent de déployer énormément de rire, de générosité et de second degré pour ne pas se laisser broyer ni céder à sa violence.

Mais c’est aussi un livre idéaliste,un livre de résistance, qui oppose à la faillite du politique la foi des rêveurs et la vertu des créateurs.
Et un livre d’amitié, de solidarité, qui redonne ses lettres de noblesse à la notion de communauté.
Et un livre sur la musique, qui n’est jamais loin dans les romans de Gilles Marchand. Pas un hasard, d’ailleurs, que le narrateur soit un ancien chanteur dont la voix, springsteenienne à la française, chante rauque et fatiguée l’errance des gens de peu et leur légitime soif de rébellion.

We’re riding out tonight to case the promised land

J’attendais beaucoup de Requiem pour une Apache, après avoir adoré Une bouche sans personne et le recueil de nouvelles Des mirages plein les poches.
Vous l’aurez compris, je n’ai pas été déçu du tout, et suis ravi de voir s’affirmer l’univers d’un romancier si précieux par son originalité et son humanité.

Heureux soient les déglingués, car ils ne règneront jamais sur le monde, mais le sauveront en lui offrant une beauté à nulle autre pareille.


Chroniques à venir et lecture en cours

Hello tout le monde !

Maintenant que le feuilleton des élections américaines est (à peu près) terminé – j’avoue que ça a pas mal occupé mes journées la semaine dernière -, on va tâcher de reprendre le fil des chroniques sur le blog.

La semaine prochaine, on causera donc d’un des romans que j’attendais le plus en cette rentrée littéraire décidément pas comme les autres (Requiem pour une Apache, de Gilles Marchand, éditions Aux Forges de Vulcain), mais aussi zombies, vampires, Cthulhu et autres monstres ancestraux s’ébattant joyeusement dans l’imagination fertile de Chrysostome Gourio (La Brigade des Chasseurs d’Ombres – Wendigo, éditions Sarbacane).


Sinon, côté lecture en cours, je continue à suivre le catalogue des Forges de Vulcain, avec l’une des parutions du mois d’octobre :

Un livre choisi d’abord pour sa superbe couverture (signée Théophile Navet) et pour l’éditeur, mais aussi – tout de même – pour son résumé plutôt intrigant qui mêle polar et fantastique :

Paris. Une pilule mystérieuse fait vaciller la capitale. Elle permet, à celui qui la consomme, de revoir les êtres chers qu’il a perdus.

Jocelyn est un jeune flic. Après une intervention désastreuse, il intègre l’équipe qui a pour mission de démanteler le trafic de cette nouvelle drogue. S’engage alors une course poursuite où dealers déchus, policiers, mafieux, assassins et innocents, cherchent la source du produit miracle, qui permet d’ouvrir la porte du royaume des morts.

Mais est-il possible de sauver une société qui ne veut pas l’être ?

On en reparle dans quelques jours !


Les dédicaces, de Cyril Massarotto

Éditions Flammarion, 2020

ISBN 9782081519619

272 p.

20 €


RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020


De Claire, on ne sait pas grand-chose, sinon qu’elle vit à Paris et collectionne les livres dédicacés. Son plus grand plaisir est d’écumer les librairies à la recherche de ces trésors qui font de chaque livre un objet unique et précieux, « parce que la dédicace ajoute une histoire à l’histoire ».
Chez un bouquiniste, elle tombe sur un livre dont la dédicace lui laisse une désagréable impression de vulgarité. L’auteur, Frédéric Hermelage, laisse son numéro de téléphone à une certaine Salomé, assorti d’un compliment outrancier. Seulement, à la lecture, le roman est à l’opposé de la dédicace. Subtil, élégant. Comment expliquer un tel contraste ?
De librairies en Salons du livre, Claire va alors se lancer sur les traces de cet écrivain discret, jusqu’à franchir les règles de la fiction.


Je ne vous le cache pas, ce livre me pose problème.
Je l’ai lu rapidement, facilement, de ce côté pas de difficulté. Bon.
Ma première réaction, après l’avoir terminé, a été de dire :
« C’est raté. »
« Ça ne fonctionne pas. »
Pas si simple, pourtant.

Haro sur le petit monde des livres

Il faut dire que ce roman n’est pas très aimable. À l’image de son héroïne narratrice, qui a tendance à prendre tout le monde de haut, et professe sur la littérature des opinions que l’on pourrait qualifier de sélectives, pour être sympa – mais qui sont surtout élitistes, hautaines et méprisantes. Et la situation ne s’arrange pas lorsque le personnage de l’écrivain entre en scène, bien pire dans le registre.

Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par la cohorte des auteurs de best-sellers, emmenés par l’inévitable duo Musso-Lévy (mais sont aussi concernées Aurélie Valognes ou Amélie Nothomb, pour n’en citer que deux), dont les productions envahissantes sont bonnes pour la poubelle et indignes d’être qualifiées de littérature.
C’est un point de vue (sans nuance), mais pourquoi pas. Ce débat est surtout vieux comme le Top 50 – beaucoup plus, en réalité, vieux comme la littérature romanesque sans doute. Tous les lecteurs ont un avis là-dessus, entre les défenseurs de la littérature populaire, les tenants de la grandeur littéraire de la France (hum), et ceux qui essaient de naviguer entre ces deux récifs sans se fracasser dessus.
Du reste, en creux, les hérauts de cette fameuse caste supérieure des lettres tricolores ne sont pas épargnés par la griffe du romancier, représentés dans toute leur suffisance parisiano-centrée et leur certitude de valoir plus que les autres.

Mais ce n’est pas fini. Dans Les Dédicaces, prennent cher également les blogueurs, forumeurs, influenceurs, apprentis critiques ne méritant pas ce qualificatif – et là encore, il y a du vrai dans ce qu’écrit Cyril Massarotto.
Et, au passage aussi, une petite tape sur les doigts de certains libraires, ceux qui ne conçoivent leur travail que sous l’angle froidement économique et n’ont aucun discours de véritables amoureux des livres (il y en a, des comme ça, sans aucun doute).

Bref, Massarotto ratisse large. Et ce pourrait être réjouissant, car le sujet, il a effectivement de quoi dire et moquer.
Alors, pourquoi penser de prime abord que c’était raté ? Et pourquoi, avec quelques jours de recul, revenir un peu sur cette impression, sans pour autant la rectifier entièrement ?

Premier ou second degré ?

Voici mon problème. Tout au long de ma lecture, attaquée sans a priori ni rien connaître de l’auteur, je me suis posé la question.
Et, jusqu’au bout, je suis resté suspendu à ce doute. Penchant pour la seconde hypothèse, mais sans jamais aucune certitude. Parce que le style de Cyril Massarotto n’est pas, selon moi, à la hauteur du défi proposé. Il manque d’ironie, de sous-entendu, voire d’auto-dérision.

Soyons honnêtes, d’un point de vue littéraire, Massarotto penche plus du côté Musso-Lévy que de Modiano. (Quelle surprise, hein ?) Ce qui n’est pas un souci, car son écriture, à défaut d’être brillante ou transcendante, est loin d’être indigne. Classique, dans le genre facile et sans relief.
Son parcours avant ce roman, du reste, contribue à le glisser dans la catégorie des auteurs « grand public ». Ses huit romans précédents ont été publiés chez XO, maison plutôt spécialisée dans la grosse cavalerie. Et son premier, Dieu est un pote à moi, a connu un beau succès avant d’être traduit en quinze langues.

Sachant ceci, j’en déduis que Les dédicaces, sous couvert de moquer la littérature grand public, prendrait son parti. Ce roman se voudrait un gigantesque pied-de-nez à la bien-pensance littéraire, dont il détruirait l’inanité en adoptant son point de vue pour en exposer de l’intérieur sa stupidité.
J’en reste au stade des suppositions car, après lecture, rien ne me permet de l’affirmer.

Manquant de cette ironie à mon sens indispensable, les attaques répétées contre les auteurs grands vendeurs pourraient par exemple être comprises au premier degré par des lecteurs pas assez vigilants.
Certains s’en réjouiraient – « ah ah, il a bien raison, leurs bouquins c’est de la merde ! » -, d’autres s’en offusqueraient – « encore un de ces types qui pètent plus haut que leur cul en pensant que la littérature est affaire de grandes phrases plus que de grande histoire, quel connard ! »
Après tout, c’est peut-être l’effet recherché. Fâcher un peu tout le monde et, paradoxalement, contenter potentiellement des lecteurs très différents les uns des autres. Stratégie risquée.

Un contenu qui manque de tenue

Au bout du compte, cette valse-hésitation permanente occulte d’autres aspects du roman. Son histoire d’amour, pas tenable pour un sou. Le comportement de la narratrice, qui joue avec l’histoire de la dédicace à Salomé pour tester la réalité des sentiments de son amant – sauf que cette intrigue manque de consistance, disparaît parfois durant des pages pour réapparaître sans prévenir, ruinant la crédibilité du comportement de Claire. Quelle femme resterait accrochée à un homme dont elle démontre l’infidélité à tour de bras ?

Là encore, Cyril Massarotto ne maîtrise pas assez son idée. Il aurait fallu creuser la psychologie du personnage, l’investir totalement dans son jeu pervers, approfondir la nature de ses relations avec son amant. La pirouette avec laquelle il tente de s’en sortir vers la fin peine à sauver les meubles, d’autant qu’elle est relativement prévisible.
Heureusement, les toutes dernières pages, délicieusement cruelles, offrent une porte de sortie inattendue, qui rattrape un peu l’ensemble.

Vous le voyez, Les dédicaces est un roman qui pose beaucoup plus de questions qu’il ne le devrait. Curieux paradoxe, pour un livre que j’aurai sans doute oublié d’ici un mois, mais qui m’aura tellement fait travailler du chapeau qu’il m’aura fallu deux tentatives pour aboutir à cette chronique fort longue (désolé, encore une fois), pas forcément justifiée pour un ouvrage relativement dispensable de la rentrée.


Des rêves à tenir, de Nicolas Deleau

Éditions Grasset, 2020

ISBN 9782246825913

198 p.

18 €


RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020


Un dimanche d’hiver, dans un petit port de pêche, Job réapparaît après trente ans d’errance. Au bar local, sa présence silencieuse et son éternel verre de whisky chaud intriguent une bande de joyeux rêveurs. Autoproclamés les Partisans de la langouste, ils cherchent comment sauver ces dernières – et, par elles, l’humanité devenue folle.
À l’affût des échos du monde, l’un de ces utopistes bricole de vieilles radios sur lesquelles il capte des fréquences lointaines. Prêtant l’oreille aux échanges nocturnes de marins solitaires, il apprend l’existence d’une nouvelle Arche de Noé, une ZAD maritime géante. Le moment est peut-être venu d’incarner ses rêves…


Il y a des livres, comme ça, dont la quatrième de couverture vous laisse imaginer quelque chose, vous donne une envie particulière.
Et là, petit miracle : en débutant la lecture, voici que vous assouvissez pleinement votre désir de lecteur. Le livre que vous imaginiez, vous le tenez, là, entre vos mains. Pas comme si vous l’aviez écrit, il ne faut pas exagérer, mais parfaitement adapté à votre état d’esprit du moment. Et, loin d’être déçu, vous vous en trouvez pleinement satisfait.
Le deuxième roman de Nicolas Deleau est, pour moi, de ceux-là.

Le résumé de Des rêves à tenir m’avait fait espérer des personnages hauts en couleur, un peu loufoques, légèrement décalés, et diablement attachants. Ils sont là.
Tous, premiers comme seconds rôles, manieurs de verbe, porteurs de verve, doux rêveurs un peu dingues sur les bords, avides de vivre autrement, en marge mais totalement investis d’une belle vision du monde. Pas isolés ; à part, oui, mais soucieux de rendre le quotidien meilleur, à leur échelle comme à celle de la planète. Pour les autres plutôt que pour eux-mêmes.
Ils sont drôles, touchants, iconoclastes. Joyeux buveurs de comptoir, la tête dans les nuages mais les pieds bien plantés dans la terre. S’acoquiner avec eux, c’est la certitude de passer un très bon moment.

Le résumé de Des rêves à tenir m’avait fait espérer une belle utopie littéraire, porte ouverte sur la possibilité d’un monde meilleur, où l’amitié et la solidarité règneraient en maîtres. L’utopie est là.
C’est un trop doux rêve, sans doute. Naïf et sincère, comme dirait Souchon, un peu bête peut-être. Oui, et alors ?
Soyons réalistes, le quotidien nous autorise rarement à nous épanouir. L’état du monde encore moins. Pandémie, guerres, attentats, Trump, désastres en tous genres, réchauffement climatique, Bolsonaro, pangolins, afflux de migrants chassés de chez eux par tout ce que je viens d’énoncer… Ça te fait rêver, toi ?

De ce constat, trois solutions. Un : tu subis, t’encaisses et tu déprimes. Deux : tu fermes les yeux, t’éteins la radio et la télé, tu coupes le flux. Pourquoi pas.
Trois : tu rêves. Tu fabules. Tu utopises. Tu affirmes la possibilité d’une bonté humaine. Vous savez, cette risible qualité des faibles ? En cherchant bien, on en trouve encore, de ces vrais gentils. Ce sont les vrais ultimes résistants du XXIème siècle.

Voilà ce en quoi Nicolas Deleau affirme croire dans son roman, qu’il confectionne avec l’apparente simplicité de la fable contemporaine. Cet élan, cette ouverture, cette foi en la possibilité de changer les choses. Et, bordel, ça fait un bien fou.
Le temps de quelques pages, invitations à l’aventure, à la briganderie désintéressée, à la révolte citoyenne par-delà les mers, au mépris des États et de la sclérose politique qui, chaque jour, ronge nos chances de nous en sortir ; le temps de cette escapade que seule la littérature autorise, on respire. On vit plus beau, plus large, plus généreux.

Un livre ne peut pas changer le monde. J’aimerais bien pouvoir croire et affirmer le contraire, mais je ne suis pas naïf à ce point. Si c’était le cas, néanmoins, il faudrait offrir Des rêves à tenir à tous ceux qui ont les moyens et la capacité d’améliorer les choses. Dans une comédie américaine pleine de bons sentiments, ça marcherait. On en ricanerait peut-être, imbéciles que nous sommes. Histoire de ne pas avouer qu’on voudrait que la réalité ait la saveur de ces miracles impossibles.

A la manière d’un Gilles Marchand, Nicolas Deleau croit fermement au pouvoir de la fiction comme éloge des belles âmes. Des rêves à tenir est un roman qui fait du bien – l’une de ces pépites si ardemment recherchées par les libraires, sous la pression des lecteurs avides d’échapper à la morosité ambiante.
Oui, c’est un roman qui fait du bien, sans céder à la facilité ni sacrifier le style. Ils sont si rares, alors qu’on en a tant besoin. Si telle est votre envie de littérature, ne le manquez pas.

Badge Lecteur professionnelLivre lu en partenariat avec le site NetGalley


Un jour ce sera vide, d’Hugo Lindenberg

Éditions Christian Bourgois, 2020

ISBN 9782267032673

250 p.

16,50 €


RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020 – PREMIER ROMAN


C’est un été en Normandie. Le narrateur est encore dans cet état de l’enfance où tout se vit intensément, où l’on ne sait pas très bien qui l’on est ni où commence son corps, où une invasion de fourmis équivaut à la déclaration d’une guerre qu’il faudra mener de toutes ses forces.
Un jour, il rencontre un autre garçon sur la plage, Baptiste. Se noue entre eux une amitié d’autant plus forte qu’elle se fonde sur un déséquilibre : la famille de Baptiste est l’image d’un bonheur que le narrateur cherche partout, mais qui se refuse à lui.


« Tu vois petit, parfois quand on est trop seul on finit par ne plus savoir comment parler aux autres. Mais dis-toi bien que les autres, ils ont aussi peur de toi que toi d’eux. Et plus ils parlent, plus ça veut dire qu’ils ont les chocottes. »


Pour développer ce genre d’histoire, il y a plusieurs moyens.
Soit on raconte ses propres souvenirs d’enfance et, à moins d’avoir vécu quelque chose d’absolument exceptionnel qui justifie un témoignage littéraire, on aurait mieux fait de les garder pour soi.
Soit on se cantonne à du narratif classique et, à moins d’un talent exceptionnel, on a toutes les chances de glisser très vite dans les limbes de l’indifférence et de l’oubli.
Soit on cherche autre chose, une troisième voie, une manière neuve de poser des mots sur des sensations très familières, des évocations qui appartiennent presque à tout le monde. Et là, l’étincelle de la curiosité peut crépiter.

Vous me voyez venir, c’est bel et bien dans cette troisième voie que Hugo Lindenberg s’est engagé. Sans toucher à la perfection, ce qui eût été d’autant plus fabuleux qu’il s’agit de son premier roman. Mais avec un point de vue réellement singulier, et une capacité à lancer des fulgurances qui donne tout son intérêt à son texte en dépit de ses défauts.

Minimalisme bavard

Si le récit suit un cours linéaire au fil de l’été, il est dégagé de tout repère chronologique précis. Et, s’il y a continuité entre les événements relatés par le narrateur, elle reste à peu près invisible.
Hugo Lindenberg choisit en réalité de focaliser chaque chapitre sur un point précis. Un moment, un petit événement, une observation. Les titres sont évocateurs : contemplation du milieu animal (« les méduses », « la mouche », « les fourmis ») ou familial (« la tante », « le fils »), resserrement géographique (« la chambre », « la plage », « Omaha Beach »)…
À chaque fois, le romancier braque la loupe grossissante sur un micro-sujet ; et, de là, il laisse couler à foison le flot apparemment intarissable des sensations sentiments, ressentis, qui agitent son protagoniste. Un tumulte intérieur phénoménal, à l’étroit dans la tête en vrac et dans le corps trop menu d’un petit garçon au bord de l’implosion.

Là est le véritable sujet d’Un jour ce sera vide : le mal-être immense d’un enfant malmené par la vie, trop sensible pour la violence du quotidien, en questionnement permanent sur sa place dans le monde, parmi les autres.
Incapable de débrancher le cerveau et de se laisser aller, incapable d’ignorer qu’il est si différent des autres. Canalisant en permanence une violence et une colère qui, à défaut de s’exprimer dans la réalité, vont exploser dans le texte.

Ce questionnement métaphysique occasionne nombre de moments parfaitement saisis, les fameuses fulgurances que j’évoquais plus haut.

« Rien ne m’est plus étranger qu’un garçon de mon âge. À cause sans doute de cette ressemblance supposée. Baptiste par exemple a toujours l’air de faire partie du décor. À tel point qu’à force de plage, sa peau semble faite du même grain que le sable. Les vacances lui vont bien. Il en épouse si aisément l’onde, qu’il me faut toujours un temps pour distinguer sa silhouette lorsque je le cherche dans la cohue. Il est le mouvement. Son corps met le monde en mouvement, alors que tout semble buter sur le mien. Il y a quelque chose en moi de pétrifié. (…) Ce qui fait de Baptiste un vrai garçon, un garçon exceptionnel, c’est qu’il n’a besoin de rien pour en être un. A moi, cela demande une concentration permanente. » (chp.12, « les garçons »)

Notez au passage que le style de Hugo Lindenberg est très tenu, évitant avec soin le piège de la fausse naïveté censée faire de la voix d’un enfant un « style » littéraire, tout en parvenant à conserver sans cesse le point de vue d’un garçon de dix ans. Les enfants ne sont pas bêtes ni ne parlent bêtement, surtout à dix ans, merci pour eux.

Du trop-plein pour conjurer le vide

Pour autant, le procédé narratif choisi par le romancier a son revers. Il est quelquefois répétitif – on commence toujours par aborder le nouveau sujet choisi, en rupture avec les chapitres précédents, avant d’élargir le propos.
Et surtout, il provoque autant de longueurs qu’il peut susciter de moments remarquables. Pour le dire autrement, on peut s’ennuyer autant qu’on peut, parfois, être renversé par l’acuité du regard de l’auteur.
Certains chapitres relèvent plus de la logorrhée que de l’exploration psychologique, et je me suis plusieurs fois surpris à dériver dans un mol ennui, avant d’accélérer ma lecture pour y trouver quelque chose de plus accrocheur.

Plus embêtant, soit je n’ai pas compris la fin du roman, soit elle est ratée – à tout le moins expédiée. Durant quelques chapitres, semble se dessiner une issue possible, que Lindenberg choisit de contourner, histoire de ne pas se montrer trop prévisible. Je pense qu’il a bien fait, mais cela me laisse aussi le sentiment gênant qu’il ne savait pas réellement comment conclure l’affaire. D’où d’ultimes pages un peu flottantes, et un dernier chapitre qui m’a laissé le bec dans l’eau.

Je ne regrette néanmoins pas ma lecture, car plusieurs passages ou chapitres particulièrement bien tournés ont éveillé de profonds échos en moi.
Et Hugo Lindenberg fait montre d’une manière tout à fait personnelle de saisir les personnages, dans leur mal-être consubstantiel comme dans leur apparente perfection – le personnage de Baptiste rayonne littéralement du début à la fin du roman, incarnation de l’enfance idéale, magnifiée par le regard éperdu du narrateur.

Un auteur dont je range le nom dans le tiroir des écrivains à suivre.


À première vue : bonus !


Intérêt global :

joyeux


Il y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?
Allez, comme promis, j’ajoute une chronique à cette copieuse édition 2020 de la rubrique « à première vue », afin de mettre en lumière quelques éditeurs faisant le pari, par choix ou par contrainte économique, de ne lancer qu’un seul titre dans la rentrée littéraire.
Une parcimonie qui ne doit pas être entendue comme synonyme de pauvreté, mais au contraire comme une vraie prise de risque, et aussi la volonté de défendre coûte que coûte un texte et son auteur.
Par contraste avec le surplus parfois nonchalant de certains éditeurs, cet engagement fait du bien, et mérite d’être mis en valeur.


Laurine Roux - Le SanctuaireÉDITIONS DU SONNEUR
Le Sanctuaire, de Laurine Roux

Tiens, ben voilà, démonstration par l’exemple : voici l’une de mes plus grosses attentes de la rentrée. Car le premier roman de Laurine Roux, Une immense sensation de calme (2018), était un diamant brut, taillé dans la plus minérale des roches littéraires.
Le résumé de ce deuxième livre semble un écho troublant, et en même temps excitant, de ce premier essai. Le Sanctuaire, c’est une zone montagneuse et isolée, dans laquelle une famille s’est réfugiée pour échapper à un virus transmis par les oiseaux et qui aurait balayé la quasi-totalité des humains. Le père y fait régner sa loi, chaque jour plus brutal et imprévisible.
Munie de son arc qui fait d’elle une chasseuse hors pair, Gemma, la plus jeune des deux filles, va peu à peu transgresser les limites du lieu. Mais ce sera pour tomber entre d’autres griffes : celles d’un vieil homme sauvage et menaçant, qui vit entouré de rapaces. Parmi eux, un aigle qui va fasciner l’enfant…

choplinLA FOSSE AUX OURS
Nord-Est, d’Antoine Choplin

Très connue dans la région lyonnaise où elle est implantée, la Fosse aux Ours compte à son catalogue quelques auteurs remarquables (Marco Lodoli, Thomas Vinau, Philippe Fusaro, Jacky Schwartzmann ou Mario Rigoni Stern), qui lui valent régulièrement d’être lue partout ailleurs en France – et tant mieux ! Parmi ces écrivains précieux figure Antoine Choplin, plume dont le minimalisme poétique nous a donné les superbes Radeau, La Nuit tombée ou Une forêt d’arbres creux, entre autres exemples.
Nord-Est, son nouveau livre, nous amène dans un camp, dont des hommes et des femmes ont enfin le droit de partir. Si la plupart restent sur place, d’autres décident de partir à pied. Ils veulent rejoindre les plaines du Nord-Est pour y reconstruire une nouvelle vie. Il leur faudra franchir des plateaux, des villages dévastés et de hautes montagnes…

François Vallejo - Efface toute traceVIVIANE HAMY
Efface toute trace, de François Vallejo

Éditrice historique de Fred Vargas, qui compte aussi à son prestigieux catalogue Dominique Sylvain, Cécile Coulon, Gonçalo M. Tavares, Léon Werth, Magda Szabo et tant d’autres, Viviane Hamy est l’une des grandes figures de l’édition française. Elle a su garder sa maison debout contre vents et marées, et si cette grande dame est aussi connue pour son caractère imposant (pour ne pas dire difficile), elle pratique avec certains de ses écrivains une fidélité et une foi à toute épreuve.
François Vallejo est dans ce cas, qui figure sur la ligne de départ de la rentrée littéraire avec constance depuis des années. Il est encore au rendez-vous cette année, avec une intrigue à suspense dans le monde de l’art.
Une série de meurtres frappe de riches collectionneurs. Pris de panique, les membres de leur groupe mandatent le narrateur, un expert, pour enquêter sur ces étranges incidents. Tout converge vers les créations d’un certain Jv. Ce dernier a dissimulé une véritable toile de maître dans une série de copies parfaites de chefs-d’œuvre destinées à être détruites. Au collectionneur de la reconnaître.

Olivier Mak-Bouchard - Le dit du MistralLE TRIPODE
Le Dit du Mistral, d’Olivier Mak-Bouchard

Placer le Tripode à la suite de Viviane Hamy n’est pas tout à fait innocent de ma part, puisque son fondateur, Frédéric Martin, a fait une partie de ses classes auprès de la précédente. Une rupture professionnelle compliquée et une première tentative d’indépendance difficile (Attila) plus tard, il a imposé son Tripode parmi les maisons dotées d’une patte singulière, attachés aux écrivains virtuoses, aux univers singuliers et aux voix puissantes, parmi lesquelles Goliarda Sapienza (d’abord éditée chez Viviane Hamy, avant que l’œuvre de la fantasque romancière italienne soit regroupée sous la marque Tripode), Juan José Saer, Valérie Manteau, Pierre Cendors, Edgar Hillsenrath, Jacques Abeille, ou encore Charlotte Salomon – la publication monumentale de l’œuvre de l’artiste restant sans doute le point d’orgue du travail remarquable de l’éditeur.
Entrer dans ce catalogue est donc tout sauf innocent. C’est le pari que tente Olivier Mak-Bouchard avec son premier roman, Le Dit du Mistral. Tout commence le lendemain d’une nuit d’orage, dont la violence a emporté un vieux mur de pierres sèches au milieu d’un champ, et révélé dans les décombres et la boue de mystérieux éclats de poterie. Deux hommes, voisins vivant chacun d’un côté du champ, décident de fouiller plus avant, se lançant dans une aventure qui va dépasser de très loin tout ce qu’ils pouvaient imaginer.


BILAN


Lecture certaine :
Le Sanctuaire, de Laurine Roux

Lectures très probables :
Nord-Est, d’Antoine Choplin
Le Dit du Mistral, d’Olivier Mak-Bouchard


À première vue : la rentrée Rouergue 2020

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Intérêt global :

sourire léger


Aux éditions du Rouergue, maison riche de multiples facettes, il existe une collection de littérature appelée La Brune. Ont le droit de s’y épanouir la fantaisie, l’imagination, l’humour, la tendresse, l’invention… Sous les belles couvertures de la Brune, la littérature est toujours en mouvement, et ça fait du bien.
Démonstration en deux livres lancés en cette rentrée 2020.


Marie-Sabine Roger - Loin-ConfinsLoin-Confins, de Marie-Sabine Roger

Capable de dénicher l’humour et la joie de vivre dans les recoins les plus improbables, Marie-Sabine Roger s’élance cette fois vers les contrées lointaines et imaginaires où l’enfance s’épanouit. Elle se choisit pour héroïne une petite fille de neuf ans prénommée Tanah, fille du Roi de Loin-Confins, archipel perdu dans l’océan Frénétique. Mais un jour le roi est déchu, exilé, et la vie de Tanah bascule. Devenue adulte, elle se remémore ces temps anciens.
Les premières pages offertes au lecteur sur le site de l’éditeur développent la langue en apparence si simple, si aérienne de Marie-Sabine Roger, où les mots chantent d’une manière unique et réinventent le monde. Grosse envie de me glisser dans ce monde singulier…

Christophe Perruchas - Sept gingembresSept gingembres, de Christophe Perruchas

Par petites touches, Christophe Perruchas décrypte un certain homme d’aujourd’hui en le décomposant. À la fois père attentionné, mari aimant, patron toxique, prédateur sexuel… Tout ceci en un seul corps, un seul esprit, une seule âme. Une figure masculine que le présent ébranle et que l’avenir menace – voilà, en effet, une statue à déboulonner, celle du mâle blanc dominant. Et il y a encore du boulot. Un premier roman dans l’air du temps.


BILAN


Lecture très probable :
Loin-Confins, de Marie-Sabine Roger


À première vue : la rentrée Plon 2020

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Intérêt global :

inexpressif


Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas un spécialiste du catalogue des éditions Plon, ni de leur manière d’aborder la rentrée littéraire, ni de leur ligne éditoriale en littérature (pour peu qu’il y en ait une). Cette maison fait partie de celles qui n’ont jamais réussi à m’intéresser, de quelque manière que ce soit. Donc, me voilà bien embêté pour vous raconter quelque chose d’un tant soit peu captivant à son sujet.
Restons-en donc aux faits : la rentrée Plon se compose de cinq titres francophones, quatre romans et un recueil de chroniques. Et puis voilà.


Camille Pascal - La chambre des dupesLa Chambre des dupes, de Camille Pascal

Le haut fonctionnaire Camille Pascal a été l’invité surprise de la rentrée littéraire 2018. Avec L’Été des quatre rois, son premier roman récompensé du Grand Prix de l’Académie française et très large succès public, il a récolté un plébiscite auquel personne ne s’attendait vraiment, surtout pour un roman historique racontant la succession express de quatre souverains durant l’été 1830.
Pour son deuxième, il retourne au même genre, mais cette fois à la cour de Louis XV, dont il narre la passion pour Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle. Passion si brûlante qu’il en fait sa favorite principale et la titre duchesse de Châteauroux (à l’époque, ça devait être classe). Mais le roi, en pleine campagne militaire, tombe gravement malade à Metz, et la position privilégiée de la duchesse se trouve menacée par la raison d’État…
Je ne suis pas un grand adepte de roman historique. Mais il faut reconnaître que le sujet est très bien choisi. Le style élégamment classique de Camille Pascal devrait parfaitement convenir pour raconter cette page d’histoire, et convaincre les adeptes du genre.

Faïza Guène - La discrétionLa Discrétion, de Faïza Guène

Avec Kiffe kiffe demain, son premier roman paru en 2005 alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans, Faïza Guène a connu un succès immédiat autant que fulgurant (traduit en 26 langues quand même). Après trois romans chez Hachette et deux chez Fayard, elle arrive chez Plon avec un roman consacré à une femme de 70 ans qui vit en toute discrétion à Aubervilliers. Née en Algérie lorsque le pays était encore une colonie française, adolescente au moment de l’indépendance, elle a tenté de transmettre son goût de la liberté à ses enfants tout en réfrénant ses colères, ses souffrances et la peine née de l’exil. C’est à eux, désormais, de mettre en lumière son histoire, et de révéler la vérité de cette femme discrète.

Sophie Blandinières - La chasse aux âmesLa Chasse aux âmes, de Sophie Blandinières

Durant la Seconde Guerre mondiale, trois femmes, une Polonaise, Janina, et deux juives, Bela et Chana, organisent un réseau clandestin pour faire sortir des enfants juifs du ghetto. Ils changent alors d’identité, trouvent un nouveau foyer et deviennent des polonais catholiques afin de survivre dans la zone dite aryenne.

Thibault de Montaigu - La grâceLa Grâce, de Thibault de Montaigu

Suite à une dépression, le narrateur, athée, relate comment il a été touché par la grâce, une nuit, dans la chapelle d’un monastère. Afin de comprendre cette révélation soudaine, il renoue avec Christian, son oncle et frère franciscain, qu’il connaît peu et qui décède après leurs retrouvailles. Il découvre que cet homme a connu le même parcours spirituel que lui à l’âge de 37 ans.

Alain Mabanckou - Rumeurs d'AmériqueRumeurs d’Amérique, d’Alain Mabanckou

Un recueil de chroniques par l’auteur franco-congolais, qui vit aux USA depuis une quinzaine d’années. Il évoque l’opulence de Santa Monica, les conditions de vie des minorités de Los Angeles, le désespoir des agglomérations environnantes, le rêve américain, la guerre des gangs, la musique, les habitudes politiques, entre autres.


BILAN


Aucune lecture en vue dans ce programme en ce qui me concerne. À vous de voir !


À première vue : la rentrée Rivages 2020

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Intérêt global :

sourire léger


Rarement prolifique, la rentrée des éditions Rivages fait cette année dans le minimalisme. Deux titres, un français et un étranger. Et plutôt deux solides références de la maison. C’est propre, c’est net, c’est équilibré : rien à dire !


Miguel Bonnefoy - HéritageHéritage, de Miguel Bonnefoy

Sucre noir, son précédent roman, était brillant, surprenant et magnifiquement sensoriel. Son nouvel opus s’annonce dans une veine similaire. Héritage est une saga familiale qui met en scène plusieurs générations de la famille Lonsonier au cours du XXe siècle. Des coteaux du Jura jusqu’aux prisons chiliennes en passant par les tranchées de la Somme, Lazare le Poilu, Thérèse l’amoureuse des êtres ailés, Margot l’aviatrice et son fils révolté Ilario Da volent vers leur destinée, liés par la légende mystérieuse d’un oncle disparu.

Barbara Kingsolver - Des vies à découvertDes vies à découvert, de Barbara Kingsolver
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Martine Aubert)

Au XXIe siècle, Willa Knox, une journaliste indépendante, aide son fils à traverser une crise existentielle. Au XIXe siècle, Mary Treat est une scientifique émérite oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin. Des années les séparent mais toutes deux sont liées par un intense besoin de liberté ainsi que par une maison.
Mine de rien, cela faisait sept ans, depuis Dans la lumière, que nous n’avions aucune nouvelle de Barbara Kingsolver, belle voix de la littérature américaine contemporaine, auteure saluée notamment de L’Arbre aux haricots et des Yeux dans les arbres.


BILAN



Lecture très probable :

Héritage, de Miguel Bonnefoy


À première vue : la rentrée P.O.L.

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Intérêt global :

sceptique
etmécontent


La rentrée littéraire des éditions P.O.L., c’est souvent quitte ou double en ce qui me concerne. Soit la plupart des titres m’intéresse, soit je reste indifférent. Cette année, j’ai bien peur d’être dans le deuxième cas de figure, en dépit du retour d’Emmanuel Carrère six ans après Le Royaume (qui m’était tombé des mains, cela dit). Un retour qui sera synonyme de large couverture médiatique pour ce livre, sans doute beaucoup moins pour les autres.
(Oui, ça y est, je commence à m’énerver. Mais c’est un peu de la faute de Iegor Gran. Rendez-vous en fin d’article pour comprendre.)


Emmanuel Carrère - YogaYoga, d’Emmanuel Carrère

Commençons par la machine à faire tourner les rotatives, ce sera fait. Emmanuel Carrère, objectivement l’un des écrivains français contemporains les plus imposants, est d’autant plus suivi par la presse qu’il est relativement rare. Il y a six ans, le Royaume, énorme pavé qui revisitait les débuts de la chrétienté et en particulier la figure de Saint-Paul, avait trusté à lui tout seul la une de tous les journaux, spécialisés ou non. Un véritable raz-de-marée, d’autant plus intraitable qu’il se mêlait de polémique sur le traitement de la chose religieuse, qui avait inondé tout le reste de la rentrée.
Par souci d’équité médiatique, espérons que ce ne sera pas le cas cette année. (On peut toujours rêver.) Cela dit, à première vue, le sujet a cette fois moins d’ampleur puisque, comme le titre l’indique, il va être ici question de yoga. Mais pas seulement, sinon ce serait trop simple. Voici ce qu’en dit le résumé concocté par l’éditeur : « C’est l’histoire d’un livre sur le yoga et la dépression. La méditation et le terrorisme. L’aspiration à l’unité et le trouble bipolaire. Des choses qui n’ont pas l’air d’aller ensemble, et pourtant : elles vont ensemble. »
Par curiosité, je l’ai commencé. Composé de brefs chapitres parfois sans lien apparent, le texte est bizarrement accrocheur. Je ne suis pas certain pour autant de garder mon intérêt en éveil sur presque 400 pages, d’autant que la manière souvent affligée dont Carrère se met en scène a une propension très nette à m’horripiler. Il serait malhonnête, cependant, de ne pas reconnaître la pertinence et le talent d’écrivain du monsieur.

Jean Rolin - Le Pont de BezonsLe Pont de Bezons, de Jean Rolin

De Mantes à Melun, dans un « désordre voulu » selon les propres mots de l’auteur, une déambulation le long des berges de la Seine, qui tourne à observation attentive de ce monde devenu quasi invisible dont les moindres événements, grossis par la loupe de la curiosité, prennent alors des proportions extraordinaires. Une exploration urbaine, sociologique, mais aussi éthologique, le monde animal se réservant un rôle d’importance dans le projet.

Lise Charles - La demoiselle à coeur ouvertLa Demoiselle à cœur ouvert, de Lise Charles

Troisième roman de Lise Charles chez P.O.L., inspiré par son séjour à la Villa Médicis. Elle imagine un écrivain quarantenaire, pensionnaire comme elle le fut de la célèbre institution, qui use et abuse de sa notoriété pour extorquer des confidences à des femmes, aveux qu’il recycle dans ses écrits. Jusqu’au jour où il franchit une limite fatale…
Dans la veine des Liaisons dangereuses, un roman épistolaire moderne sous forme d’échanges de mails, enrichi d’autres formes textuels pour donner épaisseur et variété à cette histoire de manipulation, doublée d’une réflexion sur les enjeux et les pouvoirs de la littérature.

Patrick Lapeyre - Paula ou personnePaula ou personne, de Patrick Lapeyre

L’histoire d’une passion amoureuse érotique et enflammée entre un postier philosophe et une amie de jeunesse, désormais mariée, bourgeoise et catholique, sur fond de passion pour la pensée de Martin Heidegger.
Je ne sais pas ce que ça m’inspire. Pas grand-chose, à vrai dire. En tout cas, sûrement pas l’envie de m’embarquer dans plus de 400 pages sur ce genre de navire. Et vous ?

Laure Gouraige - La fille du pèreLa Fille du père, de Laure Gouraige

À l’occasion de ses trente ans, une fille s’adresse durement à son père, dans l’espoir de s’affranchir de lui, du poids de la douleur et du silence, et de trouver sa liberté, entre entre règlement de comptes et déclaration d’amour. Premier roman d’une jeune diplômée de philosophie dont la thèse portait sur Guillaume d’Ockham. Détail qui, bizarrement, me paraît plus intéressant que sa première tentative littéraire.

Iegor Gran - Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtresCes casseroles qui applaudissent aux fenêtres, de Iegor Gran

En partant du phénomène des applaudissements adressés au personnel soignant chaque soir à 20 heures, Iegor Gran dénonce la soumission dont ont fait preuve les Français en acceptant le confinement. Dans la série « c’est facile d’ouvrir sa grande gueule dans un livre six mois après la bataille », voici le premier des nombreux livres dispensables qui paraîtront sur le sujet. Décevant, et exaspérant.
(Je précise que je n’applaudissais pas au balcon, hein, pour ceux qui croiraient que l’attaque me vexe personnellement. Mais je n’ai pas l’intention d’écrire un livre pour expliquer pourquoi, rassurez-vous.)


BILAN


Lecture potentielle (commencée et à poursuivre au moins un peu) :
Yoga, d’Emmanuel Carrère

Lecture hypothétique :
La Demoiselle à cœur ouvert, de Lise Charles


À première vue : semaine 4, le programme

Nous attaquerons demain l’avant-dernière semaine de présentation de la rentrée littéraire 2020. Ouf ! Il y a encore de quoi faire,  de quoi lire, de quoi découvrir. Même si, de mon côté, j’avoue un peu moins d’attentes et de motifs de curiosité dans le programme des éditeurs qui s’affichent ci-dessous en images.
Je vous recommanderais tout de même un arrêt prolongé sous les branches de l’Olivier (dès demain), et de garder un œil à ce qu’il se passera du côté du Rouergue, de Robert Laffont, voire de P.O.L.

Bon dimanche à tous, et à demain !


À première vue : deuxième bilan intermédiaire

Au terme de la troisième semaine de la rubrique, mise à jour en images (et toujours classées à peu près par ordre d’impatience) des attentes cannibales pour cette rentrée littéraire 2020 ! Il y a du changement par rapport à la semaine dernière – et il y en aura encore la semaine prochaine…