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À première vue : la rentrée Julliard 2021


Intérêt global :


Chez Julliard, tout est à refaire ou presque. En quittant la maison qu’ils animaient depuis 1995 pour créer leur propre marque, Betty Mialet et Bernard Barrault ne sont pas partis les mains vides, puisqu’ils ont embarqué la plus grande partie de leurs auteurs phares – et non des moindres : Philippe Jaenada, Yasmina Khadra, Jean Teulé, Lionel Duroy, Mazarine Pingeot, Fouad Laroui… Beaucoup de beau linge, gros vendeurs par-dessus le marché.
À la tête du label depuis 2019, Vanessa Springora doit donc tout rebâtir. Pour sa deuxième rentrée d’automne, elle comptera sur l’expérience d’un gone du Chaâba, sur un transfuge d’Actes Sud, et sur une primo-romancière.

À première vue, pas le programme le plus fou de l’année, on va donc faire vite (et remercier le logiciel professionnel Électre pour la qualité et la concision de ses résumés).


Les confluents, d’Anne-Lise Avril
Journaliste free-lance, Liouba parcourt le monde à la recherche de sujets liés au changement climatique. En Jordanie, où elle observe une communauté de Bédouins replanter une forêt native dans le désert, elle croise Talal, un photoreporter. Une amitié se noue, puis une attirance. D’année en année, le destin ne cesse de les ramener l’un vers l’autre puis de les séparer. Premier roman.

L’arbre ou la maison, d’Azouz Begag
À la mort de leur mère, deux frères franco-algériens, Azouz et Samy, retournent à Sétif après des années d’absence pour vérifier l’état de la maison familiale. Tandis que cette perspective n’enchante guère le second, le premier est impatient d’assister à la révolution démocratique qui secoue le pays. Mais sur place, ils ne reconnaissent plus rien et sont devenus des étrangers aux yeux des locaux.

Celle qui se métamorphose, de Boris Le Roy
Un matin, Nathan se réveille aux côtés d’une femme qui n’est pas exactement celle auprès de laquelle il s’est endormi. Tout en Anne est désormais plus affûté : ses traits semblent plus lisses, son corps plus musclé, sa bouche plus pulpeuse. Et c’est aussi sa supérieure hiérarchique. Entre comédie psychanalytique, fable surréaliste et digression philosophique, ce roman interroge la déroute masculine face aux mutations sociales du genre.

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À première vue : la rentrée Zoé 2020

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Intérêt global :

sourire léger


Je n’ai jamais parlé des éditions Zoé par ici. Et, franchement, on n’est pas loin de la faute professionnelle, tant cette maison suisse a su, ces dernières années, renouveler son catalogue et aligner quelques découvertes remarquables. Je pense notamment au romancier canadien Richard Wagamese (dont je n’ai jamais chroniqué les livres sur ce blog, ce qui est carrément honteux tant je le considère comme l’une de mes plus belles découvertes anglo-saxonnes de ces dernières années), ou à la jeune Française d’origine coréenne Elisa Shua Dusapin – qui figure d’ailleurs dans cette rentrée 2020, au côté d’une consœur française qui fait son entrée dans la maison, et d’un auteur sud-africain déjà publié par Zoé.


Elisa Shua Dusapin - Vladivostok CircusVladivostok Circus, d’Elisa Shua Dusapin

C’est un cirque, à Vladivostok. (Oui, le titre du roman a été judicieusement choisi.) À l’abandon entre deux saisons, il accueille trois athlètes qui s’entraînent à la barre russe et se préparent à un concours international, où ils ont l’ambition de réussir quatre sauts périlleux sans descendre de la barre. Le genre de performance qui nécessite un entraînement intensif, et une confiance sans faille entre Anna, la fille du trio, et les deux garçons qui la font voltiger, Nino et Anton.
Romancière pointilliste, qui exprime autant par ses mots choisis avec soin que par les silences et les non-dit qu’elle ménage entre eux, Elisa Shua Dusapin devrait surprendre encore une fois, après son superbe Hiver à Sokcho (qui se déroulait en Corée, pas loin de la frontière entre le nord et le sud) et Les billes du Pachinko, ancré à Tokyo mais encore habité par les racines coréennes de la jeune auteure.

Colombe Boncenne - Vue merVue mer, de Colombe Boncenne

Après une première brique posée chez Stock alors qu’elle avait à peine vingt ans, Colombe Boncenne a œuvré dans le monde de l’édition avant de revenir quatorze ans plus tard chez Buchet-Chastel avec un deuxième roman très remarqué, Comme neige. Il aura donc fallu attendre encore quatre ans pour la voir reprendre la plume, désormais hébergée chez Zoé, et signer Vue mer, un bref texte d’une centaine de pages. Où l’on fait connaissance avec Stefan, un chef d’entreprise décidé à annoncer une grande nouvelle qui va bouleverser la vie de son entreprise. Sauf que, en ce matin décisif, sa voiture ne démarre pas. Et voici le patron, cloîtré dans sa voiture, qui s’adresse tout de même à ses employés – lesquels, on le découvre, tiennent tous un rôle précis dans cette vaste comédie humaine qu’est le quotidien d’une entreprise…

Ivan Vladislavic - DistanceDistance, d’Ivan Vladislavic
(traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Georges Lory)

Branko sait comment on embrasse les filles, rêve de gagner le Tour de France et aime fouiller dans les affaires de son petit frère Joe. Qui, lui, joue aux billes, invente des langages farfelus et rassemble dans des albums les coupures de journaux qu’il lit sur son idole, Mohamed Ali. Même si, dans cette famille sud-africaine blanche des années 1970, leur père refuse d’appeler le mythique boxeur autrement que Cassius Clay.
Quarante ans plus tard, Joe décide de s’inspirer de ses albums pour son nouveau roman. À l’aide de Branko, il va réduire la distance qui les sépare de leur passé commun.


BILAN


Lecture probable :
Vladivostok Circus, d’Elisa Shua Dusapin

Lectures hypothétiques :
Vue mer, de Colombe Boncenne
Distance, d’Ivan Vladislavic


À première vue : la rentrée Philippe Rey 2020

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Intérêt global :

neutrre


De la saleté, des cafards et la mort : si on la résume à ses titres, la rentrée Philippe Rey semble un condensé de joie et d’optimisme. Vous vous attendez à ce que je démente ? Ben… à première vue, je peux difficilement prétendre le contraire. Ce qui n’empêche pas ce programme d’avancer éventuellement de solides pions littéraires. On ne peut pas rigoler tout le temps, non plus. Surtout pas dans le monde qui est le nôtre.


Joyce Carol Oates - Ma vie de cafardMa vie de cafard, de Joyce Carol Oates
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Claude Seban)

La plus prolifique des auteures américaines est à nouveau au rendez-vous de la rentrée littéraire, avec un roman certes moins gros que l’année dernière, mais qui affiche tout de même ses 500 pages et son ambition de scruter la cellule familiale dans ses moindres recoins, même (surtout ?) les plus sordides. Soit l’histoire de Violette, l’une des sept enfants de la famille Kerrigan, qui se retrouve honnie et bannie par les siens et par sa communauté après avoir dénoncé à 12 ans ses frères, auteurs d’un crime raciste. Un exil qui l’oblige à s’émanciper et à tracer sa propre voie.
Pas forcément de lien direct avec le phénomène « Black Lives Matter », mais un roman qui entre tout de même en résonance avec l’actualité, et sonde plus que jamais la société américaine.

Jeanine Cummins - American DirtAmerican Dirt, de Jeanine Cummins
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Adelstain et Christine Auché)

Première traduction pour Jeanine Cummins, qui a déjà publié trois livres aux USA. Celui-ci s’ouvre au Mexique, à Acapulco, où Lydia exerce le métier de libraire et mène une vie paisible avec son mari journaliste et son fils de 8 ans. Tout se dérègle, hélas, le jour où Sebastian dévoile dans un article l’identité du chef d’un cartel, qui n’est autre qu’un excellent client de la librairie de Lydia. Cette dernière est contrainte de prendre la fuite avec son fils, et prend la route du nord, dans l’espoir de se mettre à l’abri aux États-Unis…
Plus de 500 pages pour ce périple en quête de survie, animé par l’amour qui lie inextricablement une mère et son enfant.

David Goudreault - Ta mort à moiTa mort à moi, de David Goudreault

C’est le troisième roman du Québécois David Goudreault que publie Philippe Rey en France. Celui qui a remporté la Coupe du Monde de poésie en 2011 imagine le parcours hors norme d’une poétesse, auteure d’un seul recueil devenu culte, et femme dont la vie est parsemée de mystères et de zones d’ombre, capable de jouer les trafiquantes d’armes comme de venir en aide aux marginaux.


À première vue : la rentrée des éditions le Passage 2020

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Intérêt global :

sourire léger


Rentrée cent pour cent féminine pour Le Passage qui, comme à son habitude, se présente en petit comité en cette rentrée 2020 avec deux romans. Deux promesses de voyage, de la Corse à l’Alabama, d’une intrigue insulaire resserrée sur elle-même à l’histoire d’une mère dont la fille va devenir le symbole mondial du courage et de tous les possibles.


Cécilia Castelli - Frères SoleilFrères Soleil, de Cécilia Castelli

Deuxième roman d’une jeune auteure d’Ajaccio, Frères Soleil nous reçoit en Corse, dans un coin de bord de mer synonyme d’insouciance. Deux frères y accueillent chaque été leur jeune cousin du continent, en admiration devant les deux grands qui l’entraînent dans leurs jeux et leurs parties de pêche, tandis que les adultes s’efforcent de fondre dans la chaleur du soleil les mauvais souvenirs de la famille, dont le meurtre du grand-père. Les années passent, vient l’adolescence, et le moment d’envisager l’avenir et de faire des choix. Puis un nouveau drame survient, qui remet tout en perspective…

Angélique Villeneuve - la Belle lumièreLa Belle lumière, d’Angélique Villeneuve

Le nom d’Helen Keller est familier à nombre d’entre nous. Rendue sourde et aveugle par la maladie à l’âge d’un an et demi, Helen Keller réussit à surmonter son handicap à force de volonté, et grâce au soutien d’Anne Mansfield Sullivan, une éducatrice qui lui apprend comment communiquer avec son entourage, et l’amène ensuite à maîtriser la langue des signes, le braille, puis à parler, lire et écrire. Mais quid de Kate, la mère d’Helen ? Laissée dans l’ombre de sa fille et d’Anne Sullivan, elle tient pourtant sa place dans le parcours exemplaire d’Helen. C’est à elle qu’Angélique Villeneuve consacre son nouveau roman.


BILAN


Lecture potentielle :
Frères Soleil, de Cécilia Castelli


À première vue : la rentrée Actes Sud 2020

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Intérêt global :

neutrre


Choix de l’ordre alphabétique oblige, honneur donc à la petite maison arlésienne devenue très grande. J’ai dénombré neuf nouveautés à paraître dans cette rentrée, ce qui est encore beaucoup mais plus modéré que les années précédentes (treize en 2018, par exemple).
Du côté des petits événements du monde éditorial, Actes Sud enregistre l’arrivée de Muriel Barbery, auteure de L’Élégance du hérisson et transfuge de Gallimard.
Pour le reste, pas de bouleversement à première vue, puisque le programme aligne essentiellement des noms connus de la maison. À tel point qu’on retrouve trois noms déjà présents ensemble lors de la rentrée 2017 (Lafon, Ducrozet, Ferney). On peut déjà dire que cette si particulière rentrée 2020 ne sera pas celle des prises de risque pour Actes Sud.
À suivre tout de même, un premier roman américain particulièrement dans l’air du temps, et qui devrait faire parler de lui.


LA TÊTE D’AFFICHE


Chavirer, de Lola Lafon

Lola Lafon - ChavirerDepuis La Petite communiste qui ne souriait jamais, revisitation romanesque de l’histoire de Nadia Comaneci, Lola Lafon est devenue une valeur sûre d’Actes Sud. Dans ce nouveau roman, elle choisit à nouveau une danseuse comme héroïne – mais une danseuse, non pas de compétition, mais de plateau télé, une artiste qui, par le prisme de la télévision, fait beaucoup pour rendre la danse accessible et populaire auprès du grand public.
Cléo, cependant, cache un terrible secret, ancré dans son adolescence. À l’âge de 13 ans, elle est recrutée par une certaine Fondation de la vocation, qui dissimule une organisation de prédation sexuelle. Victime, elle devient complice et coupable, en convainquant d’autres filles de la suivre dans le piège. Lorsque l’affaire resurgit trente ans plus tard, Cléo doit affronter son passé…
L’écriture précise et exigeante de Lola Lafon, sa finesse et son engagement ont tout pour transcender le sujet et faire de ce livre un jalon de la rentrée.


D’ACTUALITÉ


Margaret Wilkerson Sexton - Un soupçon de libertéUn soupçon de liberté, de Margaret Wilkerson Sexton
(traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laure Mistral)

La saga d’une famille noire de la Nouvelle-Orléans sur trois générations. Les existences d’Evelyn, Jackie et T.C. s’entremêlent et montrent comment, dans une nation en mutation, les maux de la communauté noire américaine restent, eux, les mêmes.
Comme ses personnages, Margaret Wilkerson Sexton est née et a grandi à la Nouvelle-Orléans. Si son premier roman, remarqué aux Etats-Unis lors de sa parution, est de qualité, il devrait occuper l’avancée des tables des libraires et la une de la presse spécialisée en raison de son sujet, évidemment brûlant.


DOMAINE ÉTRANGER


Salman Rushdie - Quichotte (couv FR)Quichotte, de Salman Rushdie
(traduit de l’anglais par Gérard Meudal)

S’il est un romancier contemporain qui a le picaresque dans le sang, c’est bien Salman Rushdie. Rien d’étonnant, donc, à le voir réinventer l’un des personnages les plus emblématiques de la littérature, fleuron de la littérature picaresque né de l’imagination de Cervantes. Histoire de s’amuser un peu, il fait de Quichotte un vieux représentant de commerce qui tombe raide amoureux d’une vedette de la télévision. Il se lance dans une quête épique et amoureuse à travers les États-Unis, accompagné de son fils imaginaire, Sancho.

Enrique Vila-Matas - Cette brume insenséeCette brume insensée, d’Enrique Vila-Matas
(traduit de l’espagnol par André Gabastou)

Deux frères. L’un, Simon, est traducteur de « premiers jets » et fournisseur officiel de citations pour écrivains. L’autre, Rainer, qui vit retiré à New York depuis vingt ans, est devenu un auteur culte, notamment grâce au travail occulte de Simon.
À la mort de leur père, ils se retrouvent pour la première fois à Barcelone, le jour même où la Catalogne proclame son indépendance. Dans une ambiance étrange, tandis que des hélicoptères quadrillent le ciel de la ville, les deux frères se mettent à régler leurs comptes…
Connaissant l’auteur, il faut s’attendre à une réflexion pointue et ludique sur la littérature. Et puis la vie, la mort, tout ça.

Sara Omar - La Laveuse de mortLa Laveuse de mort, de Sara Omar
(traduit du danois par Frédéric Fourreau)

Parce qu’elle est née fille et non garçon, Frmesk est en butte à la violence de son père. Pour la sauver, sa mère décide de la confier à ses propres parents. Lui, colonel à la retraite, est un érudit, éclairé sur tous les sujets, à commencer par l’Islam. Elle est laveuse de mort, qui s’occupe des corps des femmes laissées pour compte. Il faudra toute leur générosité et leur amour pour préserver au mieux la petite fille de la violence et de l’intolérance qui règnent dans leur pays, le Kurdistan…


LA TRANSFUGE


Muriel Barbery - Une rose seuleUne seule rose, de Muriel Barbery

Après quatre romans publiés chez Gallimard, dont son deuxième, L’Élégance du hérisson, fut un triomphe aussi énorme qu’inattendu, Muriel Barbery arrive donc chez Actes Sud.
Dans son nouveau livre, elle raconte l’histoire d’une femme n’ayant jamais connu son père, qui apprend à quarante ans la disparition de ce dernier, et l’existence d’un testament qui la concerne. Elle part au Japon, où vivait ce père inconnu contre lequel elle a élevé un mur de colère. Sur place, guidé par Paul, l’assistant de son père, elle entame un long chemin vers la réconciliation, qui passe aussi par la découverte d’une culture japonaise dont elle va apprendre à se nourrir.


DOMAINE FRANCOPHONE


Alice Ferney - L'intimitéL’Intimité, d’Alice Ferney

Après le beau succès des Bourgeois (2017), une grande saga familiale, Alice Ferney revient avec un roman polyphonique qui suit trois personnages en quête d’amour, de vie de famille, de paternité ou de maternité (ou non). Une réflexion sociétale et éthique, mêlée de considérations philosophiques, qui ausculte notre manière de concevoir la vie intime.

Christian Garcin - Le Bon, la Brute et le RenardLe Bon, la Brute et le Renard, de Christian Garcin

Un « road-trip taoïste », selon son éditeur. On y suit trois Chinois perdus dans le désert californien, qui cherchent la fille de l’un d’entre eux ; deux policiers américains qui, au même endroit, cherchent un autre disparu ; et un journaliste chinois, auteur de romans noirs, qui enquête à Paris sur la disparition de la fille de son patron. Trois intrigues en miroir, au service d’une comédie existentielle. Deuxième roman de Garcin chez Actes Sud, après des passages chez Gallimard, Verdier et Stock.

Magyd Cherfi - La part du SarrasinLa Part du Sarrasin, de Magyd Cherfi

Suite de Ma part de Gaulois, gros succès de 2016, où l’auteur relatait comment il était devenu le premier bachelier de sa cité. Magyd Cherfi, figure du groupe Zebda, poursuit ici son récit autobiographique en racontant l’après-Bac, sa quête d’identité musicale et d’identité tout court, face à la violence et au racisme, dans la nécessité d’inventer de nouvelles voix, de nouvelles manières de chanter la rage et l’espoir.

Pierre Ducrozet - Le grand vertigeLe Grand vertige, de Pierre Ducrozet

Ce pourrait être un roman purement opportuniste sur un autre sujet d’actualité primordial, l’écologie. Le pitch m’intéresse pourtant et donne envie d’espérer. Adam Thobias, pionnier sincère et iconoclaste de la pensée environnementale, se voit proposer la direction très officielle et très politiquement correcte d’une “Commission Internationale sur le Changement Climatique et pour un Nouveau Contrat Naturel”. Loin d’avoir l’intention de se couler dans le moule, il y voit l’occasion d’imposer sa patte sur le sujet et de secouer les immobilismes…

Ilan Duran Cohen - Le petit polémisteLe Petit polémiste, d’Ilan Duran Cohen

Alain Conlang est polémiste professionnelle, passé maître dans l’art des saillies et autres provocations médiatiques qui le rendent populaire, notamment auprès des jeunes, plus qu’ils ne le font détester. Jusqu’au jour où il dérape en laissant échapper, dans un dîner mondain terrassant d’ennui, une remarque sexiste. Une limite est franchie, qui précipite le provocateur de l’autre côté de la barrière, le mauvais côté, où l’on devient le sujet des polémiques, et d’où il semble impossible de sortir par le haut…


BILAN


Lectures potentielles :
Chavirer, de Lola Lafon
Le Grand vertige, de Pierre Ducrozet

Et :
Un soupçon de liberté, de Margaret Wilkerson Sexton


Smile, de Roddy Doyle

Doyle - SmileVictor Forde vient de se séparer de sa compagne, Rachel Carey, le grand amour de sa vie. Il retourne vivre dans le quartier dublinois de son enfance, près de la mer, où il s’installe dans un immeuble moderne abritant essentiellement des émigrés d’Europe de l’Est. Il se force à se rendre tous les soirs dans le même pub, comme «on irait à la salle de sport ou à la messe». Il y rencontre un certain Ed Fitzpatrick, qui lui assure être un ancien camarade de classe. Il ne se souvient pas de lui mais a une sensation désagréable en sa présence, sans réussir à s’expliquer pourquoi. Ils se croisent régulièrement au pub : Ed recherche une complicité, il revient sans cesse sur leur passé d’écoliers chez les frères chrétiens.
Victor se bat avec sa mémoire et refuse de toute évidence des pans entiers de son passé. Ed Fitzpatrick, suspect, voire sinistre, agit sur lui comme un révélateur et l’oblige à affronter la réalité…

J’ai aimé ce Smile, roman sobre et touchant qui recompose tel un puzzle la mémoire éparpillée d’un de ces héros du quotidien dont l’Irlande a le secret. Car Smile est un roman furieusement irlandais. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais il y a quelque chose dans la littérature irlandaise qu’on ne trouve pas ailleurs. Un sens de l’atmosphère, des paysages du pays, mais aussi des caractères qui n’appartient qu’aux auteurs de l’Île Verte et à leurs personnages.

Bon, déjà, on passe beaucoup de temps au pub. Cela semble un cliché, mais Roddy Doyle s’attache ici à montrer à quel point cette tradition de convivialité est essentielle à l’identité d’un Dublinois – ou d’une Dublinoise, car les femmes ne sont pas en reste. Le pub est un point d’ancrage, un repère fiable auquel Victor vient s’accrocher pour ne pas tout perdre définitivement. C’est de là qu’il a l’intention de reconstruire sa vie en morceaux. De là, aussi, que surgit cette sinistre incarnation de son passé qu’est Ed Fitzpatrick, mauvais génie encombrant et vulgaire qui agit en révélateur des souvenirs douloureux et des consciences torturées dont l’Irlande est tristement riche.
Smile sonde le sombre, mais pas seulement. Dans un balancement narratif de haute volée, le cœur du roman s’illumine d’une histoire d’amour pétillante et sensuelle, grâce à ce merveilleux personnage de Rachel, incarnation de la réussite féminine, du savoir-faire et de la grâce. Porte d’espoir ouverte sur l’avenir pour le héros, elle fait souffler une bouffée d’air frais salvatrice.

En nouant ensemble les brins de ses différents récits – l’enfance rugueuse de Victor, sa jeunesse éruptive, sa vie de couple miraculeuse (trop sans doute) jusqu’à sa chute et à sa tentative de relèvement -, Roddy Doyle habille son roman de couleurs ordinaires, par petites touches, pour mieux tout faire exploser au final dans un éclaboussement douloureux à la Jackson Pollock. Énigmatiques et cruelles, les dernières pages risquent de vous secouer – mais c’est une agitation salutaire, nécessaire même.
La composition de Smile est parfaite, l’engagement et la colère de l’auteur bousculent et concernent. Depuis The Commitments, The Van ou The Snapper, on connaissait Doyle peintre minutieux et tendre des tableaux humains. Avec l’âge et la maturité, le voici plus dur et plus poignant. D’autant plus juste, courageux et admirable : oui, j’ai aimé ce Smile.

Smile, de Roddy Doyle
(traduit de l’anglais (Irlande) par Christophe Mercier)
Éditions Joëlle Losfeld, 2018
ISBN 9782072758522
256 p., 19,50€


COUP DE CŒUR : Les frères Lehman, de Stefano Massini

Les amis, lâchez tout, attachez vos ceintures et ouvrez grand les écoutilles, aujourd’hui je vais vous parler de la dinguerie absolue de la rentrée. Il en faut au moins une – l’année dernière c’était Jérusalem d’Alan Moore, cette année voici venir Les frères Lehman de Stefano Massini. 848 pages d’inventivité, d’intelligence et de virtuosité littéraire, c’est si rare que ça ne se refuse pas.

Massini - Les frères LehmanDe quoi est-il question ?
Hé bien, d’économie, de la crise des subprimes aux États-Unis en 2008…
NOOOOOON, ne partez pas !!!
Ce n’est qu’un aspect de ce livre. Un aspect incontournable, forcément, mais qui n’en est que le grand final.
En réalité, comme le titre l’indique de manière transparente, Stefano Massini s’attache à nous raconter l’histoire des frères Lehman, plus connus dans le monde aujourd’hui, y compris en France, sous le nom des Lehman Brothers. Rien à voir avec la tribu d’humoristes moustachus ayant fait les beaux jours du cinéma au XXème siècle, ni avec le duo mythique de chanteurs fictionnels ayant eux aussi connu leur heure de gloire sur grand écran en 1980.
Non, les Lehman Brothers, ce n’est pas le même genre d’humour, on va dire.

Tout commence en 1844. Un Juif allemand nommé Hayum Lehmann débarque à New York. En passant à la douane, pour mieux se faire comprendre et s’intégrer, il change son nom en Henry Lehman. Il gagne ensuite Montgomery, en Alabama, où il fonde une sorte d’épicerie générale. Un magasin minuscule, qu’il va agrandir peu à peu et transformer en entreprise florissante avec l’aide de ses frères Emanuel et Mayer, qui le rejoignent quelque temps plus tard.
Ils se spécialisent notamment dans le marché du coton, anticipent les grands changements de la vie américaine suivant le développement des chemins de fer, passent miraculeusement au travers de la Guerre de Sécession, et deviennent peu à peu un énorme établissement de conseil coté en Bourse, puis une banque qui affronte avec vaillance les soubresauts de l’Histoire – jusqu’à son effondrement spectaculaire en 2008, victime d’un système qui a perdu la tête et qu’elle a contribué à décapiter.

De 1844 à aujourd’hui, la vie des frères Lehman et de leurs successeurs est donc inextricablement liée à celle des États-Unis. C’est ce que le livre monumental de Stefano Massini nous raconte, et c’est déjà extrêmement intéressant en soi.
Mais ce qui fait des Frères Lehman un ouvrage exceptionnel, un roman hors du commun (car c’est un roman, pas un essai historique), c’est sa forme insensée. En effet, pour donner au récit le souffle épique qu’il mérite, pour en faire une odyssée des temps modernes, Massini a choisi d’écrire en vers libres. Pas de rimes, mais de fréquents retours à la ligne, des phrases courtes, la quête obsessionnelle d’un rythme atypique et marquant, appuyée par un jeu savant sur les répétitions, la litanie, la scansion.

C’est un travail ahurissant, homérique (comme il se doit quand on écrit une odyssée). Et le résultat est fabuleux. On engloutit les 848 pages du livre (qui contient d’autres surprises étonnantes) sans même s’en rendre compte. On se passionne pour ces vies hors du commun, leurs joies, leurs amours, leurs chagrins, leurs inventions, leur aplomb pour affronter l’Histoire et lui trouver des réponses héroïques quand elle s’emballe sous leurs yeux.
Pour ceux que la forme simili-poétique pourrait rebuter, ne craignez rien. C’est un atout plutôt qu’un frein. Je ne suis pas lecteur de poésie en général, c’est un genre dans lequel je peine à investir le temps et la concentration nécessaires pour l’apprécier. Mais là, c’est autre chose. Ce choix audacieux, transfiguré par la traduction sublime de Nathalie Bauer (dont il faut saluer le travail, ça n’a pas dû être simple tous les jours !), devient une tempête qui abat toutes les réticences sur son passage. Dès les premières lignes, on est emporté par le texte, sa fougue, son indiscipline, son humour aussi, et par la force inédite de ses images.

Les frères Lehman est un livre aussi rare que captivant, une somme de documentation, de réflexion et de mise en perspective historique métamorphosée en récit grandiose. Le texte le plus ambitieux de l’année, sans aucun doute. Une expérience de lecture inouïe que je vous recommande sans aucune restriction.

Les frères Lehman, de Stefano Massini
(Qualcosa sui Lehman, traduit de l’italien par Nathalie Bauer)
Éditions Globe, 2018
ISBN 978-2-211-23513-6
848 p., 24€


A première vue : la rentrée Globe 2018

Nouvelles venues dans notre panorama de la rentrée littéraire, les éditions Globe méritent d’être suivies de près, autant pour la rareté (cinq à six titres par an en moyenne) que pour la qualité et la singularité de leurs publications. Nous avons dit récemment tout le bien que nous pensions de La Note américaine, de David Grann. Il faudra se pencher sur les deux livres proposés par l’éditrice Valentine Gay, qui promettent beaucoup d’originalité narrative et de force dans le propos.

Massini - La Chute des frères LehmanBROTHERS : La Chute des frères Lehman, de Stefano Massini
(traduit de l’italien par Nathalie Bauer)
Souvenez-vous : la crise économique du XXIème siècle a explosé en 2008, causant notamment la faillite de la banque Lehman Brothers. Mais qui étaient ces fameux frères Lehman ? Depuis l’arrivée aux États-Unis de Heyum Lehman, le 11 septembre 1844, jusqu’à l’effondrement de l’empire financier le 15 septembre 2008, Stefano Massini narre le destin hors du commun d’une fratrie et de ses héritiers, et à travers eux, une grande page de l’histoire américaine. Ce pourrait déjà être un sujet passionnant en soi, mais la forme très atypique choisie par le romancier – entre poésie et prose, entre narration et litanie, entre couplets et refrains, au fil d’un entrelacs de phrases courtes et de formules neuves – devrait permettre d’engloutir avec ferveur les 864 pages de ce qui s’annonce comme l’un des titres les plus forts et singuliers de la rentrée.

Liptrot - L'EcartSISTER : L’Écart, d’Amy Liptrot
(traduit de l’anglais par Karine Reignier-Guerre)
Noyée d’alcoolisme, étourdie de Londres et de sa frénésie, l’auteure raconte comment elle a choisi de se reconstituer en se confrontant aux éléments hostiles des îles Orkney, archipel rugueux et battu par les vents au nord de l’Écosse, et en s’investissant tout particulièrement dans l’étude et la protection d’une espèce d’oiseau en voie de disparition. On anticipe un texte aussi gracieux que brûlant.

On lira sûrement : les deux !


Par le vent pleuré, de Ron Rash

En 1969, une partie de l’Amérique vit au rythme libératoire du Summer of Love. Sexe, drogues et rock’n’roll – un cocktail dont la petite ville de Sylva, dans les Appalaches, est très éloignée. Bill et Eugene vivent avec leur mère sous la coupe de leur grand-père, l’influent médecin de la ville, qui finance leur existence à condition d’y exercer sa tyrannie ordinaire. Un jour de pêche au bord de leur rivière, les deux frèrRash par le vent pleure.inddes adolescents rencontrent Ligeia, une fille de leur âge à la beauté et aux moeurs incendiaires, envoyée par ses parents se calmer à Sylva pour éviter qu’elle ne fasse la bêtise de trop. A son contact, les garçons, surtout Eugene, le plus jeune, vivent une initiation accélérée à toutes sortes de plaisirs plus ou moins sains. Jusqu’à la disparition brutale de Ligeia, du jour au lendemain.
Plusieurs décennies plus tard, la rivière libère une poignée d’ossements cachés dans ses replis depuis autant d’années. Ce sont les restes de Ligeia. Pour Eugene, c’est un choc, et l’occasion de mettre au jour bien des secrets de sa jeunesse…

Ron Rash fait partie de ces auteurs américains si puissamment attachés à la région où ils sont nés et où ils vivent qu’ils en font le cœur de leur travail. Paysage emblématique des livres de Rash, les Appalaches n’en finissent donc pas de l’inspirer, et c’est tant mieux car, roman après roman, cet immense écrivain construit une œuvre exceptionnelle, d’une force littéraire si impressionnante qu’il figure pour moi parmi les meilleurs auteurs contemporains des États-Unis.
Par le vent pleuré creuse donc son sillon, en cultivant un certain nombre d’éléments récurrents chez le romancier : les secrets et les histoires de famille, la quête de liberté et d’émancipation, la force de la nature contre laquelle l’homme se heurte souvent, incarnée en particulier ici par la rivière (déjà omniprésente dans Le Chant de la Tamassee, sa précédente parution en France), le poids écrasant du passé et des non-dits…

Il y ajoute un aspect inédit en s’intéressant à cette période particulière de l’histoire des États-Unis, la fin des années 60 et le Summer of Love. Le décorum est connu, mais Rash le rend d’autant plus fascinant qu’il l’introduit dans un cadre, naturel et humain, qui en est très éloigné. La rudesse de la nature et des Appalachiens se heurte ainsi à la sauvagerie à la fois exaltante et dangereuse des corps et des âmes en quête de libération et d’abandon.
Plus maître de son style que jamais, Ron Rash observe ce frottement avec une précision d’ethnologue, jouant sur l’alternance entre le récit du présent (la découverte des restes de Ligeia et ses conséquences sur la vie d’Eugene et Bill) et celui du passé (la rencontre des deux frères avec la jeune fille) pour créer une tension sourde mais tenace. Cela vaut au roman d’être assez bref, tenaillé de doute et de mystère jusqu’au bout, et de monter en puissance à mesure que les ombres des personnages se dévoilent jusqu’aux révélations finales.

Sans être le livre le plus impressionnant ni le plus complexe de Ron Rash, Par le vent pleuré fait très belle figure dans son œuvre, et confirme s’il en est besoin la place incontestable que le romancier occupe dans les lettres américaines. Nous devrions découvrir l’année prochaine une autre facette de son travail, importante mais inédite chez nous, avec la publication d’un recueil de ses poèmes. Rash n’a pas fini de nous éblouir !

Par le vent pleuré, de Ron Rash
(The Risen, traduit de l’américain par Isabelle Reinharez)
Éditions du Seuil, 2017
ISBN 978-2-021-33855-3
208 p., 19,50€


A première vue : la rentrée Seuil 2017

Avec neuf romans annoncés, dont trois étrangers (et demi, si on compte Charif Majdalani), les éditions du Seuil font partie des grosses écuries relativement raisonnables de cette rentrée littéraire 2017. En alignant seulement deux premiers romans, elles s’appuient davantage sur les valeurs sûres de la maison, tout en accompagnant avec sérieux des auteurs ayant déjà commencé à faire leurs preuves. Bref, c’est une rentrée pro, qui contient son petit lot de séduction potentielle. Et une nouveauté de l’immense Ron Rash, ce qui suffirait à rendre indulgent pour tout le reste.

Rash par le vent pleure.inddSUMMER OF LOVE : Par le vent pleuré, de Ron Rash (lu)
(traduit de l’américain par Isabelle Reinharez)
Si vous ne connaissez pas encore Ron Rash, conseil d’ami, ne tardez plus à découvrir son œuvre. Pour moi, c’est l’un des plus grands auteurs américains contemporains, tout simplement. Et il le prouve à nouveau avec ce nouveau titre (qui en français n’a rien à voir avec le sobre The Risen original), alors même que l’on pourrait croire l’histoire déjà lue. Tout tient à son écriture, minérale, fine, et à la dextérité avec laquelle il campe les mentalités et les errements de ses personnages, au fil d’une narration impeccablement maîtrisée.
Tout commence lorsque la rivière qui borde une petite ville tranquille des Appalaches rend les restes de Ligeia, une jeune fille disparue depuis plus de quarante ans. Cet événement macabre résonne particulièrement dans la vie de Bill et Eugene, deux frères qui ont frayé dangereusement avec Ligeia durant l’été 1969. A l’époque, alors adolescents, ils avaient découvert à son contact sulfureux les vertiges du « Summer of Love », dont ils étaient d’autant plus éloignés qu’ils vivaient alors sous la coupe de leur grand-père, médecin tyrannique qui régnait en maître ombrageux sur leur ville…

Norris - Ce qu'on entend quand on écoute chanter les rivièresCOLLISION : Ce qu’on entend quand on écoute chanter les rivières, de Barney Norris
(traduit de l’anglais par Karine Lalechère)
A croire que les traducteurs du Seuil se sont donné le mot cette année pour pondre des titres alambiqués… Cela dit, l’original n’était pas mal non plus : Five Rivers Met on a Wooded Plain – mais avait le mérite de se raccrocher à l’histoire. Soit le destin de cinq personnages sans rapport les uns avec les autres, qui va changer en raison d’un accident de voiture se produisant à Salisbury, non loin de la célèbre cathédrale. Cinq personnages, évoquant les cinq rivières qui se rejoignaient jadis à l’endroit où se dresse aujourd’hui la ville… Bref, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, comme dirait l’autre.

Vasquez - Le Corps des ruinesMYTHO : Le Corps des ruines, de Juan Gabriel Vasquez
(traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon)
Lors d’une soirée, l’auteur rencontre Carlos Carballo, qui l’entretient avec passion de différents crimes commis contre des personnalités politiques, en brandissant le spectre de la théorie du complot pour dénoncer ce qu’il affirme être des mensonges d’État. D’abord ulcéré par le personnage, Vasquez cède pourtant bientôt à la curiosité – et si Carballo était un personnage de roman rêvé ? C’est le début d’une plongée en eaux troubles au cours de laquelle le romancier, aspiré par son sujet, frôle la noyade… A l’image d’autres grands écrivains espagnols (Javier Cercas, Antonio Munoz Molina), Vasquez mêle fiction, enquête, histoire et réflexion sur l’écriture.

Majdalani - L'Empereur à piedTHE TREE OF LIFE : L’Empereur à pied, de Charif Majdalani
Auteur libanais de langue française, Charif Majdalani a rencontré un beau succès avec son précédent roman, Villa des femmes. Du côté du Seuil, on espère donc une confirmation grâce à cette épopée familiale qui commence au XIXème siècle, dans les montagnes du Liban, où apparaît un homme venu fonder là son domaine et sa filiation. Surnommé l’Empereur à pied, il impose à sa descendance une règle drastique : un seul par génération sera autorisé à se marier et à avoir des enfants ; ses frères et sœurs, s’il en a, seront simplement appelés à l’assister dans la gestion des biens familiaux. Entre respect de l’interdit et exercice du libre arbitre, les pousses de l’arbre généalogique arpentent le monde, jusqu’à ce que le dernier héritier revienne au Liban à l’orée du XXIème siècle pour se confronter définitivement à son lourd passé.

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Deville - Taba-TabaHEXAGONE : Taba-Taba, de Patrick Deville
Grand nom de l’exofiction, genre hybride qui transforme le réel et l’Histoire en matière littéraire, Patrick Deville a fait de la planète son terrain de jeu. Cette fois, c’est pourtant la France qu’il arpente, entre ses frontières bien sûr, mais aussi – on ne se refait pas – dans le monde entier, en suivant notamment les politiques coloniales du pays.
Tout commence en 1960, dans un hôpital psychiatrique, où le fils du directeur rencontre un Malgache qui répète en boucle une expression énigmatique : « Taba-Taba ». En tirant ce fil ténu, Deville déroule ensuite une longue bobine qui va de Napoléon III aux attentats de novembre 2015. Une fresque très ambitieuse, qui devrait valoir à son auteur de figurer à nouveau sur les listes de prix à la fin de l’année – et pourquoi pas, de rafler enfin un Goncourt qu’il a déjà frôlé.

Adimi - Nos richessesL’ENVERS ET L’ENDROIT : Nos richesses, de Kaouther Adimi (en cours de lecture)
Troisième roman de la jeune auteure (31 ans) née à Alger, qui relate la fondation en 1936 dans sa ville natale de la librairie « Les vraies richesses », établie par Edmond Charlot avec l’ambition de servir de révélateur et de relais pour la culture méditerranéenne. Ce sera une réussite, puisque Charlot publiera l’année suivante le premier texte d’un certain Albert Camus, entre autres choses.
En parallèle, la romancière nous transporte en 2017, où un étudiant indifférent à la littérature est chargé de vider et rénover la librairie à l’abandon pour la transformer en magasin de beignets. Mais le vieux gardien des lieux veille, bien décidé à ne pas lui faciliter la vie… Les premières pages sont extrêmement fluides et séduisantes, belle surprise à prévoir.

Sorman - Sciences de la viePAS DE PEAU : Sciences de la vie, de Joy Sorman
Avec cette histoire de malédiction familiale frappant les filles aînées de maladies rares ou improbables, Joy Sorman, transfuge de Gallimard, poursuit son exploration littéraire du corps. On avait beaucoup aimé La Peau de l’ours pour son côté singulier et son ton de conte, on attend donc avec curiosité de découvrir cette nouvelle page d’une œuvre déjà maîtrisée.

Thomas - Souvenirs de la marée basseL’EFFET AQUATIQUE : Souvenirs de la marée basse, de Chantal Thomas
Connue et appréciée pour ses romans historiques (dont Les adieux à la reine), Chantal Thomas change de registre pour signer un récit consacrée à sa mère, Jackie, pour qui nager était vital, l’exercice le plus intense de sa liberté. On l’aime bien, Chantal Thomas, hein. Mais là, on a trop de choses à lire plus attirantes.

Lopez - FiefL’ESQUIVE : Fief, de David Lopez
L’unique premier roman de la rentrée française du Seuil nous emmène dans une banlieue campagnarde, au contact de jeunes gens qui y vivotent, fument, jouent aux cartes et font pousser de l’herbe, tout en cultivant leur identité propre par le langage.


Une fille et un flingue, d’Ollivier Pourriol

Signé Bookfalo Kill

Les frangins Aliocha et Dimitri rêvent de cinoche. Cannes, les marches, les stars, le grand écran, les vivats du public, l’argent… Ah oui, l’argent, parlons-en. Le nerf de la guerre, du genre qui empêche de monter au front si on n’en a pas. Fauchés comme les blés, étudiants à l’école de cinéma de Luc Besson, les deux frères décident alors d’appliquer l’un des préceptes de leur mentor : « Un film, c’est un hold up. »
Au culot, ils imaginent alors un scénario improbable, qui implique la participation active de Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Rien de moins ? Quand on n’a pas de pognon, on a des idées, hein – et on sait jamais, ça pourrait marcher…

Pourriol - Une fille et un flingueVoici une comédie (dé)culottée sur le cinéma, d’autant plus crédible qu’Ollivier Pourriol fraye dans ce milieu. Pas du genre langue de bois (on se souvient de On/Off, son pamphlet impitoyable contre le Grand Journal dont il avait été chroniqueur malheureux durant un an), Pourriol s’amuse donc beaucoup avec un paquet de figures du cinéma français, des vedettes citées ci-dessus à d’autres, souvent évoquées par leurs seuls prénoms mais très vite reconnaissables pour peu que l’on connaisse un peu ce petit monde.
Pour les mettre en scène, il imagine une histoire complètement frappadingue, qui réserve quelques surprises amusantes (le personnage de Deneuve est exploité d’une manière fort réjouissante) et surtout des dialogues en forme de morceau de bravoure, dont Depardieu est souvent le héros. Depardieu, héros de papier dont la grandiloquence, l’excès et la clairvoyance désabusée servent de porte-parole à un regard sans concession sur le cinoche à la française, toujours avec humour néanmoins.

Bon, par contre, on ne lira pas Une fille et un flingue pour son style, sa mise en forme se limitant le plus souvent à des dialogues balancés à l’emporte-pièce. Ca marche, c’est efficace, mais d’un point de vue littéraire, c’est sans grand intérêt. Évoluant dans un registre proche de Laurent Chalumeau (Kif), Ollivier Pourriol joue la carte de la pochade hautement référencée, et s’offre par le roman un casting de rêve (incluant Godard et Steven Spielberg !) qui ne prend pas grand-chose au sérieux. Sympa sans plus, mais assez réjouissant pour qui s’intéresse aux coulisses pas forcément glorieuses du Septième Art.

Une fille et un flingue, d’Ollivier Pourriol
Éditions Stock, 2016
ISBN 978-2-234-08031-7
288 p., 19€


A première vue : la rentrée Stock 2016

À première vue, chez Stock comme chez la plupart des éditeurs, on voit arriver une rentrée sérieuse comme un premier de la classe, mais manquant clairement de fantaisie (à une exception près peut-être). C’est déjà pas mal, me direz-vous. Mouais, mais on n’aurait rien contre un peu d’excitation et d’inattendu. Pas sûr de les trouver sous la couverture bleue de la vénérable maison désormais dirigée par Manuel Carcassonne, qui aligne de plus beaucoup (trop) de candidats sur la ligne de départ : neuf auteurs français, deux étrangers, ça sent la surchauffe…

Pourriol - Une fille et un flingueAUCUN LIEN : Une fille et un flingue, d’Olivier Pourriol
Elle est sans doute là, la touche de folie de la rentrée Stock ! Ancien chroniqueur littéraire muselé du Grand Journal (expérience amère dont il a tiré un récit décapant, On/Off), mais aussi et surtout spécialiste de cinéma, Pourriol met en scène deux frangins, Aliocha et Dimitri, fans de cinoche et obsédés par le désir de réaliser un film. Comment y parvenir quand on est fauché et inconnu ? En appliquant à la lettre le précepte d’un grand maître du Septième Art : « Un film, c’est un hold up » (Luc B.) Un « braquage » que les deux frères vont tenter de réussir avec l’aide de Catherine D. et Gérard D., en plein Festival de Cannes… Annoncé comme une comédie délirante, Une fille et un flingue est le genre de bouquin qui passe ou qui casse, sans juste milieu. Pourriol a tout le talent médiatique nécessaire pour défendre son livre sur les plateaux de télévision, mais son livre saura-t-il se défendre tout seul ?

Lang - Au commencement du septième jourGENÈSE II, LA REVANCHE : Au commencement du septième jour, de Luc Lang
Je n’ai jamais rien lu de Luc Lang, auteur emblématique de Stock, faute d’avoir réussi à m’intéresser à son travail jusqu’à présent. Cela changera peut-être avec ce nouveau roman, récit d’une vie trop parfaite pour être honnête et qui s’écroule brutalement lorsque la supercherie est dévoilée. Cette vie, c’est celle de Thomas, dont la femme Camille a un jour un terrible accident de voiture à un endroit où elle n’aurait jamais dû se trouver. Tandis que Camille reste plongée dans le coma et que tout s’écroule autour de lui, Thomas entame une vaste enquête qui va lui faire passer en revue toute son existence, sa relation avec son père, ses frère et soeur, ses enfants… Luc Lang revendique l’inspiration de Cormac McCarthy (rien de moins) pour ce roman présenté par son éditeur comme son plus ambitieux.

Sagnard - BronsonALLÔ PAPA TANGO CHARLIE : Bronson, d’Arnaud Sagnard
Premier roman qui met en parallèle une ligne autobiographique et la vie du comédien Charles Bronson, depuis une jeunesse misérable durant la Grande Dépression jusqu’à la gloire hollywoodienne, renommée et richesse dissimulant la hantise quotidienne d’un homme rongé par la peur. Ce genre d’exercice a déjà donné de fort belles choses, notamment sous la plume de Florence Seyvos (Un garçon incassable, autour de Buster Keaton), alors pourquoi pas ?

Bied-Charreton - Les visages pâlesC’EST UNE MAISON BLEUE : Les visages pâles, de Solange Bied-Charreton
Les trois petits-enfants de Raoul Estienne se retrouvent dans la vieille demeure chargée de souvenirs du vieil homme qui vient de s’éteindre. Faut-il vendre la maison ou la garder ? La question agite les héritiers autant que la Manif pour Tous, au même moment, déchire la société française, et oblige les uns et les autres à faire le point sur leurs existences… Je ne sais pas s’il faut attendre grand-chose d’un roman dont les personnages se prénomment Hortense, Charles ou Alexandre, mais bon. Il paraît que c’est « caustique » (dixit l’éditeur).

Berlendis - MauresC’EST L’AMOUR A LA PLAGE (AOU CHA-CHA-CHA) : Maures, de Sébastien Berlendis
Les vacances d’été, la mer, les dunes, le camping, le dancing, l’adolescence, la découverte des filles… Tout ceci est follement original, n’est-ce pas ? Déjà vu, déjà lu, il faudrait vraiment une plume exceptionnelle ou un point de vue extrêmement singulier pour distinguer un tel récit. Toujours possible, mais on n’y croit guère…

Cloarec - L'IndolentePOKER FACE : L’Indolente, de Françoise Cloarec
En 2008, Françoise Cloarec avait signé un succès surprise avec La Vie rêvée de Séraphine de Senlis (qui avait donné une adaptation cinématographique non moins triomphale, Séraphine, avec Yolande Moreau). Elle revient au milieu de la peinture avec cette enquête littéraire sur Marthe Bonnard, dont on découvre après le décès de son peintre de mari, Pierre Bonnard, qu’elle n’était pas du tout celle qu’elle avait toujours prétendu être.

Chambaz - A tombeau ouvertDANS DEUX CENTS MÈTRES, TOURNEZ A GAUCHE : À tombeau ouvert, de Bernard Chambaz
Le 1er mai 1994, le pilote Ayrton Senna se tue au volant de sa Formule 1, en ratant un virage et en allant s’écraser contre un mur à 260 km/h. A partir de ce drame diffusé en direct et en mondovision télévisuelle, Bernard Chambaz tire un roman sur la fascination pour la vitesse, croisant le destin de Senna avec ceux d’autres pilotes célèbres mais aussi avec ceux de ses proches, dont son fils mort dans un accident de la route.

Papin - L'EveilL’AMANTE DU VIETNAM DU NORD : L’Éveil, de Line Papin
Stock lance une auteure de 20 ans dans l’arène, avec un premier roman sous forte influence de Marguerite Duras, une histoire d’amour torride dans la touffeur de Hanoï, la capitale du Vietnam (où est née Line Papin). On annonce une jeune prodige, il faudra voir si elle est authentique.

Gras - AnthraciteAU CHARBON : Anthracite, de Cédric Gras
Dans un décor de guerre, une tragi-comédie sur fond de pays qui s’écroule – ce pays, c’est l’Ukraine, violemment divisée après la sécession en 2014 de la région minière du Donbass qui décide de rejoindre la Russie. Parce qu’il s’est obstiné depuis l’événement à y faire jouer l’hymne national ukrainien, un chef d’orchestre est obligé de prendre la fuite avec son ami d’enfance à bord d’une bagnole aussi décrépite que les paysages industriels qu’ils traversent… Premier roman.

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L’ÉNERGIE EST NOTRE AVENIR, ÉCONOMISONS-LA : Un travail comme un autre, de Virginia Reeves
Alabama, années 20. Avec l’aide de son ouvrier agricole, un fermier détourne une ligne électrique de l’Etat pour augmenter le rendement de son exploitation. Tout roule jusqu’à ce qu’un employé paye de sa vie cette installation sauvage. Wilson, l’ouvrier, écope des travaux forcés dans les mines, tandis que son patron est envoyé au pénitencier. Confronté à la violence extrême de la prison, il tente tout de même d’envisager l’avenir… Premier roman de l’Américaine Virginia Reeves.

POÉTER PLUS HAUT QUE SON… : Ce qui reste de la nuit, d’Ersi Sotiropoulos
En 1897, Constantin Cavafy n’est pas encore le grand poète grec qu’il est appelé à devenir. Écrasé par l’affection de sa mère, tourmenté par son homosexualité, à la recherche de son style et de sa voix, il fait un séjour de trois jours à Paris qui va tout changer pour lui. La romancière grecque Ersi Sotiropoulos dresse un portrait littéraire de Cavafy en s’interrogeant sur le lien entre création et désespoir, dans un livre dense et exigeant (une manière polie de suggérer autre chose, je vous laisse deviner quoi).


Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier

Fournier - Ma mère du nordOn va être honnête. Heureusement que Jean-Louis Fournier a de la famille parce que, sinon, on se demanderait bien sur quoi il pourrait encore écrire. Après ses deux garçons dans le bouleversant Où on va, Papa?, sa fille bigote dans La servante du Seigneur, sa femme prématurément disparue dans Veuf, son père dans Il n’a jamais tué personne mon papa… il restait sa mère, décédée il y a quelques années.

Ma mère du Nord, c’est une biographie romancée sans en être une. Les détails qui font mouche, les bons mots, les émotions à fleur de peau, tels sont les écrits de Jean-Louis Fournier. Elle n’a pas eu une vie facile, sa mère. Ça commençait plutôt bien et tout s’est dégradé avec l’alcoolisme du père. Ce dernier ayant eu la bonne idée de mourir assez jeune, sa veuve aurait pu refaire sa vie, recommencer un nouveau départ, mais elle n’en a pas eu la force, ou le courage. Elle a préféré tout donner à ses quatre enfants.

Ces multiples anecdotes, où se joignent les voix des frères et sœurs, des petits-enfants, font de ce récit choral un hymne à l’amour maternel.

Ma mère du Nord, de Jean-Louis Fournier
Éditions Stock, 2015
ISBN 978-2-234-07008-0
186 p., 17,50€

Un article de Clarice Darling.


Un été, de Vincent Almendros

Signé Bookfalo Kill

Deux frères, Pierre (le narrateur) et Jean, se retrouvent pour une croisière en voilier au départ de Naples. Leurs compagnes respectives, Lone et Jeanne, sont également de l’aventure. De menues péripéties rythment le voyage : mal de mer, apprentissage des manœuvres, baignades improvisées, petits bobos et promiscuité de la vie à bord.
Jusqu’au jour où…

Almendros - Un étéNe comptez pas sur moi pour en dire davantage. En fait, il faut vraiment limiter l’approche de ce roman au maximum ; et, autant que possible, le lire d’une traite. Ce qui est largement possible, puisqu’il ne fait que 95 pages, et que le style est fluide et minimaliste, contenu dans des phrases courtes qui emballent la lecture.
A cette condition, vous pourrez apprécier à sa juste valeur la manière dont Vincent Almendros, dont c’est le deuxième livre, distille au fil des pages un malaise léger, insidieux mais poisseux, tandis qu’il sème ici et là quelques indices sur les relations complexes qu’entretiennent les personnages. La surprise de la chute, nichée au creux des tous derniers mots, n’en sera que plus forte, et dégagera ainsi Un été de son apparence anecdotique.

Un drôle de petit roman, qui laisse durablement un drôle de souvenir.

Un été, de Vincent Almendros
  Éditions de Minuit, 2015
ISBN 978-2-7073-2812-0
95 p., 11,50€


Quelques romans pour les petits (2)

Signé Bookfalo Kill

Toujours en panne d’inspiration pour vos enfants ? Voici trois nouvelles chroniques de romans à destination de lecteurs un peu plus grands (8-11 ans).

Oster - Le Principal problème du prince PrudentLe Principal problème du prince Prudent, de Christian Oster, illustrations d’Adrien Albert
Éditions Ecole des Loisirs, coll. Mouche, 2014
ISBN 978-2-211-21671-5
51 p., 7,50€

Le prince Prudent, le bien nommé, se méfie de tout, y compris des jeunes filles que ses parents lui présentent afin qu’il se marie. Malheureusement, aucune n’est assez prudente à ses yeux. Jusqu’au jour où une certaine princesse Prudence se présente au château. Avec un prénom pareil, ils ne peuvent que s’entendre à merveille ! Sauf que Prudence est tout sauf prudente… Alors, lorsqu’un géant l’enlève sous ses yeux, le prince Prudent n’écoute prudemment que son courage et se lance prudemment à la poursuite du ravisseur.

Mon avis : avec son prince trouillard, ainsi que son écriture drôle et gentiment ironique, Christian Oster signe un joli petit bijou d’humour ! Un petit roman d’aventure et d’amour pas nunuche pour un sou, à partir de 7-8 ans.

Le Club de la Pluie au pensionnat des mystères, de Malika FerdjoukhFerdjoukh - Le Club de la pluie au pensionnat des mystères
Éditions École des Loisirs, coll. Neuf, 2014
ISBN 978-2-211-21790-3
82 p., 8,50€

En entrant au pensionnat des Roches-Noires, à Saint-Malo, Rose ne s’attend pas à vivre de folles aventures. Et pourtant, avec ses nouveaux amis Nadget, la jolie coquette à la tête bien faite, et Ambroise, le fils du concierge toujours suivi par son chien Clipper, elle va devoir résoudre de drôles de mystères.
Qui est enfermé dans la haute tour de l’internat, au point de devoir envoyer des messages d’appels à l’aide par la fenêtre ? Et qui est coupable de tous ces vols à Saint-Malo ? Ensemble, les trois amis mènent l’enquête.

Mon avis : deux enquêtes, L’Énigme de la tour et Le Voleur de Saint-Malo, sont réunies dans ce volume. Deux histoires brèves, dynamiques et pleins d’humour, dont les petits héros, hyper attachants, font preuve de débrouillardise et de solidarité. Un petit côté Club des Cinq moderne, pour les amateurs de roman policier en culottes courtes, à partir de 9-10 ans.

Turoche-Dromery - Martin gaffeur tout-terrainMartin, gaffeur tout-terrain, de Sarah Turoche-Dromery
Éditions Thierry Magnier, 2014
ISBN 978-2-36474-445-5
96 p., 6,90€

Martin est une catastrophe ambulante. Tout ce qu’il fait, même lorsqu’il est bien intentionné, se transforme immanquablement en gaffe ou en bêtise. Alors, quand il doit prendre l’avion avec son frère Sam pour rejoindre leurs parents en Italie et assister au mariage de leur cousin Angelo, c’est une véritable tornade d’ennuis qui s’abat sur les frangins…

Mon avis : sous ses côtés amusants, ce petit roman rythmé raconte de jolies choses sur la différence, la difficulté d’être frères, ou l’adolescence dans toute sa splendide complexité. Mais c’est surtout une succession d’aventures plus folles et rocambolesques les unes que les autres, qui réjouiront les jeunes lecteurs, à partir de 10 ans.