La pendue de Londres de Didier Decoin
Albert Pierrepoint n’est pas un homme comme les autres. A sa femme, il dit qu’il est livreur à l’épicerie du coin. En vérité, il fait partie de la célèbre famille de bourreaux anglais. Nous sommes en 1945 et en cette fin d’année, Albert Pierrepoint est sollicité par les pays alliés pour exécuter les criminels nazis, à commencer par Irma Grese, l’une des plus célèbres Aufseherin d’Auschwitz. Mais Albert n’aime pas exécuter des femmes. Ca l’a toujours dégouté. A son retour à Londres, il se jure de déléguer à son adjoint les tâches ingrates comme exécuter une femme. Mais seulement…
Ruth Ellis est, en 1945, une très belle jeune femme. Fille-mère de 18 ans, elle est contrainte, pour survivre, de travailler dans un bar à hôtesses. C’est là qu’elle tombe dans la prostitution et son lot de personnages interlopes. Elle épouse en 1950 un dentiste avec qui elle aura une fille. Mais son mari, comme autrefois son père, la bat et elle demande le divorce rapidement. En 1954, elle croise le regard de David Blakely et en tombe follement amoureuse, mais seulement…
Albert Pierrepoint et Ruth Ellis ne se seraient jamais croisés si cette dernière n’avait pas assassiné son amant. En 1955, elle fut la dernière femme condamnée à mort et pendue. Albert Pierrepoint prendra sa retraite le lendemain.
Didier Decoin met en parallèle la descente aux enfers d’une jeune fille qui croyait en l’amour et en la vie et la petite vie rangée et tranquille du bourreau. C’est remarquablement écrit, il n’y a aucun temps mort. On s’attache à cette jeune fille dont on imagine à chaque page le terrible destin. Et pourtant, on se prend au jeu d’une remise de peine. On aimerait que sa peine soit commuée, voire annulée. Mais dès les premières pages du roman, Didier Decoin a mis en marche la terrible machine de la justice.
La pendue de Londres de Didier Decoin
Editions Grasset, 2013
9782246783909
333p., 18€
Un article de Clarice Darling
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