L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet de Reif Larsen

Souvent, ce qui m’attire en premier lieu dans un bouquin, c’est son titre. Sauf dans ce cas précis. J’ai la fâcheuse impression que, depuis le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, plus vous avez un titre long, plus c’est signe de ventes accrues. Mieux! Si dans le titre, vous réussissez à placer le mot « voyage », alors là, c’est le jackpot. Exemple : « L’étrange voyage de Monsieur Daldry » de Marc Lévy.

Bref, ce qui m’a attiré vers cet ouvrage, c’est la couverture. Toute griffonnée, avec un fond de papier froissé. Le format du livre (de poche) est assez étrange aussi.

Et quand vous l’ouvrez, une sorte de magie vous prend. Le livre n’est pas écrit en noir habituel. Il est entièrement rédigé en marron. Dans de larges marges, de multiples dessins, cartes, photos, de petits mots écrits parsèment ce drôle de journal intime. 

Une seule question vous vient alors à l’esprit. Qu’a donc fait T.S. Spivet pour obtenir un livre aussi beau, aussi bien présenté?

Il vient de gagner le prestigieux prix Baird, décerné chaque année par les vieux croûtons du Smithsonian, en collaboration avec l’Académie des Sciences. Il est récompensé pour ses travaux scientifiques, ses publications dans des grandes revues comme Scientific American, Discover, Science. Pour recevoir son prix et sa bourse, il est appelé à Washington pour un discours. 

Sauf que T.S a douze ans, qu’il n’a jamais quitté son Montana natal, encore moins le ranch de ses parents, et qu’il ne sait comment se rendre à Washington tout seul, comme un grand. 

C’est pourtant sa ténacité, son intelligence et son audace qui vont le lancer sur les routes américaines, avec pour tout compagnon, quatre boussoles, son squelette de sansonnet sous cloche de verre, un théodolite, des carnets bleus, du papier à dessin, son GPS et seize paquets de chewing-gums à la cannelle.

Ne serait-ce que pour la beauté de l’ouvrage, on se doit d’ouvrir L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Reif Larsen accompagné de Ben Gibson, le dessinateur, ont réalisé un petit bijou qui ravit aussi bien les adultes que les ados. Cependant, je reprocherai deux choses à l’auteur. 

 – L’insertion quasi-constante d’apartés dans les marges trouble souvent la lecture. A tel point qu’il m’arrivait de perdre le fil de ce que je venais de lire. Au final, j’ai complètement cessé de lire ces incartades pour me concentrer sur le texte principal. Une fois l’ouvrage terminé, j’ai pu me replonger dans les marges et en apprécier d’autant leur intérêt. Car c’était retourner dans le livre et partager à nouveau un autre pan de la vie du protagoniste. 

– Le livre est un peu brouillon. On part dans tous les sens, entre Butte (Montana), Chicago, Washington. Les gens se multiplient et disparaissent dans la nature. La fin est complètement abracadabrantesque et se dire que T.S. a fait tout ça pour ça… ben c’est dommage. 

L’ouvrage est à cheval entre le récit d’aventures, le conte initiatique, et marque une étape importante pour un môme de cet âge, le passage à l’âge adolescent. 

Reif Larsen a cependant le mérite d’avoir écrit un premier roman esthétiquement irréprochable et c’est peut-être ce qui lui a permis de passer entre les mailles du filet des maisons d’édition. L’histoire aurait pu être plus aboutie mais je garde foi en ce jeune auteur qui saura nous surprendre avec son second opus. Bientôt j’espère!

L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet par Reif Larsen
Nil Editions (2010) puis Le Livre de Poche (2011)
ISBN 0782253159766 (pour l’édition de poche)
410 pages, 7€50 

Un article de Clarice Darling

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