Articles tagués “tuer le père

Deux ans !

gateau01Hé oui, les Cannibales Lecteurs ont déjà deux ans ! Quand WordPress nous a annoncé la nouvelle ce matin, nous en avons été les premiers surpris… Le temps passe !
C’est l’occasion de donner un petit coup d’œil dans le rétro – vite fait, parce qu’on est surtout là pour parler livres, et que les statistiques, ce n’est pas notre fort ni notre truc ni notre raison d’être. Mais tout de même, pour le fun :

– Sans compter celui-ci, nous en sommes à 265 articles, soit environ 260 chroniques, si on enlève nos rares articles annexes (annonces de vacances, explications de disputes avec des auteurs énervés…)
– Vous nous avez laissé 390 commentaires, qui nous ont tous fait chaud au cœur – même quand vous n’étiez pas d’accord avec nous ;-)
– Le blog a été vu 61126 fois depuis sa naissance, dont 39572 fois en 2012, et déjà 12914 en 2013.
– Le premier article était consacré à la revue Collection.

Les trois chroniques les plus lues sont à ce jour :
1. L’Art de Tim Burton (catalogue de l’exposition de la Cinémathèque)
2. Tuer le père, d’Amélie Nothomb, éd. Albin Michel
3. Prison avec piscine, de Luigi Carletti, éd. Liana Lévi

Pour rigoler un peu maintenant, passons aux critères de recherche
– Les cinq plus populaires :
1. delphine de vigan (593)
2. prison avec piscine (352)
3. lucile de vigan (309)
4. cannibales lecteurs (262)
5. l’art de tim burton (256)

– Les plus flippants :
« torture chinoise » (41 fois quand même !!!), « camp de concentration cannibalisme » (1 fois seulement, mais ça suffit !), « soumise comment bien choisir sa maîtresse » (hum)…
– Quelques inattendus, pris au hasard (il y en a un paquet…) :
« chaise sur le pont », « des corps de femme en lévitation », « orgie dans un monastère », « slip trash bd » (!!!), « pierrot l’idiot », « guerite de surveillance elysée » (il prépare un sale coup, celui-là, ou quoi ???)
Dont quelques-uns liés au nom du blog :
« questions droles sur cannibale », « pourquoi devient on cannibal psychologiquement » (les fautes sont d’origine), « le cannibale corse », « dessins de cannibale », « pourquoi et comment utiliser la fiction pour révéler une histoire vérédique dans cannibale » (compliqué !!!)
– Celui qui reprend carrément au mot près une phrase d’un de nos articles :
« esteban s’ennuie tout seul dans son immeuble »… Chapeau :-)
– LA bonne question :
« pourquoi des pese personne jardins du luxembourg »…

gateau02Nous avons chroniqué 69 romans français, 57 polars, 37 romans étrangers, 29 romans jeunesse, 24 B.D., 10 livres d’histoire et 10 livres d’art, 6 livres de cinéma, 3 de théâtre.
17 articles nous ont paru hors catégorie, alors nous les avons appelé les « inclassables ».

Merci à tous ceux qui nous suivent depuis longtemps, à ceux qui passent et qui s’arrêtent quelques minutes, à ceux qui nous aiment bien et à ceux que nous énervons.
Merci aux auteurs qui nous écrivent parce qu’ils sont heureux de la bonne critique que nous avons faite de leur livre, mais aussi à ceux à qui nous avons réservé une chronique plus mitigée et qui viennent – courtoisement – en parler avec nous.
Merci à ceux qui font vivre la littérature quoi qu’il arrive : éditeurs, lecteurs, blogueurs… Quels que soient nos goûts, nos affinités, nos différences, nous partageons et faisons partager la même passion – un combat commun pour la singularité et la culture auquel nous ne devons jamais renoncer.

De notre côté, nous entrons dans la troisième année de notre blog avec la même envie de vous faire partager nos découvertes et nos coups de coeur comme nos coups de griffe. Les Cannibales ont toujours les crocs, alors rendez-vous à la prochaine chronique, puis à la suivante, et encore à la suivante…

Bookfalo Kill & Clarice Darling

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Tuer le père, d’Amélie Nothomb

Signé Bookfalo Kill

Le nouveau roman d’Amélie Nothomb s’intitule Tuer le père. Sa quatrième de couverture se résume comme d’habitude à une seule phrase : « Allez savoir ce qui se passe dans la tête d’un joueur. »
Il raconte l’histoire d’un adolescent, Joe. Passionné d’illusionnisme, il vit seul avec sa mère qui ne l’aime pas et collectionne les beaux-pères. Lorsqu’elle pense avoir trouvé le bon, elle demande à son garçon de débarasser le plancher. Joe s’en va bien volontiers, décidé à gagner sa vie en exerçant l’art de la magie. Pour progresser, il s’invite chez Norman, l’un des meilleurs prestidigitateurs du monde. Celui-ci le prend sous son aile, lui enseigne ses secrets et l’élève comme son fils avec sa femme Christina. Joe tombe amoureux de Christina. Tout ça risque de mal finir.

Tuer le père affiche 150 pages (grands caractères, larges interlignes) et coûte 16€. Je l’ai lu en une heure, à la minute près. Il va se vendre à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’exemplaires.

Et sinon ?
Rien.

Ce roman avait du potentiel. La magie est un thème qui nourrit avec la littérature des affinités évidentes. Comme le prestidigitateur, l’écrivain est un manieur d’illusions qui fait du mensonge un art visant, non pas à abuser par malignité, mais à surprendre et à enchanter son lecteur. Lorsqu’elle aborde ce sujet, Nothomb livre d’ailleurs ses meilleures lignes, dignes de ses meilleurs romans.
Mais ce ne sont que quelques lignes, égarées au milieu d’un océan de platitudes qui m’ont laissé totalement indifférent. Je me demande encore quel est l’intérêt de l’apparition au début et à la fin de l’auteure en personne, qui se met en scène avec une certaine complaisance et sans aucun rapport avec le reste de l’histoire.
Et je passe sur la piteuse tentative de twist final, tellement cousue de fil blanc qu’elle donne au roman des allures de cadavre après autopsie.

Ne vous y trompez pas : je ne déteste pas Nothomb, ni ne la critique par principe. Au contraire, j’ai même aimé et suivi son travail, au début de sa carrière. Lorsqu’elle était encore écrivain. Son obsession thématique de la monstruosité sous toutes ses formes – en particulier de l’obésité – constituait la force de son oeuvre. Elle se montrait d’une telle virtuosité dans l’art délicat des dialogues qu’on lui pardonnait volontiers de limiter les descriptions et les transitions narratives à leur plus simple expression, pour mieux briller dans un jeu de réparties cinglantes, intelligentes, drôles, perverses, plus jouissives les unes que les autres. Son premier roman, Hygiène de l’assassin, était une merveille du genre, dont je recommande encore volontiers la lecture – même si mon affection va en premier lieu aux Catilinaires, oeuvre méconnue mais superbe.

Et puis, au fil des romans, Nothomb est devenu un système, une machinerie sans âme, un épouvantable gâchis de talent. L’auteur d’un livre par an, paraissant fin août, équivalent du starter pour le coureur de cent mètres : un coup de feu qui déclenche la ruée de la rentrée littéraire avant de partir aussitôt en fumée dans le ciel – aussitôt tiré, aussitôt oublié.

La Belge chapeautée est douée. Je suis sans doute présomptueux, mais je reste convaincu qu’elle pourra écrire, un jour, un GRAND livre. Ce jour arrivera lorsqu’elle cessera de céder à sa facilité naturelle et décidera de se confronter pour de bon à l’écriture, à une ambition littéraire plus élevée et moins lâche que celle consistant à expédier la rédaction de trois ou quatre opus minimalistes par an (détail biographique qui fait partie de sa « légende » médiatique), puis à confier à son éditeur le soin de choisir le meilleur (sans doute plutôt le moins mauvais).
J’espère vraiment voir ce jour arriver, même si chaque année qui passe et nous amène un énième roman sans saveur entame un peu plus mon optimisme naturel…

Et pardon si je m’échauffe un peu, mais voir un tel potentiel se déliter de livre en livre, c’est vraiment râlant.

Tuer le père, d’Amélie Nothomb
Editions Albin Michel, 2011
ISBN 978-2-226-22975-5
150 p., 16€