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À première vue : la rentrée Gallmeister 2021


Intérêt global :


Lors de la rentrée 2020, les éditions Gallmeister avaient tout balayé sur leur passage avec le phénomène Betty, l’une de ces révélations portées autant par la presse que par les libraires et un bouche-à-oreille démentiel, dont la maison a le secret.
Depuis, Gallmeister a élargi son célèbre catalogue jusqu’alors exclusivement anglo-saxon à d’autres langues et d’autres nationalités, tout en s’efforçant de suivre sa ligne éditoriale, où la nature joue souvent une place prépondérante. Ce qui nous vaut cette année, en plus des trois habituels titres américains, une nouvelle plume allemande.
Si le programme 2021 semble dépourvu d’une pépite aussi affolante que
Betty (en même temps, un miracle pareil ne saurait se reproduire tous les ans, cela finirait par devenir suspect !), il faudra tout de même garder un œil sur le premier de la liste ci-dessous, qui a ses propres arguments à faire valoir.


True Story, de Kate Reed Petty (lu)
(traduit de l’américain par Jacques Mailhos)

Talentueuse mais solitaire, Alice Lovett prête sa plume pour écrire les histoires des autres. Pourtant elle reste hantée par la seule histoire qui lui échappe : sa propre vie. Une simple rumeur, lancée en ce lointain été 1999 par deux ados éméchés, a embrasé en un rien de temps toute la communauté. Que s’est-il réellement passé sur la banquette arrière de cette voiture alors que les garçons ramenaient Alice, ivre et endormie, chez elle ? Accusations, rejets, déni, faux-semblants… la réalité de chaque protagoniste vacille et reste marquée à tout jamais.
Pour raconter cette histoire où fiction et réalité se cognent violemment, Kate Reed Petty choisit de varier à l’envi (mais sans excès) formes et genres littéraires, alternant entre roman de campus, thriller psychologique et récit horrifique, entre narration classique, échanges de lettres ou scénarios.
Si cette créativité formelle peut faire penser à Marisha Pessl (Intérieur nuit – une comparaison évidemment flatteuse pour moi), elle permet à l’auteure de traiter avec subtilité du thème de la rumeur et de ses conséquences sur la vie de ceux qui en ont été victimes, acteurs ou témoins.
Par ailleurs, True Story s’avère une lecture hyper addictive, un page-turner doté d’une vraie force littéraire. Grâce à cet excellent livre, Gallmeister a encore une fois de quoi marquer la rentrée américaine de son empreinte.

Les dents de lait, de Helene Bukowski
(traduit de l’allemand par Sarah Raquillet et Elisa Crabeil)

Si son patronyme évoque un célèbre auteur américain, Helene Bukowski est pourtant allemande, et fait donc son entrée dans le catalogue élargi de Gallmeister avec son premier roman aux airs de dystopie.
Edith et sa fille Skalde vivent dans un village qui, après avoir fait sauter le dernier pont qui le reliait au reste du monde, reste désormais en autarcie, espérant ainsi se prémunir de l’effondrement annoncé de la civilisation.
Un jour, pourtant, Skalde découvre une fillette rousse inconnue dans une clairière et, contre toute prudence, la ramène chez elle.
L’adolescente et sa mère n’étant déjà pas en odeur de sainteté dans le village, il est à craindre que l’heure de la chasse aux sorcières ait sonné..

La Cité des marges, de William Boyle
(traduit de l’américain par Simon Baril)

Après avoir été le numéro 1000 de la collection Rivages/Noir avec Gravesend, son premier roman, William Boyle a rejoint l’écurie Gallmeister, chez qui il publie son quatrième titre de rang.
Un roman noir ancré à Brooklyn, comme les précédents, dans lequel Donnie Parascandolo, un flic corrompu, fait le sale boulot pour un truand local. Parfois, le sale boulot ne se passe pas très bien, comme avec ce type qui, finalement, ne savait pas nager – mais ce n’est pas le genre de choses qui empêche Donnie de dormir.
Pourtant, des années plus tard, un gamin que Donnie avait tabassé découvre une vérité troublante qui l’amène à changer de vie.

Le Cercueil de Job, de Lance Weller
(traduit de l’américain par François Happe)

Alors que la Guerre de Sécession fait rage, Bell Hood, jeune esclave noire en fuite, espère gagner le Nord en s’orientant grâce aux étoiles. Le périple vers la liberté est dangereux, entre chasseurs d’esclaves, militaires des deux armées et autres fugitifs affamés qui croisent sa route.
Jeremiah Hoke, quant à lui, participe à l’horrible bataille de Shiloh dans les rangs confédérés, plus par hasard que par conviction. Il en sort mutilé et entame un parcours d’errance, à la recherche d’une improbable rédemption pour les crimes dont il a été le témoin.
Deux destinées qui se révèlent liées par un drame originel commun, emblématique d’une Amérique en tumulte.


BILAN


Déjà lu :
True Story, de Kate Reed Petty

Lecture probable :
Les dents de lait, de Helene Bukowski

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Lectures en cours (ça sent la rentrée…)

Salut amis Cannibales !

Non, je ne vous oublie pas, même si j’ai un peu délaissé le blog ces derniers jours. La machine à lire tourne toujours, celle à chroniquer un peu moins, faute de temps disponible, mais ça va (re)venir.

Surtout, vous aurez en découvrant ci-dessous mes deux lectures en cours une idée de ce qui se trame dans les coulisses de Cannibales Lecteurs :

Nothomb, Chalandon : vous aurez identifié sans doute deux auteurs incontournables de la littérature française contemporaine, deux noms qui figurent immanquablement parmi les plus médiatiques de la rentrée littéraire. Deux écrivains, également, habitués de ce blog – la première ayant tendance à me fasciner et à m’agacer à parts égales suivant les années, tandis que le second fait partie de mes auteurs francophones favoris.

Tout ceci pour dire que je commence à explorer la rentrée littéraire d’automne 2021, et que tout en lisant les premiers textes disponibles, je prépare le retour de la rubrique « à première vue », panorama subjectif et non exhaustif de cet événement littéraire qui, de fin août aux prix littéraires de novembre, secoue le cocotier de la littérature en France.

Comme chaque année, à première vue bien sûr, il y aura des belles choses, de jolies découvertes, des confirmations, des déceptions, des explorations inattendues, des auteurs inamovibles et des petits jeunes qui parviendront à se faire une place, voire un nom.
De mon côté, les attentes se placent pour l’instant et en vrac vers Antoine Wauters (Mahmoud ou la montée des eaux, Verdier), Kate Reed Petty (True Story, Gallmeister, un premier roman qui a l’air incroyable), Frédéric Paulin (La Nuit tombée sur nos âmes, Agullo, retour très attendu de l’auteur de la trilogie Benlazar), Thomas B. Reverdy (Climax, Flammarion), David Diop (La Porte du voyage sans retour, Seuil), Paul Lynch et Michael Christie (Au-delà de la mer et Lorsque le dernier arbre, tous deux chez Albin Michel), Cécile Coulon (Seule en sa demeure, Iconoclaste), Marie Vingtras et Natasha Trethewey (Blizzard et Memorial Drive, tous deux à l’Olivier), Kazuo Ishiguro (Klara et le soleil, Gallimard, premier retour du romancier britannique depuis son prix Nobel), Kawai Strong Washburn (Au temps des requins et des sauveteurs, Gallimard – rien que pour le titre !), Jean-Baptiste de Froment (Badroulboudour, Aux Forges de Vulcain)…
En attendant tous ceux qui, par surprise ou non, viendront se mêler à la fête !

On recause de tout ça en détail très vite. Le temps d’avancer dans les chroniques de présentation, et on attaque, sûrement à partir de la semaine prochaine !