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Pas exactement l’amour, d’Arnaud Cathrine

Signé Bookfalo Kill

Cathrine - Pas exactement l'amourPas exactement l’amour : le titre donne parfaitement le ton de ce recueil de nouvelles, dont les personnages ont pour point commun de se croire amoureux, mais ne le sont pas vraiment, ou ne le sont plus, ou le sont seuls sans l’autre… Dans cet exercice de jonglage psychologique sur le sentiment le plus universel qui soit, Arnaud Cathrine a toutes les qualités requises pour éviter les clichés : de la finesse, de l’humour, une certaine tendresse pour le genre humain, un don pour exprimer en douceur la mélancolie, la compréhension douloureuse de la perte de l’autre, la sensation de décalage entre deux individus…

Comme c’est souvent le cas, certaines nouvelles sont plus fortes et plus marquantes que d’autres, laissant une impression inégale de l’ensemble du recueil. Je retiendrai surtout « Une erreur de jeunesse », texte cruel où un homme retrouve un ami, ancien amant, alors que ce dernier se marie avec une femme et feint d’ignorer ce lien spécial entre eux, et « J’attendrai », récit à deux voix qui confronte les points de vue de deux voisins vivant l’un en face de l’autre et tentant d’interpréter leurs comportements.

Mais les autres nouvelles se tiennent, et dessinent un large panorama du couple et de l’amour aujourd’hui, avec toute la subtilité, parfois teintée d’ironie, dont sait faire preuve l’auteur de Je ne retrouve personne.

Pas exactement l’amour, d’Arnaud Cathrine
Éditions Verticales, 2015
ISBN 978-2-07-014766-3
246 p., 17,90€

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Je ne retrouve personne, d’Arnaud Cathrine

Signé Bookfalo Kill

Sous la pression de son frère aîné, un cinéaste réputé, le jeune écrivain Aurélien Delamare doit mettre entre parenthèses la promotion de son nouveau roman pour retourner en Normandie et y régler la vente de la maison familiale, désertée par ses parents partis vivre leur retraite sous le soleil niçois.
Arrivé sur place à contre-coeur pour quelques jours, Aurélien est pourtant submergé peu à peu par la nécessité d’y rester. Son adolescence contrastée, ses amitiés d’alors, sa plus belle histoire d’amour sabordée par ses soins… Dans la maison déserte, fatiguée et pleine de souvenirs, le jeune homme fait autant l’état des lieux de la demeure que celle de sa vie, confite dans la solitude.

Cathrine - Je ne retrouve personneAyant dû lire ce roman pour des raisons professionnelles, j’avoue que j’en suis sorti agréablement surpris. Sur le papier, et même telle que je l’ai résumée, cette histoire avait pourtant des airs de fiction introspective à la française dont je ne suis pas spécialement amateur. Il y a de cela, en effet, impossible de le nier.
Mais en fin de compte, ce qui fait toujours la différence, c’est le travail de l’auteur, son style et la manière dont il investit le sujet, aussi rebattu soit-il. Arnaud Cathrine réussit ici un savant dosage entre mélancolie, danse des souvenirs, et réflexions diverses – sur l’amour, le couple et la paternité, sur l’héritage d’une vie, sur la réussite, entre autres choses disséminées avec subtilité.

L’écriture d’Arnaud Cathrine est fluide, adoptant parfois le style elliptique des prises de notes à la volée (on comprend que le livre que l’on lit est celui qu’Aurélien écrit sur le vif, au fil de son séjour) ; un procédé qui dynamise le récit et lui donne crédibilité et sincérité.
C’est cette écriture qui, avant tout, accueille le lecteur dès les premières lignes et l’accompagne jusqu’à la fin sans l’ennuyer ; elle, qui fait la fameuse différence entre un énième livre nombriliste et un roman intimiste réussi, comme l’est Je ne retrouve personne. Un moment délicat et sensible, qui touche juste.

Je ne retrouve personne, d’Arnaud Cathrine
Éditions Verticales, 2013
ISBN 978-2-07-013785-5
227 p., 17,90€