L’Etoile du Hautacam, de Pierric Bailly
Signé Bookfalo Kill
À la mort de sa grand-mère, Simon Meyer décide de quitter Paris pour venir s’installer dans la maison de son aïeule, dans le village de Stellange. A la capitale, il ne laisse que des regrets, un amour éteint, des amis qu’il ne comprend plus guère et des rêves de grandeur cinématographiques étouffés dans l’œuf.
Sur la route, pourtant, un étrange événement change tout. Voici qu’il retrouve Stellange, non plus en Lorraine, mais perché sur un plateau en suspension à quinze kilomètres au-dessus des Pyrénées, au-dessus de la station de Hautacam à laquelle il est relié par une tour de béton. Et lui, Simon, que l’on surnomme là-haut « l’enfant du soulèvement », est un peu le héros local, celui qui a permis au village de devenir L’Étoile du Hautacam l’un des lieux les plus courus du monde, lieu de plaisirs et d’une vie dont toute concurrence et toute mesquinerie semblent chassées. Mais les apparences valent-elles quelque chose dans un monde chimérique ?
Bien que le récit nous emmène très vite en haute altitude, il faut attendre la troisième partie du livre pour le voir décoller. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir campé auparavant force péripéties et personnages loufoques ; mais le style de Pierric Bailly, totalement neutre, n’est jamais en adéquation avec la folie d’un propos qu’il place notamment sous le patronage ambitieux de Lewis Carroll – l’étrange événement qui fait basculer l’intrigue est une rencontre autoroutière avec un lapin blanc…
Pendant les trois quarts du roman, le ton est donc d’une platitude désolante. Anecdotique ? On peut parfois se régaler d’un roman pas très bien écrit, mais dont le récit est si impeccablement mené qu’on en oublie les scories de la plume. Mais là, ça coince. Comment croire à ces quelques personnages loufoques (une vieille dame chauve qui passe des heures à parler aux poules, un homme qui se transforme en coq – oui, il y a un truc avec les gallinacés…) alors que la plupart des autres manquent totalement de personnalité, souvent réduits à un simple prénom ? Comment s’amuser des aventures de ces héros flous quand les descriptions sans relief s’enchaînent et que le rythme peine à s’emballer ? Vous devinez la réponse : je n’ai pas pu. J’ai traversé le roman sans jamais l’investir, pas rebuté mais jamais emballé non plus.
Quand je dis néanmoins que la fin de L’Étoile du Hautacam est meilleure que le reste, c’est parce que Pierric Bailly y explicite enfin son idée romanesque, celle de rendre hommage à la culture populaire, aux films de séries B ou Z, aux récits d’aventure – et que, soudain, l’écriture devient fluide, inspirée, comme si le romancier avait enfin trouvé la clef de la porte menant au pays des merveilles. Trop tard, malheureusement, juste de quoi donner au lecteur le regret d’être passé à côté d’une histoire qui aurait pu être digne de figurer de l’autre côté du miroir.
L’Étoile du Hautacam, de Pierric Bailly
Éditions P.O.L., 2016
ISBN 978-2-8180-2127-9
328 p., 17€
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