À première vue : la rentrée Seuil 2021
Intérêt global :

Loin des enflammades éditoriales de leurs illustres « gros » confrères que sont Gallimard, Grasset ou Flammarion, les éditions du Seuil ont opté cette année pour une rentrée plus ramassée que d’habitude : sept titres seulement (contre onze l’année dernière). Un effort notable, qui va de pair avec un programme gagnant en clarté.
Dans tout ceci, je mettrai une grosse pièce sur le nouveau roman de David Diop (notamment dans la perspective des prix littéraires), ainsi que sur un véritable objet de curiosité venu tout droit d’Allemagne – qui pourrait s’avérer aussi bien un bijou rutilant qu’une insupportable baudruche à dégonfler de toute urgence…
La Porte du voyage sans retour, de David Diop (lu)

Avant même la parution de ce nouveau livre, 2021 est déjà l’année David Diop. En effet, son précédent, Frère d’âme (Prix Goncourt des Lycéens 2018 et beau succès de librairie), vient tout juste d’être distingué de l’International Booker Prize – une première pour un auteur français.
Dans ce contexte favorable, La Porte du voyage sans retour pourrait constituer une consécration quasi définitive – d’autant que ce roman a tout ce qu’il faut pour séduire un public aussi large qu’exigeant. David Diop s’y inspire de la vie de Michel Adanson, naturaliste et botaniste du XVIIIème siècle qui, à sa mort, lègue à sa fille Aglaé une série de carnets relatant un voyage qu’il accomplit au Sénégal en 1750. Là, non seulement il découvre que les Noirs ne sont en rien inférieurs aux colons blancs, mais il se lance également sur les traces d’une mystérieuse jeune femme qui, sans doute kidnappée et promise à l’esclavage, aurait réussi à échapper à ses bourreaux pour trouver refuge aux confins du pays.
Documenté avec élégance et sans ostentation, et porté par une plume dont le classicisme n’a jamais rien de suranné, ce roman mêle le souffle de l’aventure et de l’exploration à de multiples niveaux de lecture, entre récit de transmission filiale, quête amoureuse, fascination pour la force des histoires et des contes, le tout porté par un humanisme réconfortant.
Le Grand rire des hommes assis au bord du monde, de Philipp Weiss
(traduit de l’allemand par Olivier Mannoni)

Ces derniers temps, les éditions du Seuil aiment relever des défis éditoriaux hors normes. L’année dernière, c’était Les lionnes, effrayant pavé de 1152 pages constitué d’une seule et même phrase. Cette année, il s’agit à nouveau d’un roman dépassant les mille pages, mais réparties cette fois en cinq volumes, dont un… de bande dessinée – de manga, pour être précis.
Tout est fait pour épater dans ce projet extraordinaire. Chaque volume propose un type d’approche littéraire différente. On y trouve une tentative d’autobiographie d’une femme sous forme d’encyclopédie, un récit intimiste d’un jeune homme amoureux au Japon pendant le tremblement de terre de 2011, des carnets de notes d’une scientifique remettant en cause la théorie de l’évolution, et la transcription des enregistrements audio d’un petit garçon survivant du tsunami de Fukushima. Et donc, un manga mettant en scène une jeune femme dans un Tokyo virtualisé.
Est-ce que le tout fonctionnera ? Difficile à dire, d’autant que les libraires n’ont pu avoir accès qu’à quelques extraits de chaque volume – chacun pouvant, par ailleurs, être lu dans l’ordre que l’on veut. Mais c’est une proposition suffisamment dingue pour avoir envie de se pencher un peu plus dessus.
Fenua, de Patrick Deville (vu)

Fenua signifie « territoire », « terre », « pays » (ou souvent « île ») en tahitien. Par extension, c’est le nom que l’on donne à l’archipel comprenant Tahiti et les îles avoisinantes. Et c’est donc le nouveau sujet de Patrick Deville, qui s’est fait une spécialité de transformer lieux ou personnages réels en objets de curiosité littéraire.
Comme toujours avec lui, Fenua est à la fois une invitation au voyage, une exploration géographique, un parcours historique et un hommage à tous ceux, voyageurs et écrivains, qui l’ont inspiré, au fil de chapitres juxtaposés comme autant de rêveries et d’abandons à l’aventure.
Rêver debout, de Lydie Salvayre (vu)

La romancière adresse quinze lettres pleines de verve, d’ironie et de passion à Cervantes, dans une défense enflammée de son célèbre héros, le chevalier universel, Don Quichotte, pour lequel elle souhaite une pleine et entière réhabilitation.
Lu une quarantaine de pages que j’ai trouvées amusantes et souvent pertinentes, dans lesquelles transparaît bien sûr la profonde admiration de Lydie Salvayre pour le romancier espagnol et pour son œuvre.
Farouches, de Fanny Taillandier
Depuis la villa de Jean et Baya, la Méditerranée scintillante donne à penser que tout est paisible. Mais à l’approche du solstice, la colline où habite le couple est bientôt parcourue de diffuses menaces, à peine perceptibles mais bien réelles : d’invisibles sangliers saccagent les jardins; des règlements de comptes entre bandes rivales défraient la chronique de Liguria, la ville la plus proche ; une inconnue habite depuis peu la maison longtemps restée vide près de la falaise…
La Dame couchée, de Sandra Vanbremeersch
La dame du titre, c’est Lucette Destouches, dont l’auteure a été l’assistante de vie durant presque vingt ans, jusqu’à sa mort en 2019. Une expérience aux premières loges de celle qui était la veuve de Louis-Ferdinand Céline, et qui vécut en autarcie, comme à l’écart du monde dont elle laissait néanmoins entrer quelques proches et animaux de compagnie.
Les filles de Monroe, d’Antoine Volodine
Dans une vaste cité psychiatrique où cohabitent malades, infirmiers et policiers, vivants et morts, l’ordre établi est remis en cause par un afflux de guerrières envoyées par Monroe, un dissident exécuté des années plus tôt. Breton et son acolyte sont chargés d’identifier les revenantes à l’aide d’une lunette spéciale.
BILAN
Déjà lu (et approuvé) :
La Porte du voyage sans retour, de David Diop
Lecture probable :
Le Grand rire des hommes assis au bord du monde, de Philipp Weiss
Lectures parcourues (et ça ira comme ça) :
Fenua, de Patrick Deville
Rêver debout, de Lydie Salvayre
À première vue : la rentrée Plon 2021
Intérêt global :
Je ne vais toujours pas vous mentir, je n’ai pas tellement progressé dans ma connaissance du catalogue des éditions Plon depuis l’année dernière. Ni dans ma volonté de m’y intéresser. Et ce n’est pas leur programme pléthorique (exclusivement francophone) de cette année qui risque de me faire changer d’avis. Huit titres pour une maison de cette dimension, c’est très excessif, même s’il y a trois premiers romans parmi eux.
Néanmoins, la politesse m’oblige pour ainsi dire à leur laisser une place ici – car vous avez le droit, vous, d’être amateurs ou curieux de leur travail. Mais je vais faire simple, si vous me le permettez.
La Riposte, de Jean-François Hardy
Dans un Paris désagrégé par la crise écologique, la misère, la violence d’État, la canicule et la maladie, un mystérieux mouvement prônant la révolution, Absolum, gagne du terrain. Dans ce chaos, Jonas, infirmier à domicile désabusé de 37 ans, s’apprête comme beaucoup d’autres à fuir vers le Nord, en quête d’une vie meilleure. Premier roman.
Mourir au monde, de Claire Conruyt
Sœur Anne ne s’est jamais vraiment adaptée au quotidien du couvent où elle vit pourtant depuis vingt ans. L’arrivée de Jeanne, une jeune postulante dont elle a la charge, réveille en elle des sentiments oubliés. Très vite, la relation entre les deux femmes dépasse le cadre de la formation de la novice et sœur Anne entrevoit la possibilité de se retrouver elle-même. Premier roman.
L’Unique goutte de sang, d’Arnaud Rozan
Sidney quitte son Tennessee natal pour Chicago, où il se lie d’amitié avec Turner, un garçon errant irlandais, tandis que les émeutes de l’été 1919 embrasent le quartier noir de South Side. Il suit cet être révolté contre les siens dans un périple qui le mène de l’Arkansas à Manhattan. Ce voyage les confronte à la mort et les rapproche chaque jour du cœur de Harlem. Premier roman.
Berlin Requiem, de Xavier-Marie Bonnot
En 1934, quand Hitler accède au pouvoir et que le nazisme s’impose en Allemagne, Wilhelm Furtwängler, l’un des plus grands chefs d’orchestre allemands, refusant de choisir entre son art et son pays, se soumet au IIIe Reich. Rodolphe Bruckman, fils d’une célèbre cantatrice, qui rêve de diriger un jour l’Orchestre philharmonique de Berlin, observe les événements avec son regard de jeune garçon.
Le Syndrome de Beyrouth, d’Alexandre Najjar
Confinée dans un hôtel à Saint-Malo, Amira Mitri, ancienne combattante devenue reporter au quotidien libanais An-Nahar, se remémore les vingt ans qui se sont écoulés de son retour au Liban en l’an 2000 à l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Durant cet intervalle, bien des événements ont secoué son pays et sa vie amoureuse a connu de multiples rebondissements.
907 fois Camille, de Julien Dufresne-Lamy
L’histoire de Camille, fille de Dominique Alderweireld, alias Dodo la Saumure, proxénète. Composant avec l’absence de ce dernier, elle grandit et construit son identité de femme moderne et indépendante qui cherche à donner un sens aux non-dits de son histoire familiale.
La Nuit des aventuriers, de Nicolas Chaudun
Le roman vrai d’un coup d’État presque parfait. Si la conjuration du 2 décembre 1851 a si bien réussi, c’est qu’elle apparaissait inéluctable à ses contemporains ; elle scellait la faillite manifeste des élites. En relatant cet événement historique majeur du XIXème siècle, Nicolas Chaudun tente bien évidemment de tisser un lien avec la situation politique actuelle.
Ma mère avait ce geste, d’Alain Rémond
Alain Rémond poursuit son œuvre autobiographique et livre un récit intime et universel sur l’amour inconditionnel qu’il porte à sa mère. Livre après livre, il retrouve le paradis perdu de son enfance en Bretagne.
À première vue : la rentrée de l’Olivier 2021
Intérêt global :

Je ne vous cache pas que j’ai pour les éditions de l’Olivier une affection durable, doublée bien évidemment d’une estime profonde pour leur catalogue riche et varié, aussi bien en littérature française qu’en étrangère.
2021 est une année particulière pour la maison fondée par Olivier Cohen, puisqu’elle fête cette année ses trente ans d’existence. Trente ans durant lesquelles elle aura publié Jean-Paul Dubois (Fémina 2004, Goncourt 2019), Richard Ford, Jonathan Safran Foer, Florence Aubenas, Cormac McCarthy, Olivier Adam, Jonathan Franzen, Véronique Ovaldé, Florence Seyvos, Valérie Zenatti, Cormac McCarthy, Jay McInerney… et tant d’autres qu’il serait fastidieux de les citer tous.
Parce qu’elle n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers, l’équipe réunie autour d’Olivier Cohen et Nathalie Zberro propose en cette rentrée une belle affiche mêlant deux textes américains servis par des traductrices exceptionnelles, des grands noms de la maison et des nouvelles plumes prometteuses.
L’un des programmes les plus séduisants de cette rentrée 2021, tout simplement.
Blizzard, de Marie Vingtras (en cours de lecture)

Honneur aux débutantes : Marie Vingtras propose un premier roman savamment élaboré, construit sur un crescendo concentrique d’une rigueur inexorable, et dont l’inspiration américaine est si franche et sincère qu’on en oublie souvent que ce livre est l’œuvre d’une auteure française.
Le blizzard du titre tombe sur un bled paumé de l’Alaska. Quelques maisons, des caractères bien trempés (pour ne pas dire épais au sujet de certains d’entre eux). Et une jeune femme, sortie de la tempête avec un enfant, qu’elle perd après lui avoir lâché la main quelques instants.
Tandis qu’elle affronte seule les éléments déchaînés, trois hommes se mêlent à leur manière aux recherches. L’espoir de retrouver le garçon sain et sauf télescope alors la vérité profonde des uns et des autres…
Memorial Drive, de Natasha Trethewey
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy)

Je connais un peu la traductrice Céline Leroy, mais ce n’est pas pour cela que je tiens à vous signaler un détail capital : quand son nom apparaît sur une couverture, vous pouvez être sûr(e) que le livre dont elle a assuré la traduction est tout sauf anodin, tant elle a le nez pour s’associer à des projets littéraires toujours singuliers.
Nanti de cette conviction, on peut donc aborder cette première publication en français de Natasha Trethewey avec confiance et curiosité.
Je parle de première publication, manière de souligner que, pour le coup, nous n’avons pas affaire à une débutante. Aux États-Unis, sa poésie lui a valu une renommée importante, ainsi qu’un prix Pulitzer en 2007.
Memorial Drive, le texte grâce auquel nous allons la découvrir, est un récit autobiographique, dans laquelle elle évoque l’existence tragique de sa mère, Gwendolyn, mais aussi le courage et la volonté d’indépendance qui vont servir de flambeau au propre parcours de poètesse et de femme de Natasha Trethewey.
Un texte dont on peut attendre beaucoup, sans craindre d’être déçu.
Rien à déclarer, de Richard Ford
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Josée Kamoun)

Je vous le disais, cette rentrée étrangère de l’Olivier est marquée par la présence de traductrices remarquables. Pour nous transmettre ces nouvelles du grand Richard Ford (Indépendance, Canada, Un week-end dans le Michigan), c’est Josée Kamoun qui prête sa voix française, comme elle l’avait déjà fait pour Canada du même auteur, mais aussi pour la nouvelle traduction événement de 1984 il y a trois ans, ou pour Philip Roth, Jonathan Coe et John Irving, entre autres.
Les textes rassemblés ici ont pour point commun de mettre en scène des personnages ayant basculé dans le second versant leur existence, et qui examinent leur passé pour tenter de comprendre pourquoi leur présent se trouve fragilisé.
L’Éternel fiancé, d’Agnès Desarthe

C’est l’histoire d’une histoire d’amour qui dure toute une vie. Commencée à quatre ans, sur une promesse d’éternité comme s’en font les enfants qui s’aiment. Déçue à l’adolescence, quand elle aime toujours et que lui a oublié la promesse. Et qui se poursuit, tout au long des nombreuses étapes, moments forts, joies, déceptions, qui font une existence humaine.
Incontournable du catalogue de l’Olivier et auteure extrêmement attachante, qui navigue à l’envi entre folie douce et mélancolie, Agnès Desarthe propose un roman-puzzle dont la forme et l’ambition constituent un véritable objet de curiosité.
Une vie cachée, de Thierry Hesse

Qu’est-ce que le souvenir ? Pour Thierry Hesse, c’est d’abord une déambulation.
Du « quartier impérial » construit par Guillaume II aux forêts de la Meuse, de la guerre de 1870 à celle de 1939-45, cette enquête généalogique a pour terme une chambre dans le quartier des Loges, à Metz : celle où Franz/François aura passé une partie de sa vie, caché et pourtant bien visible.
BILAN
Quatre vraies envies de lecture sur cinq, qui dit mieux ? Pas grand-monde cette année (à part les Forges de Vulcain, mais ce n’est pas du jeu.)
Lecture en cours :
Blizzard, de Marie Vingtras
Lecture certaine :
Memorial Drive, de Natasha Trethewey
Lectures probables :
L’Éternel fiancé, d’Agnès Desarthe
Rien à déclarer, de Richard Ford
À première vue : la rentrée Manufacture de Livres 2021
Intérêt global :

Longtemps cantonnée à la littérature noire – qui, déjà, tendait à se jouer des codes et des frontières du genre -, la Manufacture de Livres s’affirme de plus en plus comme un éditeur tous terrains. Et avec succès, si l’on en croit le succès l’année dernière du livre de Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit, ou encore la démonstration éprouvante mais magistrale proposée par Carine Joaquim début 2021 avec Nos corps étrangers.
De ces réussites probantes, la Manuf’ gagne une assise qui lui vaut une place légitime dans la rentrée d’automne – place offerte cette année à trois romans, dont deux premiers.
Villebasse, d’Anna de Sandre

Auteure de poésie et de nouvelles, Anna de Sandre s’essaie pour la première fois au roman, et avec une certaine audace sur le papier, puisqu’elle emprunte au réalisme magique, un genre toujours risqué car susceptible de décontenancer le lecteur trop cartésien.
Nous sommes donc à Villebasse, entrelacs de vieilles bâtisses et de rues ancestrales qu’éclaire une étrange lune bleue et que les habitants ne quittent jamais. Un jour d’hiver débarque le Chien, qui va traverser la vie des uns et des autres et, peut-être, tout changer…
Pour en savoir plus, il faudra lire !
Le Fils du professeur, de Luc Chomarat

Ces derniers temps, le nom de Luc Chomarat était plutôt synonyme d’amusement et de folie douce, au fil de polars parodiques plutôt réjouissants (Le Dernier thriller norvégien, Le Polar de l’été), ou de polar tout court (Un trou dans la Toile, Grand Prix de Littérature Policière 2016).
Ce nouveau livre, d’inspiration autobiographique, prend le contre-pied total de ces veines, en racontant une enfance dans la France des années 1960-70. Des batailles de cowboys dans la cour de l’école à la découverte fascinée des femmes, c’est toute une jeunesse qui se dévoile.
Pas très original à première vue, mais voir Chomarat tenter ce pas de côté est intrigant, surtout quand on apprécie sa plume piquante et sa verve. Donc, pourquoi pas.
Poudre blanche, sable d’or, de Matthieu Luzak

Premier roman également, qui suit deux amis, un journaliste de seconde zone englué dans une vie de famille compliquée et un voyou tout juste sorti de prison, partant pour quelques jours entre hommes à Malaga. Le cadre ne fait pas rêver mais c’est justement là que le second, Farid, a monté un coup il y a quelques années.
Au fil de leur virée, s’expriment les rêves et les drames des désillusionnés du XXIe siècle.
BILAN
Lecture probable :
Villebasse, d’Anna de Sandre
Lecture potentielle :
Le Fils du professeur, de Luc Chomarat
À première vue : la rentrée Flammarion 2021
Intérêt global :
Des sept parutions de l’année dernière chez Flammarion, on remonte à onze cette année (si j’ai bien compté).
Dommage.
Pour le reste, on trouve du médiatique (Angot, Djian), du vrai talent (Reverdy), mais aussi un drôle de pari : aligner cinq premiers romans sur la grille de départ (plus une première traduction). Et ce courage-là, mine de rien, mérite au moins d’être salué – en attendant de voir si les livres en question méritent autant d’attention.
UN PRÉFÉRÉ
Climax, de Thomas B. Reverdy

J’aime cet auteur. J’ai parfois le sentiment que son univers, sa force littéraire et la variété de ses sujets ne sont pas assez payés de retour, que ses livres ne rencontrent pas toujours le succès qu’ils mériteraient. C’est peut-être une fausse impression (d’autant qu’il collectionne les récompenses, dont le Prix des Libraires en 2016 et l’Interallié en 2018), je n’ai aucune donnée pour étayer cette sensation hormis mes propres ressentis de terrain ; et si je me trompe, tant mieux.
Toujours est-il qu’un nouveau roman de Thomas B. Reverdy est toujours pour moi un objet de curiosité. Cette fois, il nous emmène dans un village norvégien, menacé par un accident sur une plateforme pétrolière au large. Sans parler du glacier qui se fissure et des poissons morts qui s’agglutinent sur le rivage… Un ingénieur géologue, originaire des lieux, se présente au village pour se confronter autant à son passé qu’à la perspective d’un monde sur le point de s’effondrer.
À LA UNE
Double Nelson, de Philippe Djian

L’un des noms les plus solides de la maison Flammarion, habitué des rentrées littéraires et des unes de la presse spécialisée.
Djian revient avec le nom d’une prise de catch en guise de titre, pour raconter une rupture amoureuse suivie de drôles de retrouvailles : elle, membre des forces spéciales d’intervention de l’armée, vient se réfugier chez lui, écrivain en proie au doute, pour échapper à une troupe de mercenaires lancée à ses trousses. Commence alors une drôle de danse, où la nécessité d’apprendre à revivre ensemble s’accompagne d’une menace mortelle…
Drôle de pitch, qui propose un angle plutôt ludique pour détricoter l’éternelle question de la relation amoureuse.
Le Voyage dans l’Est, de Christine Angot

Autant j’aime Reverdy, autant je déteste Christine Angot. Son style tout d’abord, que je trouve caricatural, creux et haché, faussement rythmé de répétitions obsessionnelles et plombés de dialogues terriblement plats, et dont je me demande comment autant de gens supposés savoir lire (je pense très fort à Bernard Pivot par exemple, qui ne s’est jamais caché d’aduler le travail de la dame) sont capables de chanter les louanges.
Je n’apprécie guère l’auteure non plus, et par l’auteure, j’entends la personnalité qui manque rarement une occasion de déverser sa morgue, son fiel et sa froideur dans les médias.
S’il y a une chose que je veux lui reconnaître en revanche, c’est la constance avec laquelle elle campe son œuvre autour du drame qui a façonné sa vie, drame dont elle est loin d’être la seule victime et auquel elle donne une voix et une visibilité essentielles depuis toutes ces années.
Pas de surprise : dans ce nouveau roman, Angot parle donc d’inceste. Elle aborde cette fois la question en creusant le point de vue de l’enfant, puis de l’adolescente et de la jeune femme victime de son père.
AH AH, BIOGRAPHIE !
Tout ce qui est beau, de Matthieu Mégevand
Matthieu Mégevand s’est fait une spécialité de capter en littérature des figures artistiques flamboyantes. Après le poète Roger-Gilbert Lecomte et Lautrec, le voici qui s’attaque au génie ultime : Mozart. 192 pages pour cerner l’une des figures les plus célèbres du monde, et trouver en mots l’équivalent des notes avec lesquelles le compositeur a créé sa renommée intemporelle.
Presque toutes les femmes, d’Héléna Marienské
Les ennemis de la vie ordinaire, roman délirant sur l’addiction paru en 2015, m’avait bien fait marrer. Le registre de ce nouveau titre sonne différemment, puisque la romancière y dresse le portrait des femmes de sa vie, qu’elles aient laissé une trace positive ou non sur son existence. Une autobiographie en creux, donc. Cela n’empêche pas l’humour, mais sans tirer du côté hirsute qui m’avait réjoui dans Les ennemis…
PREMIERS ROMANS (5 + 1)
Le Chien, d’Akiz
(traduit de l’allemand par Bruce Germain)

Réalisateur et scénariste allemand, Akiz ajoute la corde de romancier à son arc.
Le Chien du titre, c’est un drôle de type, dont on ne sait rien hormis les rumeurs étranges qui courent sur son compte. Ce qui est sûr, c’est le gars est un prodige en cuisine. Son embauche dans le restaurant de luxe El Cion aurait pu être joyeuse. Mais c’est moins un palais raffiné qu’une grenade dégoupillée que le chef a engagé. Et quand ça va péter, ça va faire mal.
Petite curiosité pour ce titre au résumé intrigant, dont les premières lignes happent et interpellent.
L’Éblouissement des petites filles, de Timothée Stanculescu

Bon, déjà, histoire d’éviter les confusions, sachez que Timothée ici est une fille. Qui s’essaie au roman d’apprentissage adolescent, en racontant la fascination d’une jeune fille, Justine, à l’égard d’Océane. Ancienne copine d’enfance, devenue simple voisine de village et lycéenne comme elle.
Sauf qu’Océane a disparu, et dans ce coin de France où il ne se passe jamais rien, c’est plus qu’un fait divers.
Un événement assez troublant pour pousser Justine à vouloir, comme Océane, s’initier aux garçons, quitte à jeter son dévolu sur le jardinier de sa mère – qui est un homme, plus un garçon.
Bref. Tout ceci me rappelle un roman de Megan Abbott, La Fin de l’innocence, livre puissant et brillant. Si le sujet vous intéresse, celui-là, je vous le conseille sans hésiter. Pour celui-ci, dont on commence à causer un peu, je vous laisse juge.
L’Amour et la violence, de Diana Filippova

Le titre n’est pas fou, la couverture non plus, mais le pitch rattrape un peu (toutes proportions gardées).
Valentin vit dans une chambre de bonne d’où il observe la Cité, seul, pendant que sa mère, répétitrice auprès des familles illustres, s’absente le jour comme la nuit. Né de l’autre côté du mur, déchiré entre le rêve de se fondre dans les hauts milieux et la conscience aiguë d’une société au bord de l’implosion, il se débat avec le passé et la mémoire.
Selon l’éditeur, un premier roman entre dystopie, roman social et récit d’apprentissage.
Ce qui gronde, de Marie Petitcuénot
Sur le papier, elle a tout pour être heureuse : un mari, trois enfants, un boulot intéressant. Et pourtant. La jeune femme qu’elle fut avant cette vie bien rangée commence à protester, et lui enjoint de se rebeller contre le fait social établi. Bonne mère, bonne épouse, femme intégrée, une fin en soi ? Et faut-il pour autant renoncer à sa liberté ? Un plaidoyer féministe pour une autre façon d’être mère.
Buenos Aires n’existe pas, de Benoît Coquil
Marcel Duchamp arrive à Buenos Aires en septembre 1918 et y demeure neuf mois. De ce séjour, on sait peu de choses. Un terreau idéal pour un écrivain, qui permet donc à Benoît Coquil d’imaginer ce récit littéraire dont la ville est autant la figure principale que l’artiste.
Mississippi Driver, de Lee Durkee
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard)
C’est en réalité le deuxième roman de Lee Durkee, mais le premier traduit en français, alors bon, il a sa place dans cette rubrique consacrée aux débutants. Il y raconte la journée d’un chauffeur de taxi à Gentry, Mississippi, et ses différents passagers qui, tous à leur manière, racontent un peu de cette fameuse « Amérique profonde » qui fait tant causer au moment des élections présidentielles.
BILAN
Lecture certaine :
Climax, de Thomas B. Reverdy
Lecture potentielle :
Le Chien, d’Akiz
Lecture hypothétique :
L’Amour et la Violence, de Diana Filippova
A première vue : la rentrée Gallmeister 2017

Toujours dévouées à l’Amérique, les éditions Gallmeister voient apparaître dans leurs propositions de rentrée la patte de François Guérif, ancien grand patron du catalogue noir des éditions Rivages. En effet, ce dernier rejoint l’éditeur à la patte d’ours avec l’un de ses auteurs et la réédition d’un grand texte de la littérature américaine. A côté de cela, il faudra garder à l’œil le talent de défricheur d’Oliver Gallmeister qui, après le succès marquant de Dans la forêt de Jean Hegland en début d’année, lance une nouvelle romancière dont on parlera sûrement – même si, de notre côté, nous ne crierons pas au génie cette fois-ci.
THE HAND THAT ROCKS THE CRADLE : Une histoire des loups, d’Emily Fridlund (lu)
(traduit de l’américain par Juliane Nivelt)
Une adolescente, Madeline, entre peu à peu dans la vie d’une famille qui vient d’emménager en face de chez elle, de l’autre côté d’un lac. Tandis que le père s’absente souvent, Madeline s’occupe de plus en plus du petit garçon de la famille, sans se douter de ce qui se trame dans ce foyer beaucoup moins innocent qu’il n’y paraît… D’emblée, le ton de la romancière s’avère inhabituel, un peu dérangeant ; mais le trouble n’opère pas longtemps. J’ai vite fini par m’ennuyer dans ce premier roman qui ne raconte pas grand-chose et tire en longueur une intrigue prévisible. Pas convaincu du tout.
THUNDER ROAD : L’Envers du temps, de Wallace Stegner
(traduit de l’américain par Eric Chedaille)
De Wallace Stegner, romancier sans doute trop méconnu chez nous, Gallmeister ajoute ce titre inédit qui fait suite à son chef d’œuvre d’inspiration autobiographique, La Montagne de sucre. On y retrouve son double romanesque, Bruce Mason, de retour dans sa ville natale, Salt Lake City, qu’il avait quittée adolescent avec la rage au ventre et la volonté de réussir. Tout en organisant les funérailles de sa tante, il se confronte aux souvenirs de sa jeunesse.
LIKE A ROLLING STONE : Tout est brisé, de William Boyle
(traduit de l’américain par Simon Baril)
François Guérif avait désigné Gravesend, le premier roman de William Boyle, comme numéro 1000 de la collection Rivages/Noir. Un choix symbolique qui prouvait la confiance placée par l’éditeur dans son auteur – confiance qui se perpétue donc chez Gallmeister. Boyle nous ramène à Gravesend, quartier pauvre de Brooklyn, où Erica tente de tenir entre son père qui sort de l’hôpital et son fils Jimmy qui revient après une longue errance à travers le pays. Un retour bien compliqué néanmoins, car Jimmy étouffe à Brooklyn et n’entend pas y rester…
I AM NATIVE AMERICAN : Le Dernier des Mohicans, de James Fenimore Cooper
(traduit de l’américain par François Happe)
Les cinéphiles ont sûrement en tête le visage de Daniel Day-Lewis, héros de l’adaptation sur grand écran de ce livre fondateur de la littérature américaine. Paru en 1826, le roman de Cooper n’avait pas connu de traduction intégrale en français depuis… 1830 ! Par la volonté de Guérif, cette aberration est désormais réparée, et la traduction de François Happe vient enrichir le catalogue « classique » que Gallmeister entend développer, à la suite des nouvelles parutions cette année dans la collection Totem des titres de Thoreau, Walden et la Désobéissance civile.
SYMPATHY FOR THE DEVIL : Le Diable en personne, de Peter Farris
(traduit de l’américain par Anatole Pons)
Deuxième parution en Néo Noire de Peter Farris, ce roman sombre nous entraîne en Géorgie du Sud où Maya, 18 ans, vient d’échapper à une tentative d’assassinat. Prostituée sous la coupe du terrifiant Mexico, elle est devenue la favorite du maire et a ainsi découvert de bien sinistres projets, ce qui manque causer sa mort. Mais Leonard Moye, un type solitaire et excentrique, la prend sous sa protection…
A première vue : la rentrée Gallimard 2016
Bon, cette année, promis, je ne vous refais pas le topo sur les éditions Gallimard et leurs rentrées littéraires pléthoriques dont la moitié au moins est à chaque fois sans intérêt ; je pense qu’à force, vous connaissez le refrain, et il ne change guère cette année : 13 romans français, 4 étrangers, c’est à peine moins que l’année dernière – et on n’en parle que des romans qui paraissent fin août, il y en a beaucoup d’autres en septembre (dont un Jean d’Ormesson, mais je saurai vous épargner).
Je vais sans doute m’attacher à être plus elliptique cette année que les précédentes, car cette rentrée 2016 me paraît à première vue dépourvue d’attraits majeurs. Comme je n’ai pas pour objectif de vous faire perdre votre temps, on va trancher dans le vif ! Et commencer par les étrangers, ça ira plus vite (façon de parler)…
JE CHANTE UN BAISER : Judas, d’Amos Oz (lu)
A court d’argent et le coeur en berne après que sa petite amie l’a quitté, Shmuel décide d’abandonner son mémoire sur « Jésus dans la tradition juive ». Il accepte à la place une offre d’emploi atypique : homme de compagnie pour un vieil érudit infirme qui vit reclus dans sa maison, sous la houlette d’une femme aussi mystérieuse que séduisante… Mêlant avec art récit intime de personnages étranges et attachants, réflexions sur l’histoire d’Israël et un discours théologique passionnant, Amos Oz emballe un roman de facture parfaite et sert l’intelligence sur un plateau.
PORTRAIT DE L’ARTISTE EN TUEUR : Tabou, de Ferdinand von Schirach
Un célèbre photographe avoue un crime pour lequel on n’a ni corps, ni même d’identité formelle de la victime. Qu’est-ce qui l’a mené là ? Y a-t-il un rapport avec ses expérimentations artistiques audacieuses ? Dans la lignée de ses livres précédents, le romancier allemand élabore une réflexion sur la violence et le doute, le rapport entre vérité et réalité.
À LA FOLIE : Beckomberga – Ode à ma famille, de Sara Stridsberg
Ouvert en 1932 près de Stockholm, Beckomberga a été conçu pour être un nouveau genre d’hôpital psychiatrique fondé sur l’idée de prendre soin de tous et de permettre aux fous d’être enfin libérés. Jackie y rend de nombreuses visites à son père Jim qui, tout au long de sa vie, n’a cessé d’exprimer son mal de vivre. Famille et folie, le thème de l’année 2016 ? Après En attendant Bojangles, mais dans un genre très différent, Sara Stridsberg propose en tout cas une nouvelle variation sur le sujet.
ON THE ROAD : Et toi, tu as eu une famille ?, de Bill Clegg
Famille encore ! Cette fois, tout commence par un incendie dans lequel périssent plusieurs proches de June, dont sa fille Lolly qui devait se marier le lendemain du drame. Dévastée, June quitte la ville et erre à travers les Etats-Unis, sur les traces de ce qui la lie encore à sa fille, par-delà la mort. Dans le même temps, le roman se fait choral en laissant la parole à d’autres personnes affectées par l’incendie, dans une tentative de transcender l’horreur par l’espoir et le pardon.
*****
VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER : Tropique de la violence, de Nathacha Appanah
A quinze ans, Moïse découvre que Marie, la femme qui l’a élevé, n’est pas sa mère. Révolté, il tombe sous la coupe d’une bande extrêmement dangereuse qui va faire de son quotidien un enfer… Nous sommes à Mayotte, minuscule département français perdu dans l’océan Indien, au large de Madagascar. Un bout de France ignoré, méprisé, étouffé par une immigration incontrôlable en provenance des Comores voisines, et où la violence et la misère vont de pair. La Mauricienne Nathacha Appanah en tire un roman qui devrait remuer les tripes.
HER : Ada, d’Antoine Bello
Un policier de la Silicon Valley est chargé de retrouver une évadée d’un genre très particulier : il s’agit d’Ada, une intelligence artificielle révolutionnaire, dont la fonction est d’écrire en toute autonomie des romans à l’eau de rose. En menant son enquête, Frank Logan découvre pourtant que sa cible développe une sensibilité et des capacités si exceptionnelles qu’il en vient à douter du bien-fondé de sa mission…
BONNIE & CLYDE : Romanesque, de Tonino Benacquista
Un couple de Français en cavale à travers les États-Unis se réfugie dans un théâtre. La pièce à laquelle ils assistent, Les mariés malgré eux, se déroule au Moyen Age et raconte l’exil forcé d’un couple refusant de se soumettre aux lois de la communauté. Le destin des deux Français dans la salle et des personnages sur scène se répondent et se confondent, les lançant dans une vaste ronde dans le temps et l’espace, une quête épique où ils s’efforceront de vivre leur amour au grand jour…
PORCO ROSSO : Règne animal, de Jean-Baptiste Del Amo
Au cours du XXe siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à devenir un élevage porcin. En deux époques, cinq générations traversent les grands bouleversements historiques, économiques et industriels. C’est déjà le quatrième roman du jeune Jean-Baptiste Del Amo (34 ans), qui revient ici avec un sujet sérieux et ambitieux – du genre qui doit mener à un prix littéraire…
LA MAIN SUR LE BERCEAU : Chanson douce, de Leïla Slimani
Dans le jardin de l’ogre, le premier roman de Leïla Slimani – histoire d’une jeune femme, mariée et mère de famille, rongée par son addiction au sexe -, n’était pas passé inaperçu, loin de là. Son deuxième, qui relate l’emprise grandissante d’une nourrice dans la vie d’une famille, pourrait constituer une confirmation de son talent pour poser une situation de malaise et provoquer une réflexion sociétale stimulante.
POST COITUM ANIMAL TRISTE : L’Insouciance, de Karine Tuil
En 2009, le lieutenant Romain Roller rentre d’Afghanistan après avoir vécu une liaison passionnée avec la journaliste et romancière Marion Decker. Comme il souffre d’un syndrome post-traumatique, son retour en France auprès de sa femme et de son fils se révèle difficile. Il continue à voir Marion, jusqu’à ce qu’il découvre qu’elle est l’épouse du grand patron de presse François Vély… Il y a de l’ambition chez Karine Tuil, à voir si le résultat est à la hauteur.
*****
ÇA FAIT PAS UN PLI : Monsieur Origami, de Jean-Marc Ceci
Un jeune Japonais tombe amoureux d’une femme à peine entrevue, et quitte tout pour la retrouver. Il finit par échouer en Toscane, où il s’adonne en ermite à l’art du pliage japonais. Pour tous, il devient Monsieur Origami…
UNSUCCESS STORY : L’Autre qu’on adorait, de Catherine Cusset
A vingt ans, Thomas a tout pour réussir. Il mène des études brillantes, séduit les femmes et vit au rythme frénétique de Paris. Mais après avoir échoué à un concours que réussit son meilleur ami, et s’être fait larguer par sa petite amie, sa vie entame une trajectoire descendante que rien n’arrêtera… Think positive à la française.
ROMAN PAS X : Livre pour adultes, de Benoît Duteurtre
Inspiré par la mort de sa mère, Duteurtre annonce un livre à la croisée de l’autobiographie, de l’essai et de la fiction. Il ira croiser sans moi, son Ordinateur du Paradis m’ayant dissuadé de perdre à nouveau mon temps avec cet auteur.
NAISSANCE DES FANTÔMES : Crue, de Philippe Forest
Un homme marqué par le deuil revient dans la ville où il est né, où les constructions nouvelles chassent peu à peu les anciennes. Il rencontre un couple, s’envoie Madame et papote avec Monsieur qui affirme que des milliers de gens disparaissent. D’ailleurs, Monsieur et Madame disparaissent à leur tour. Puis la ville est envahie par les flots…
À L’EST D’EDEN : Nouvelle Jeunesse, de Nicolas Idier
Dans le Pékin contemporain, des jeunes vivent d’excès. Ils sont poètes, rockers ou amoureux, et incarnent la nouvelle jeunesse de cette ville en mutation.
UNE BELLE HISTOIRE : Les deux pigeons, d’Alexandre Postel
Théodore a pour anagramme Dorothée. Ça tombe bien, ce sont les prénoms des héros du troisième livre d’Alexandre Postel (intéressant mais imparfait dans L’Ascendant et Un homme effacé). Ils sont jeunes, ils sont amoureux, et se demandent comment mener leurs vies… C’est une romance d’aujourd’hui.
ENGAGEZ-VOUS RENGAGEZ-VOUS QU’ILS DISAIENT : Nos lieux communs, de Chloé Thomas
Sur les pas des étudiants d’extrême gauche, Bernard et Marie sont partis travailler en usine dans les années 1970. Bien des années plus tard, Jeanne recueille leurs témoignages et celui de leur fils, Pierre, pour tenter de comprendre leurs parcours. Premier roman.
A première vue : la rentrée Flammarion 2016
Le chiffre est tombé récemment, il n’y aura « que » 560 romans publiés durant la rentrée littéraire de l’automne 2016, un chiffre en baisse qui confirme une tendance des éditeurs à maîtriser leur rythme de publication, espérant ainsi privilégier la qualité à la quantité. On distingue même une tendance régulière de cinq ou six romans français ou francophones, pour deux ou trois romans étrangers – mouvement que l’on retrouve chez Flammarion, avec pas mal de noms connus en tête d’affiche. Pas de quoi devenir hystérique, mais disons qu’à première vue, le programme paraît correct…
Y’EN A MÊME QUI DISENT QU’ILS L’ONT VU VOLER : Soyez imprudents les enfants, de Véronique Ovaldé
Dans la famille Bartolome, un seul précepte est adressé aux adolescents : « soyez imprudents les enfants ». A 13 ans, Atanase, la petite dernière, n’a pourtant encore rien entendu de tel et piaffe d’impatience. La découverte d’un tableau et le mystère entourant son peintre rencontrent le désir d’aventure de la jeune fille, qui part à la recherche de l’artiste pour essayer de comprendre avec lui pourquoi son œuvre l’a bousculée à ce point…
LES OISEAUX : Repose-toi sur moi, de Serge Joncour
Des corbeaux colonisent la cour d’un immeuble parisien. Terrorisée par leur présence, une jeune styliste sollicite l’aide de son voisin, ex-agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ce curieux événement va évidemment les rapprocher et faire basculer leurs vies… Un roman d’amour sur fond de choc des cultures entre ville et campagne : avec Joncour, bon conteur doué pour l’ironie, tout est possible.
POLYPHONIE SUISSE : Vivre près des tilleuls, de l’AJAR
Ce roman est avant tout un projet singulier, car il est l’œuvre de 18 auteurs, Suisses romands (AJAR étant l’acronyme de « Association de Jeunes Auteur-e-s Romandes et romands), tâchant de faire voix commune pour raconter une seule et même histoire, celle d’une écrivaine suisse dont on découvre par hasard un journal intime dans lequel elle relate l’impossible deuil de sa fille. Forcément un objet de curiosité formelle, quant au fond…
366 : L’Année la plus longue, de Daniel Grenier
Ce petit pavé (432 pages) a franchi l’Atlantique depuis son Québec natal pour venir nous conter en toute simplicité trois siècles d’histoire en Amérique du Nord, à travers les destins croisés de deux hommes nés un 29 février – l’un des deux en profitant pour ne vieillir que tous les quatre ans… Sur le papier, une grande fresque romanesque dont le les Québécois ont le secret, par un auteur de 36 ans dont c’est le premier roman.
*****
JE EST UN AUTRE : Le Vieux saltimbanque, de Jim Harrison
La rentrée littéraire étrangère sera marquée par plusieurs publications posthumes (Henning Mankell, Umberto Eco), dont le dernier roman de Jim Harrison, paru aux USA un mois avant sa mort. Pour ce livre, Harrison fait le choix d’une autobiographie masquée, puisqu’il prête à un narrateur, écrivain en mal d’inspiration, les moments marquants de sa propre vie. L’une des sorties importantes de la rentrée, par la force des choses.
CE N’EST PAS CE QUE VOUS CROYEZ (BANDE DE GROS DÉGOÛTANTS) : I love Dick, de Chris Kraus
Une femme mariée tombe follement amoureuse d’un homme prénommé Dick, à qui elle se met à écrire ; par jeu ou par défi, le mari de cette femme entame lui aussi une correspondance avec Dick… Publié en 1997 aux Etats-Unis, I love Dick est un livre culte aux États-Unis, considéré par une journaliste du Guardian comme « le livre le plus important sur les relations homme-femme qui ait été écrit au XXème siècle ». Rien que ça. On demande à voir, même si le pitch ne nous fait pas plus rêver que cela.
*****
BONUS / LE ROMAN FANTÔME : Babylone, de Yasmina Reza
Je vous aurais bien dit un mot également du nouveau roman de Yasmina Reza, surtout que j’avais aimé son précédent, Heureux les heureux. Mais faute de savoir de quoi il est question (aucun résumé digne de ce nom n’est disponible), nous devrons attendre la sortie du livre.
A première vue : la rentrée Actes Sud 2016
Allez, comme les précédents étés, c’est reparti pour la rubrique À première vue, dans laquelle nous vous présentons rapidement une partie de la rentrée littéraire qui atterrira sur les tables des libraires à partir de la mi-août. 560 romans au programme cette année, soit un peu moins que l’année dernière – mais encore trop, surtout que ce cru 2016 ne part pas forcément gagnant. Il y aura quelques grands rendez-vous, mais d’après le premier panoramique que nous avons pu faire, ils seront rares, égarés au milieu de nombreux titres carrément dispensables…
2015 a été l’année Actes Sud, avec notamment la sortie événement du quatrième tome de Millenium, le triomphe extraordinaire du Charme discret de l’intestin de Giulia Enders, et la consécration de Mathias Enard, couronné du prix Goncourt pour Boussole. Cette année, les éditions arlésiennes présentent une rentrée solide, qui comptent des valeurs sûres aussi bien en littérature française (Gaudé, Vuillard, Goby) qu’étrangère (Salman Rushdie). Pas de folie des grandeurs donc (ouf !), et quelques jolies promesses.
A LA LANTERNE : 14 juillet, d’Eric Vuillard (lu)
Encore trop méconnu du grand public, Eric Vuillard est pourtant l’un des auteurs français les plus intéressants et talentueux de ces dernières années, dont la spécialité est de mettre en scène des pages d’Histoire dans des récits littéraires de haute volée – nous avions adoré il y a deux ans Tristesse de la terre, récit incroyable autour de Buffalo Bill. Espérons que son nouveau livre lui gagnera les faveurs d’innombrables lecteurs, car il le mérite largement : 14 juillet, comme son titre l’indique, nous fait revivre la prise de la Bastille – mais comme on l’a rarement lu, à hauteur d’homme, parmi les innombrables anonymes qui ont fait de cette journée l’un des plus moments les plus déterminants de l’Histoire de France, au coeur du peuple et non pas du point de vue des notables. Puissant, littérairement virtuose, ce petit livre offre de plus une résonance troublante avec notre époque. L’un des indispensables de la rentrée.
MOURIR POUR SES IDÉES : Écoutez nos défaites, de Laurent Gaudé
Prix Goncourt en 2004 pour Le Soleil des Scorta, Laurent Gaudé donne l’impression de faire partie du décor littéraire français depuis très longtemps. Il n’aura pourtant que 44 ans lorsqu’il présentera fin août son nouveau roman, réflexion sur l’absurdité des conquêtes et la nécessité sans cesse renouvelée de se battre pour l’humanité ou la beauté. Écoutez nos défaites met en scène un agent des renseignements français chargé de traquer un membre des commandos d’élite américains soupçonné de trafics divers, et qui rencontre une archéologue irakienne tentant de préserver les œuvres d’art des villes bombardées. Un livre qui paraît aussi ancré dans le réel que l’était Eldorado au milieu des années 2000 sur le drame des migrants.
TOUSS TOUSS : Un paquebot dans les arbres, de Valentine Goby
Très remarquée pour l’ambitieux et poignant Kinderzimmer il y a trois ans, Valentine Goby change de décor pour nous emmener à la fin des années 50, dans un sanatorium où sont envoyés tour à tour les parents de Mathilde. Livrée à elle-même, sans aucune ressource, la courageuse adolescente entreprend alors tout ce qui est possible pour faire sortir son père et sa mère du « grand paquebot dans les arbres »…
MOTIVÉ : Ma part de Gaulois, de Magyd Cherfi
Le chanteur du groupe Zebda évoque son adolescence au début des années 80, à Toulouse, alors qu’il se fait remarquer simplement parce que lui, petit rebeu de quartier défavorisé, ambitionne de passer et de réussir son bac… Un texte autobiographique qui ne devrait pas manquer de mordant et de poésie, connaissant le bonhomme.
LE CINÉMA, C’EST… : Sauve qui peut (la révolution), de Thierry Froger
Et si Godard avait voulu réaliser un film sur la Révolution française intitulé Quatre-vingt-treize et demi ? C’est le postulat de départ du premier roman de Thierry Froger, pavé de 450 pages qui sera soit étourdissant, soit royalement pompeux – c’est-à-dire, soit révolutionnaire soit godardien. Un gros point d’interrogation sur ce livre.
(PAS) CAPITALE : Les Parisiens, d’Olivier Py
Une plongée dans la nuit parisienne, dans le sillage d’un jeune provincial, Rastignac des temps modernes, qui rêve de théâtre et de mettre la capitale à ses pieds… Olivier Py devrait encore agacer avec ce nouveau livre au parfum bobo en diable, qui nous laisse penser qu’il devrait se consacrer pleinement au festival d’Avignon et au théâtre plutôt que d’encombrer les tables des libraires avec ses élucubrations littéraires.
*****
UNE BONNE PAIRE DE DJINNS : Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits, de Salman Rushdie
Le plus barbu des vieux sages romanciers propose cette fois un conte philosophique, dans lequel des djinns, créatures mythiques et immortelles, décident de se mêler aux humains pour partager leurs vies pleines de folie et de déraison. L’occasion, par le filtre de la fiction fantastique, d’une vaste réflexion sur l’histoire humaine.
SAGA SUÉDÉE : Fermer les yeux (Le Siècle des grandes aventures t.4) – titre incertain
Le romancier suédois poursuit sa vaste geste contemporaine qui explore les bouleversements du XXème siècle, en confrontant Lauritz, l’aîné des frères Lauritzen héros de la saga, au drame de la Seconde Guerre mondiale.
WHEN YOU BELIEVE : Le Roman égyptien, d’Orly Castel-Bloom
A travers les époques et les pays, entre l’Égypte biblique, l’Espagne de l’Inquisition et les kibboutz israéliens, l’errance des Castil, une famille juive. Ce roman a reçu l’équivalent du prix Goncourt égyptien.
FRANCE-ALLEMAGNE, LE RETOUR : Les Insatiables, de Gila Lustiger
Gila Lustiger est allemande mais vit en France. Son nouveau roman, qui suit l’enquête opiniâtre d’un journaliste sur un meurtre vieux de 27 ans qui vient d’être résolu grâce à l’ADN, dresse un tableau sans concession de la France contemporaine. Grosse Bertha : 1 / Ligne Maginot : 0.
DEUXIÈME ÉTOILE A DROITE ET TOUT DROIT JUSQU’AU MATIN : Phare 23, de Hugh Howey
L’auteur de la trilogie à succès Silo revient avec un nouveau roman de S.F., publié dans la collection Exofictions. Nous sommes au XXIIIème siècle et les phares se trouvent désormais dans l’espace, où ils guident des vaisseaux voyageant à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Construits pour être robustes, à toute épreuve, ces phares sont les garants de l’espace stellaire. Mais que se passerait-il en cas de dysfonctionnement ?…
L’Angoisse de la page folle, d’Alix de Saint-André
Signé Bookfalo Kill
On ne dirait pas comme ça, mais j’aime bien Alix de Saint-André. Je l’avais découverte il y a longtemps avec son premier livre, un polar joliment intitulé L’Ange et le réservoir de liquide à frein, à la fois drôle, tragique et étrangement mélancolique. D’autres livres sont passés par là depuis (Papa est au Panthéon, qui m’avait bien amusé, ou En avant, route !, récit assez hilarant de pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle), et ont contribué à me rendre sympathique cette journaliste écrivain fofolle et iconoclaste.
Si je rappelle tout ceci, c’est évidemment parce que L’Angoisse de la page folle ne m’a pas convaincu du tout. Pourtant, sur le papier, ce bouquin semblait lui aller comme un gant : elle y raconte comment un traitement au baclofène, médicament générique censé neutraliser les addictions, l’a conduite sur la voie de l’insomnie chronique, doublée d’une frénésie aussi générale qu’incontrôlable – la rendant au passage totalement hermétique au mal de l’écrivain, l’angoisse de la page blanche…
Un peu foutraque au départ, le récit se structure ensuite au fil d’emails reconstitués par Alix de Saint-André, puis d’un journal qu’elle a tenu, histoire de trouver par l’écrit la mémoire qui lui a fait défaut lorsque le traitement lui est monté au cerveau. Problème : le dispositif est longuet, plein de détails personnels et de références à des personnages que nous ne connaissons pas, parfois répétitif et au bout du compte assez inintéressant. Qu’a voulu faire la romancière finalement ? Un procès de la médication à outrance ? On ne dirait pas. Un récit personnel plein d’ironie et de sincérité ? Ouais, bon, oui, bof.
Formellement, même si le rythme est soutenu et le ton enlevé, rien d’excitant non plus…
Bref, pas d’effets secondaires pour moi à la fin de cette lecture. Ni angoisse, certes (c’est déjà ça), ni plaisir (c’est bien dommage). Un oubli quasi instantané, à la limite, ce qui n’est guère plus glorieux.
L’Angoisse de la page folle, d’Alix de Saint-André
Éditions Gallimard, 2016
ISBN 978-2-07-017988-6
320 p., 21,50€
A première vue : la rentrée Flammarion 2015
Flammarion continue à jouer la carte de la sobriété en 2015, avec seulement sept titres français et un étranger (comme l’année dernière). Et, à première vue, la qualité s’en ressent, puisque le panel est assez intéressant et varié cette année.
SIX FEET UNDER : Il était une ville, de Thomas B. Reverdy (en cours de lecture)
L’auteur des Évaporés campe son nouveau roman dans les rues abandonnées de Detroit, capitale emblématique de la crise aux Etats-Unis. Tout en dressant le tableau effarant d’une ville en faillite, désertée et quasi rendue à l’état sauvage, Reverdy suit les destins parallèles d’Eugène, un ingénieur automobile français parachuté là pour un projet bidon ; Charlie, jeune garçon qui décide d’accompagner un de ses amis maltraité par sa mère dans une escapade à la Stephen King ; et le lieutenant Brown, policier usé mais tenace qui enquête sur le nombre très élevé de disparitions d’enfant en ville… Soit un mélange étonnant, qui met un peu de temps à prendre mais finit par très bien fonctionner.
BREAKING BAD : Les ennemis de la vie ordinaire, d’Héléna Marienské (lu)
Les ennemis du titre, ce sont les patients de Clarisse, tous atteints d’addictions sévères, que ce soit au jeu, à la drogue, au sexe et autres réjouissances. Persuadée d’avoir l’idée du siècle, la psychiatre décide de les réunir pour une thérapie du groupe qui devrait, selon elle, leur permettre de résoudre collectivement leurs problèmes. Mais au contraire, loin de se soigner, les sept accros finissent par se refiler leurs addictions… Une comédie trash et malpolie (voire olé-olé par moments), de plus en plus drôle et attachante jusqu’à un final complètement délirant. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais Marienské assume son idée avec une gouaille réjouissante.
CASTLE : Juste avant l’oubli, d’Alice Zeniter
Changement de registre pour l’auteure du salué Sombre dimanche, histoire d’une famille hongroise au XXe siècle. Cette fois, elle met en scène un couple, Franck et Emilie : lui est très amoureux d’elle, elle n’en a que pour un auteur de polar culte, disparu mystérieusement en 1985, dont elle est une spécialiste. A l’occasion d’un colloque qu’Emilie organise sur une île, Franck décide de la suivre et de la demander en mariage. Mais tout va vite déraper… Très tentant pour nous, notamment pour la mise en scène apparemment très réussie d’un romancier qui n’existe pas, on en reparlera à coup sûr !
HOUSE OF CARDS : Vladimir Vladimirovitch, de Bernard Chambaz
Il l’ignore sûrement, mais Poutine a un parfait homonyme prénommé Vladimir Vladimirovitch. Lequel Vladimir Vladimirovitch, après avoir surpris une once d’émotion sur le visage de marbre du Président, se passionne pour la vie de son célèbre homonyme (vous suivez ?) Portrait en creux de l’un des hommes les plus puissants et dangereux de la planète, ce roman vaudra ou non le coup d’oeil selon la profondeur du regard de l’auteur.
GREY’S ANATOMY : L’Exercice de la médecine, de Laurent Seksik
Une femme femme, cancérologue à Paris, tente d’échapper à l’héritage d’une famille pratiquant la médecine à chaque génération. Un roman généalogique qui sert de prétexte à une balade dans le siècle, de la Russie tsariste ou stalinienne au Berlin des années 20.
DESPERATE HOUSEWIFE : Un amour impossible, de Christine Angot
Il paraitrait à ce qu’il paraît que l’Angot nouveau est supportable, voire appréciable. Revenant une fois encore sur son histoire familiale (pour ceux qui l’ignoreraient, elle a été violée par son père lorsqu’elle était adolescente), la délicieuse Christine se focalise cette fois, mais gentiment, sur sa mère. D’où le côté plus aimable, plus apaisé, de ce roman.
SEPT A LA MAISON : Le Renversement des pôles, de Nathalie Côte
Deux couples partent en vacances sur la Côte d’Azur dans deux appartements voisins. Ils espèrent en profiter, mais la période estivale va être surtout l’occasion d’exprimer non-dits et rancoeurs. Des faux airs de Vacances anglaises, le roman de Joseph Connolly, dans ce pitch. A voir si ce sera aussi méchant ! (Premier roman)
PEAKY BLINDERS : Péchés capitaux, de Jim Harrison
Retour sous la plume de l’illustre romancier américain de l’inspecteur Sunderson, apparu dans Grand Maître. Désormais retraité, Sunderson s’installe dans le Michigan et s’accommode de voisins quelques peu violents, le clan Ames, dont il aide même l’un des membres à écrire un polar. Mais le jour où Lily Ames, sa femme de ménage, est tuée, rien ne va plus…
Nous, les chats… de Claude Habib
« Clarice, faut que vous lisiez ça, ça va vous plaire ».
Voilà comment je me suis retrouvée avec Nous, les chats… entre les pattes. Claude Habib est professeur à la fac de Paris, je la connaissais plutôt habituée aux écrits de Rousseau et au XVIIIème siècle que fervente admiratrice de la gente féline.
Cet ouvrage, c’est l’autobiographie d’un chat philosophe. Un croisement parfait des deux matous stars du dessin animé Les Aristochats : Thomas O’Malley, pour la vie de chat sauvage, et Duchesse, pour le langage châtié qu’il utilise.
Ce chat n’a pas de nom, il vit dans un no man’s land, élevé entre un frère fourbe et une sœur qui finira « plate » sur la bande d’asphalte. Il nous raconte sa vie, ses combats, ses pulsions de tous les jours.
L’écriture est très intelligente, c’est très beau. On sent la professeur d’université derrière ce texte brillant. Claude Habib doit avoir un si ce n’est plusieurs chats qu’elle observe malicieusement du coin de l’œil. Qui ne s’est jamais demandé ce que pensait un chat, un chien?
Nous, les chats… est une très belle déclaration d’amour à ceux qui n’ont pas la parole. A offrir à tous les lettrés mordus de chat !
Nous, les chats… de Claude Habib
Éditions de Fallois, 2015
9782877068871
125p., 15€
Un article de Clarice Darling