Faillir être flingué, de Céline Minard
Signé Bookfalo Kill
Entrelacs de plusieurs histoires racontées en parallèle avant qu’elles ne se croisent et convergent lorsque les différents personnages rejoignent une petite ville naissante de l’Ouest américain, Faillir être flingué est relativement impossible à résumer sans le déflorer. Tout juste peut-on alors évoquer certaines trajectoires, celle des frères McPherson, Jeffrey et Brad, qui traversent les plaines dans leur chariot pour escorter leur vieille mère mourante à son dernier voyage ; ou celle de Bird Boisverd, qui se fait voler son cheval par Elie Coulter, avant qu’un certain Zébulon s’empare un peu plus loin de l’animal au jeu.
Il y a encore Eau-qui-court-sur-la-plaine, la mystérieuse guérisseuse indienne, qui porte ses services à ceux dont elle devine le besoin – tel Gifford, l’ancien médecin à qui elle sauve la vie, et qui la suit depuis fidèlement ; et encore Sally, la tenancière de saloon, Arcadia la contrebassiste virtuose, Silas le barbier, Orage-Grondant le vieux chef Pawnee, ou Quibble, le chef de bande bête mais hargneux jusqu’à la mort…
Faillir être flingué est un pur western. Pas un pastiche, encore moins une parodie, pas même un hommage, mais un vrai western dans les règles de l’art. Sa réussite brillante tient dans ce premier degré, qui relève du respect le plus absolu d’un genre littéraire s’enorgueillissant de quelques chefs d’œuvre, comme Lonesome Dove de Larry McMurtry ou Zebulon de Rudolph Wurltizer, pour n’en citer que deux.
Poursuivant son principe de changer de style et de terrain de jeu à chaque roman, Céline Minard épure sans l’apauvrir son écriture (qui a pu être plus évidemment virtuose par le passé, voir par exemple Bastard Battle) pour la mettre au diapason d’un récit volontiers organique, constitué de grands espaces, de boeufs et de chevaux, de coyotes et de buses, mais aussi du rapport très fort des hommes à la terre, à l’eau, au vent, à l’herbe et aux arbres. La poésie de cette nature vaste et sauvage enveloppe souvent la phrase de la romancière, la rend ouverte et chantante, musicale et concrète à la fois.
Il y a aussi beaucoup d’humour dans Faillir être flingué, et de l’action, et des duels, et des moments de folie virevoltante et d’autres d’inquiétude ou de suspense, et de l’alcool qui coule à flots. Tout y est, et en même temps, il y a une manière dans tout le roman qui le rend singulier, légèrement décalé tout en restant très fidèle au genre qui jamais n’est trahi. Éminemment minardien, en somme.
C’est surtout, et c’est le plus important, l’un des romans les plus beaux et originaux de la rentrée !
Faillir être flingué, de Céline Minard
Éditions Rivages, 2013
ISBN 978-2-7436-2583-2
326 p., 20€
Pas fan de western….
26 septembre 2013 à 18:19
Alors c’est le livre parfait pour te réconcilier avec le genre, parce qu’il va au-delà de ça ! ;-)
27 septembre 2013 à 00:38
Encore plus intéressée par celui-là !!!! :D
13 juillet 2016 à 19:38
En plus d’être en poche, celui-ci est formidable ! Et c’est sûrement le roman le plus abordable de Céline Minard, qui a signé d’autres livres beaucoup plus… disons, déconcertants ;-)
Celui-ci est un pur bonheur !
13 juillet 2016 à 21:06
Je l’ai noté et je vais aller voir si dans les bouquineries je le trouve, pas maintenant parce que je n’aurai pas le temps, mais après, rien ne presse, c’est pas comme si j’avais rien à lire non plus ;)
13 juillet 2016 à 22:49
Après, d’accord… mais après quand ? :p
13 juillet 2016 à 23:28
Si je le savais !! mdr
14 juillet 2016 à 22:20