La Cavale de Billy Micklehurst, de Tim Willocks

Signé Bookfalo Kill

« Je m’appelle Billy Micklehurst, et j’en ai rien à foutre. » Ainsi se présente au narrateur le héros de cette courte fiction autobiographique. A l’âge de dix-sept ans, Tim Willocks a en effet rencontré ce personnage étrange, sorte de clochard prophétique et paranoïaque, portant dans son délire une forme de folie flamboyante qui a impressionné durablement celui qui s’apprêtait à devenir médecin, puis psychiatre, avant de devenir sans doute le grand romancier contemporain de la folie et de la violence – lire pour s’en convaincre le terrifiant roman carcéral Green River, ou la Religion, extraordinaire fresque médiévale dont on attend la suite avec impatience (en 2013 peut-être). 

Avec sa vingtaine de pages, La Cavale de Billy Micklehurst peut se lire comme une bonne introduction à l’œuvre de Tim Willocks. On y trouve son style vibrant, son obsession pour la folie et les univers cachés des hommes que la démence permet de révéler.
Mais le plus intéressant réside dans l’entretien qui suit la nouvelle. Conduit par Nathalie Beunat, il permet à Willocks de développer ses réflexions sur la science, la médecine, la littérature, les rapports humains, et au milieu de tout cela, la folie bien sûr. L’occasion de découvrir la profondeur de vision et la clairvoyance d’un romancier passionnant, qui construit patiemment une œuvre sombre, violente et exigeante.

« (…) il y a fort à parier que, sans folie, il n’y aurait point eu de civilisation. En d’autres termes, si l’on ôtait à la race humaine la possibilité même de la folie, non seulement nous ne serions pas humains, mais nous serions toujours à végéter dans les cavernes. » (p.36)

A noter enfin, et à souligner, les éditions Allia présentent nouvelle et entretien en français d’un côté et en anglais de l’autre, histoire de permettre aux anglophones d’accéder à la puissance originale de la langue de Tim Willocks, et à tous d’apprécier la nouvelle traduction très réussie de Benjamin Legrand. Une belle initiative à un tout petit prix : deux raisons supplémentaires de ne pas manquer cette publication insolite.

La Cavale de Billy Micklehurst, de Tim Willocks
suivi de Like a vigilant gargoyle : entretien avec Nathalie Beunat
Éditions Allia, bilingue, 2012
ISBN 978-2-84485-568-8
42 p. (version française) / 38 p. (version anglaise), 3,10€

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s