Atlas des préjugés, de Yanko Tsvetkov
Signé Bookfalo Kill
Bon, je le précise tout de suite, pour ceux dont le second degré est un peu lent à la détente : CECI EST DE L’HUMOUR.
Grand amateur de cartes devant l’éternel, Yanko Tsvetkov a un jour imaginé de transposer de cette manière les innombrables clichés que chaque peuple ou communauté entretient vis-à-vis de tous les autres, voisins proches ou non, souvent depuis des siècles.
Pour mieux asseoir sa démonstration, il commence par remonter aux temps anciens, depuis la perception du monde qu’avait sûrement l’homme préhistorique (au centre d’une série de cercles concentriques : « Moi », puis « les animaux qui veulent me manger », puis « les animaux que j’aimerais vraiment manger », et enfin, à l’extérieur des cercles, « le grand mystère du je-ne-sais-quoi ») jusqu’à notre époque, en passant par le Moyen Âge ou la Grèce Antique, dont voici ci-dessous la représentation du monde :
Pour ceux qui dormaient contre le radiateur bouillant au fond de la classe (oui, il fait vraiment froid aujourd’hui, le chauffage est à fond), je rappelle que cet exercice est humoristique.
Oui, mais pas que, forcément. Parce qu’il y a dans ce regard décalé de Yanko Tsvetkov un fond de vérité qui relève aussi de l’exercice sociologique. Ces préjugés ont évidemment du vrai, et il faudrait souffrir de la pire mauvaise foi pour ne pas l’admettre.
Oui, nous, les Français, quand nous pensons « Irlande », nous avons tendance à penser spontanément « catholiques » ; ou, pour « Pologne », « plombiers ». Oui, il est plus que probable que les Américains considèrent l’Irak comme « leur Vietnam 2.0 » ou qu’ils assimilent le Kazakhstan à… Borat, le personnage créé par Sacha Baron Cohen – qui avait valu d’ailleurs de nombreuses plaintes des Kazakhs, furieux d’être réduits à cet amas de clichés ne les faisant pas rire du tout (et on peut les comprendre).
S’il fait souvent mouche grâce à l’humour de ses textes de présentation ainsi qu’à un sens de la formule aiguisé, capable de saisir en un mot ou deux un préjugé et d’en faire quelque chose d’à la fois drôle et identifiable, Yanko Tsvetkov livre surtout avec cet Atlas une photographie de notre temps, car nombre de références, par exemple à Merkel ou Hollande, sont totalement contemporaines. Peut-être en rirons-nous encore plus dans dix ou vingt ans… ou pas !
Mais pour ricaner des autres autant que de soi-même, voici pour Noël un chouette cadeau à offrir – à des gens qui ont du second degré, évidemment.
Atlas des préjugés, de Yanko Tsvetkov
Traduit de l’anglais par Jean-Loup Chiflet et Christiane Courbey
Éditions les Arènes, 2014
ISBN 978-2-35204-359-1
80 p., 14,90€
Je crois que je sais à qui je vais l’offrir.
3 décembre 2014 à 16:56
Une excellente idée, pour combattre les préjugés, il faut les montrer, les pousser, les utiliser à leur paroxysme. J’ai tous les degrés donc, ça me fera rire. Yapuka l’acheter !
27 mars 2020 à 21:29
Ah oui, bon souvenir que ce livre ! Et effectivement, il fonctionne très bien – à condition de savoir lire entre les lignes de l’ironie, de l’exagération, etc.
Pour ma part, je trouve ce genre d’exercice très salutaire, sans parler du fait qu’il incite à réfléchir et, peut-être, à s’améliorer… Bon, d’accord, je rêve un peu sans doute. Mais il faut bien, sinon ce serait l’horreur !
28 mars 2020 à 08:34
Vu que je sais pratiquer l’humour noir, je pense que je ne m’offusquerai pas… Le belge sait rire de lui-même et des autres.
faut parfois shooter dans les tibias des gens pour les réveiller et leur faire prendre conscience.
28 mars 2020 à 21:59