Le héron de Guernica d’Antoine Choplin

Je viens de terminer de lire ce court roman qui m’a pris deux heures. Et j’ai fait une chose que je ne fais jamais. Pardon, ô Dieux des livres. Je suis allée voir ce que disent les collègues blogueurs sur Le héron de Guernica. Pas bien. Attention lecteur, pas pour pomper honteusement ce qu’ils ont si patiemment écrit. Non. Pour savoir s’il y a vraiment des gens qui ont bien aimé ce livre. Pour de vrai.

Le livre raconte l’histoire de Basilio, jeune peintre amateur guerniqué (ou guernikar), pendant la Guerre d’Espagne. Le père Eusebio l’a encouragé à se rendre à Paris, afin de rencontrer Picasso et éventuellement lui présenter ses oeuvres. Mais… comment Picasso a-t-il pu peindre l’horreur du bombardement alors qu’il n’était pas là? 

Le roman commence et se termine au même endroit et a pour corps principal cette terrible journée du 26 avril 1937. La journée ensoleillée, les soldats présents un peu partout mais dont la population s’accommode tant bien que mal. Et puis… 16h30 arrive. Et en moins de trois heures, la ville est en flammes.  

L’idée est bonne, mais mon problème vient de l’écriture d’Antoine Choplin, qui m’a profondément ennuyée. Je n’ai jamais vu autant de virgules en une seule phrase. De plus, moi qui aime les dialogues assez marqués, j’avais l’impression de lire un synopsis griffonné d’un film à venir. Les personnages m’ont paru ternes, sans relief, comme dans une peinture de Philippe de Champaigne. Je n’ai pas du tout accroché à cette écriture. Le texte ne m’a pas émue. Les personnages non plus. Le seul passage que j’ai apprécié (parce qu’il y en a un, quand même, qui dure deux pages), c’est le moment où Basilio « entre » dans son tableau. Les lecteurs de ce livre me comprendront.

Voici un extrait pour vous faire votre propre opinion de l’écriture et du style de l’auteur.

p.84

T’as vu ça, fait Basilio, le regard toujours tendu vers la trouée par laquelle s’est envolé le héron.
Hein, t’as vu ça, il répète et cette fois, il se retourne vers Rafael et voit son air maussade.
Tu me fais marrer, grogne Rafael.
Pourquoi?
Et tu me demandes pourquoi. Alors celle-là.
Il force un éclat de rire.
T’as l’aviation allemande qui nous passe à ras la casquette et qui balance des bombes sur nos maisons et tu voudrais qu’on s’émerveille devant un héron qui s’envole.
Basilio, bouche bée.
T’es vraiment dingue, continue Rafael.
Basilio, silencieux, le regard fixe.
A nouveau, le battement rapide et continue des cloches de Santa Maria.
Merde, fait Rafael.
Ca fait peur, dit Basilio. Ca me fait un drôle de truc aux cheveux.

Et sinon, on en parle en bien dans ces blogs: la lettre du libraire, les livres d’Agathe, Kezakooslo

Le héron de Guernica d’Antoine Choplin
éditions du Rouergue, Août 2011
ISBN 978-2-812-602-481
159 p., 16€

Un article de Clarice Darling.

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4 Réponses

  1. Coucou!!
    J’ai été bouleversée par ce roman! C’est vrai que l’écriture est vraiment spéciale mais j’ai trouvé le fond du livre vraiment très fort!
    Mais bon il en faut pour tous les goûts!
    Merci de d’avoir cité mon blog!
    Bises!

    Agathe

    27 septembre 2011 à 08:31

    • Salut Agathe!
      J’encourage les lecteurs des Cannibales à lire ce livre, à se faire leur propre opinion et venir nous la livrer ici-même.
      Et puis, la prochaine fois que j’adore un livre, tu auras le droit de venir en dire du mal.
      Bonne continuation bloguesque!
      Bises
      Clarice

      30 septembre 2011 à 00:29

  2. bonjour,
    je viens de finir « le heron de guernica », et je n’y retrouve pas l’auteur de « cour nord » que j’avais bien aimé.
    Ici le récit m’a paru froid à force d’une volonté manifeste de concision et d’objectivité.
    D’autre part le titre ne montre-t-il pas la disproportion entre deux termes : n’est-il pas dérisoire de peintre un héron après un massacre ? l’idée de la bicyclette abandonnée, présente dans le livre, me paraissait une metonymie mieux adaptée. http://tinyurl.com/6fnbrol

    3 novembre 2011 à 17:53

  3. Cher Rotko

    De mémoire, (puisque ma lecture commence un peu à dater), je crois que le tableau était en cours de peinture pendant le bombardement. Mais je n’en suis pas sûre…
    Effectivement, l’idée de la bicyclette, sur laquelle l’auteur insiste assez longuement, était une belle métonymie, mais aussi une belle métaphore. Car dans cette histoire, la bicyclette abandonnée peut avoir deux sens:
    – le cycliste a tenté de porter secours aux survivants et a donc abandonné son vélo
    – dans la précipitation, tout le monde a cherché à fuir et on en a oublié le vélo, qui pourtant permettait une fuite bien plus rapide.
    Et moi, dans la précipitation, j’ai abandonné Le Héron de Guernica à Bibliothèque Sans Frontière, donc je ne peux même pas le relire. Je préfère pédaler, en apnée, sur ma bicyclette délaissée vers la Fosse aux Ours!

    3 novembre 2011 à 20:30

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