
Intérêt global :

C’est sûrement parce que j’arrive au bout de l’interminable route traversant les innombrables paysages de la rentrée littéraire, mais je ne sais pas trop quoi vous dire au sujet du programme concocté par les éditions Verdier, sinon qu’il ne m’inspire pas du tout. Du reste, c’est une maison avec laquelle j’ai un rapport compliqué, quelques-uns de leurs livres m’ont enthousiasmé à l’occasion (ah, Antoine Wauters !), mais je suis finalement assez peu familier de leur catalogue très riche, exigeant et littéraire.
Donc, on va faire simple et neutre, et puis vous verrez bien si ça vous inspire.
Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo
Fuyant le souvenir des siens, Thésée quitte sa ville de l’Ouest en embarquant dans le dernier train de nuit vers l’Est avec ses enfants. Il pense aller vers la lumière mais quelque chose qu’il ignore encore semble le poursuivre.
Permafrost, d’Eva Baltasar
Renfermée sur elle-même, pour se protéger de l’hypocrisie familiale entretenant l’idée de l’épouse comblée et de la mère épanouie, la narratrice cohabite avec ses pensées suicidaires. Heureusement, les chambres deviennent son refuge. Elle peut y découvrir d’autres vies par le biais de la lecture, mais aussi le plaisir des corps et des caresses.
Alger, rue des Bananiers, de Béatrice Commengé
L’auteure se remémore son enfance, au milieu des années 1950 à Alger. Elle raconte comment elle a appris à mettre des mots sur les choses et des noms sur les visages. Elle sait par des photos qu’elle a déjà traversé la mer mais ignore que la Terre est ronde.
29 juillet 2020 | Catégories: A première vue, Romans Francophones | Tags: A première vue, Algérie, Alger, Alger rue des Bananiers, épouse, bananiers, Béatrice Commengé, Camille de Toledo, Cannibales Lecteurs, corps, enfance, enfants, est, Eva Baltasar, famille, littérature francophone, nouvelle, ouest, Permafrost, rentrée littéraire, sexualité, suicidaire, Thésée, Thésée sa vie nouvelle, Verdier, vie | Poster un commentaire
Signé Bookfalo Kill
Bob Saginowski est barman dans le bar de son cousin Marv, à Boston, qui sert de relais à la mafia tchétchène du quartier pour leurs différents trafics. Taciturne et solitaire, se tenant à l’écart du monde pour éviter de faire resurgir de vieux démons qui le taraudent, sa vie bascule pourtant le jour où il découvre un chiot abandonné dans une poubelle devant la maison de Nadia, une jeune femme avec qui il se lie d’amitié.
Quand le bar se fait braquer un soir et qu’une armée de personnages peu recommandables achèvent de perturber sa tranquillité difficilement acquise, Bob doit faire des choix qu’il espérait ne plus avoir à faire…
Ce n’est pas très agréable à admettre, mais voilà un roman de Dennis Lehane qui, pour moi, ne restera pas dans les annales. Il faut dire que le bonhomme nous a habitués à planer tellement haut dans le ciel du polar qu’un opus tout juste bon, comme Quand vient la nuit, paraît presque décevant.
L’origine de ce livre y est peut-être pour quelque chose. Il s’agit en effet d’une extension d’une nouvelle intitulée Sauve qui peut, que Lehane a reprise et étoffée pour en faire à la fois ce roman et un scénario de long métrage. Le film sortira en novembre et vaudra pour être la dernière apparition à l’écran de James « Soprano » Gandolfini ; difficile à croire, à moins d’une mise en scène révolutionnaire de Michaël R. Roskam (réalisateur belge de Bullhead), qu’il marquera davantage l’histoire du cinéma, tant son intrigue n’a rien de spectaculairement original.
Pour le dire autrement, Quand vient la nuit aurait pu être écrit par un autre auteur un peu talentueux. Hormis le fait que le récit se déroule à Boston, sa ville fétiche, et en-dehors de quelques fulgurances psychologiques bien dans son style, rien ne trahit spécialement la patte de Dennis Lehane. Il lui manque cette force, cette énergie sombre, cette clairvoyance humaine qui sont sa marque de fabrique. Il lui manque tout simplement le souffle extraordinaire qui a amené Mystic River, Shutter Island ou Un pays à l’aube directement au rang de classique, et fait aussi de sa série Kenzie-Gennaro un must du polar urbain, sombre et désespéré.
Sans doute, accoutumé à cette puissance hors norme, suis-je devenu trop exigeant avec Dennis Lehane. Je dois donc être honnête et reconnaître que Quand vient la nuit se lit très agréablement, que ses personnages sont bien dessinés, que l’ensemble assume sa noirceur et dresse le portrait glaçant d’une ville rongée par la corruption, la mafia et la folie ordinaire, au point de faire s’effondrer les valeurs « refuges » que sont l’honnêteté ou la spiritualité (à l’image d’une église qui ferme pour être transformée en complexe immobilier luxueux).
A l’écrire ainsi, vous comprendrez, je l’espère, que c’est un bon polar. Certes, sans l’étincelle qui fait le grand roman, mais tout de même très plaisant à lire. Oui, c’est déjà ça !
Quand vient la nuit, de Dennis Lehane
Traduit de l’américain par Isabelle Maillet
Éditions Rivages, coll. Thriller, 2014
ISBN 978-2-7436-2905-2
270 p., 14,50€
28 octobre 2014 | Catégories: Polars | Tags: adaptation, bar, Boston, Cannibales Lecteurs, chien, chiot, cinéma, Dennis Lehane, James Gandolfini, mafia, nouvelle, Paris, polar, quand vient la nuit, relais, tchétchène, trafic | 6 Commentaires
Signé Bookfalo Kill
Dans un petit port paisible, un pêcheur dort tranquillement dans sa barque. Un touriste qui passe par là le réveille en le prenant en photo. Comme il fait beau, le touriste s’inquiète : le pêcheur ne sortira-t-il pas en mer aujourd’hui ? Mais le marin est déjà parti au matin et a fait une bonne pêche. Pas de quoi, cependant, calmer le touriste qui voit beaucoup plus loin et beaucoup plus grand…

A l’origine, La Leçon de pêche est une nouvelle de l’écrivain allemand Heinrich Böll (1917-1985), Prix Nobel de littérature en 1972. Le texte était inédit en français, le voici non seulement traduit (par Bernard Friot, excusez du peu), mais en plus mis en images par Émile Bravo, l’excellent illustrateur et auteur de B.D. auquel on doit notamment la série des épatantes aventures de Jules.
Très simple, cette histoire en forme de fable contemporaine confronte deux manières de voir l’existence, un idéal de vie simple contre une ambition intarissable. Et la leçon de pêche n’est pas forcément celle que l’on imagine…
C’est drôle, c’est fin, c’est bien vu, et le dessin d’Émile Bravo est toujours aussi juste et chaleureux. Un très beau livre, entre l’album et la B.D., que les parents se plairont à lire avec leurs enfants, à partir de 4-5 ans.
La Leçon de pêche, de Heinrich Böll (texte), Émile Bravo (dessins) et Bernard Friot (traduction et adaptation)
Éditions P’tit Glénat, coll. Vitamine, 2012
ISBN 978-2-7234-8233-2
36 p., 12,20€
19 mars 2012 | Catégories: Albums jeunesse | Tags: album, B.D., Bernard Friot, Cannibales Lecteurs, Emile Bravo, fable, Heinrich Böll, idéal, nouvelle, P'tit Glénat, pêche, Prix Nobel, prix nobel de littérature, touriste | Poster un commentaire