Sauvagerie, de J.G. Ballard
Signé Bookfalo Kill
Résidence luxueuse située à l’écart de Londres, étroitement surveillée et réservée à une élite sociale et financière, Pangbourne Village avait tout pour être un havre de paix. Un matin pourtant, c’est la stupeur : tous les adultes y sont retrouvés assassinés, et tous les enfants ont été kidnappés. Coupées avant le début du massacre, les caméras de surveillance n’ont rien enregistré.
Si des dizaines de pistes sont envisagées, allant du terrorisme international à l’erreur de manoeuvre militaire en passant par un psychopathe déchaîné ou un coup des gangs londoniens, aucune n’est étayée par la moindre preuve. Impuissants, les policiers font appel au psychiatre Richard Greville pour reprendre l’enquête de zéro…
Il est très difficile de parler en détail de Sauvagerie. D’abord parce que ce roman est très court. Ensuite et surtout parce qu’il dévoile petit à petit l’étrange vérité d’une affaire hors du commun, et qu’il vaut mieux en aborder la lecture l’esprit aussi vierge que possible, afin de pouvoir apprécier à sa juste valeur la force du message énoncé par J.G. Ballard, l’auteur de Crash !, Empire du Soleil ou La Foire aux atrocités.
Je dois préciser toutefois qu’en dépit des apparences, Sauvagerie n’est pas un polar. D’ailleurs, le pot aux roses est dévoilé à mi-livre et peut sans doute être deviné avant, preuve que ce n’était pas le sujet pour Ballard. Bien que publié tardivement (1988) dans l’œuvre de l’écrivain, ce roman est plutôt une réflexion d’anticipation, qui dénonce les dégâts insoupçonnés de la société de contrôle, froide et déshumanisée, ainsi que l’utopie moderne d’un bonheur fondé sur le matérialisme.
Glaçant et concentré, le récit livre une démonstration qui arrache des frissons d’horreur par son réalisme et son intelligence implacable.
Réédité en 2008 par Tristram (après une première parution chez Belfond en 1992), Sauvagerie vient de ressortir dans la nouvelle collection de poche de l’éditeur. L’occasion de découvrir, à un prix tout petit, ce texte fort et inoubliable.
Sauvagerie, de J.G. Ballard
Traduit de l’anglais par Robert Louit
Éditions Tristram, coll. Souple, 2013
ISBN 978-2-36719-005-1
85 p., 5,95€
Que d’arguments pour me convaincre (même si ce n’est pas un polar).
3 février 2013 à 14:08
Il y a tout de même un mystère, un peu de suspense et de la tension – et même un policier qui collabore à l’enquête du psychiatre… De quoi amener aussi Sauvagerie vers le polar, même si la résolution du mystère n’est pas l’enjeu principal du récit ;-)
En tout cas, c’est un très bon texte !
Cannibalement,
B.K.
3 février 2013 à 15:19
J’avoue avoir été assez déçu. J’ai trouvé tout cela un peu trop démonstratif. D’autant plus que tout est décortiqué par un psy… On comprend rapidement la thèse de Ballard. C’est pourquoi celle-ci aurait été, à mon avis, encore plus glaçante s’il n’avait pas cherché à être aussi explicite.
18 mars 2013 à 17:40
C’est un point de vue qui se tient, et qui m’est déjà passé par la tête, je dois le reconnaître. Le même sujet aurait pu être traité autrement, avec plus de suspense qui aurait amené sans doute plus de finesse.
Mais le texte n’en reste pas moins frappant, et en le relisant, une fois assimilé le choix narratif de Ballard, je l’ai davantage apprécié.
Merci pour ton avis !
Cannibalement,
B.K.
18 mars 2013 à 17:54