Barbe Bleue, d’Amélie Nothomb
Signé Bookfalo Kill
Tiens, c’est le début de la rentrée littéraire 2012 ! Vous savez comment je le sais ? Hé oui, gagné.
Il y a un nouveau Amélie Nothomb.
Barbe bleue, ça s’appelle. Et comme vous vous en doutez, c’est une variation nothombienne et contemporaine sur le conte de Charles Perrault.
Il était une fois (donc) Don Elemirio Nibal y Milcar. Il avait 44 ans et vivait seul dans sa grande maison de maître du VIIe arrondissement de Paris, ce qui l’arrangeait parce qu’il n’appréciait pas la compagnie des hommes. Mais cela l’embêtait quand même un peu parce qu’il aimait beaucoup la compagnie des femmes. Surtout les jeunes. Il passait donc des petites annonces pour proposer de partager ses appartements en colocation. Bon, il devait en passer souvent parce que ses colocataires avaient une fâcheuse tendance à disparaître.
Saturnine Puissant, elle, ignorait tout de cette histoire. Jeune Belge en exil à Paris (hum), elle voulait juste déserter le canapé que lui prêtait une amie à Marne-la-Vallée depuis des mois. Cette offre trop belle pour être honnête lui convenait donc parfaitement.
Don Elemirio et Saturnine commencèrent donc à cohabiter, plus ou moins harmonieusement. Sauf qu’entre eux se dressait un secret. celui que Don Elemirio dissimulait dans une chambre noire, la seule pièce à laquelle Saturnine n’avait pas le droit d’accéder et qui n’était pourtant pas fermée à clef…
Bon, j’arrête là, vous connaissez tous plus ou moins l’histoire de Barbe-Bleue. Amélie Nothomb l’adapte tout de même à sa sauce, faisant de Don Elemirio un Barbe Bleue désacralisé, avec des motivations et une forme de « morale », comme tous ses « monstres » habituels, pour lesquels elle garde toujours la même affection. On pourrait même lui en faire une sorte de devise.
Le freak, c’est chic, le glauque, c’est choc.
Quant à Saturnine, c’est une jeune femme d’aujourd’hui, indépendante, forte tête, loin de la cruche trop curieuse du conte original. Et les deux vont s’affronter, dans un mélange familier d’admiration et de répulsion . Le schéma est connu, il était déjà en place dans le premier roman de Nothomb, Hygiène de l’assassin. C’était il y a vingt ans. Cela n’a guère varié depuis.
Pour le reste, c’est du Nothomb sans surprise. Une fois passée l’exposition, le roman se résume à une suite de dialogues plutôt brillants (hormis quelques facilités occasionnelles), articulés autour de dîners à fleurets mouchetés. Au menu, provocation, séduction, champagne et discussions érudites sur des sujets aussi divers que le féminisme, les origines espagnoles du Christ ou la photographie.
Ça fait 170 pages, ça se lit en deux heures maxi et ça s’oublie aussitôt. Comme d’habitude depuis quelques années, quoi.
Et sinon, la rentrée littéraire commence. Avec des vrais morceaux de littérature dedans. On vous en reparle bientôt !
Barbe bleue, d’Amélie Nothomb
Éditions Albin Michel, 2012
ISBN 978-2-226-24296-9
170 p., 16.50€
Cette entrée a été publiée le 20 août 2012 par cannibaleslecteurs. Classé dans Romans Francophones et a été tagué Amélie Nothomb, Barbe bleue, Cannibales Lecteurs, chambre noire, champagne, Charles Perrault, conte, Hygiène de l'assassin, Paris, secret.
Vite expédié, ce livre. 20 ans déjà…
21 août 2012 à 10:24
Ca fait un bail que j’ai décroché de son univers. J’aimais bien pourtant au début, mais j’ai l’impression qu’elle tourne en rond…
21 août 2012 à 22:53
Je confirme ton impression, hélas.
Elle a de l’imagination, du talent, et surtout un don exceptionnel pour les dialogues. Quel dommage qu’elle soit aussi feignante…
21 août 2012 à 23:02
Elle s’est comme enterrée dans une routine en sortant des romans courts à la chaîne. Elle devrait sans doute faire un break, prendre des risques, sortir de ses habitudes, pondre un pavé ou une sage en 3 tomes peut-être ?
21 août 2012 à 23:06
J’en rêve… Franchement, je pense qu’elle en est capable. Mais il y a une forme de facilité de de confort dans son attitude, encouragée sans doute en cela par son éditeur, qui voit en Nothomb avant tout la manne financière plutôt que l’auteur.
Pour Albin Michel, ce sont plus de cent mille ventes assurées chaque année, sans coup férir, et ce depuis environ vingt ans. C’est évidemment énorme, et on voit mal un éditeur pousser son auteur tiroir-caisse préférée à prendre des risques, l’encourager à prendre trois ans pour écrire un vrai grand livre…
Dommage… mais un jour, peut-être ? On a toujours le droit de rêver ;-)
21 août 2012 à 23:15
Peut-être quand les ventes fléchiront trop…
21 août 2012 à 23:41
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