Psycho Killer (Anonyme)
Signé Bookfalo Kill
B Movie Hell est petite cité américaine bien tranquille, dont l’essentiel de l’activité tourne autour du Minou Joyeux, son bordel de luxe, propriété de Silvio Mellencamp, un richissime producteur de films qui tient l’ensemble de la ville sous sa coupe tout en faisant profiter ses habitants de ses largesses. Bien tranquille, donc, jusqu’au jour où un serial killer, affublé d’un masque en forme de crâne surmonté d’une crête rouge, se met à dézinguer tous ceux qu’il croise, avec une nette préférence pour les décapitations et autres démembrements sauvages.
Pour le neutraliser, le FBI fait appel à Jack Munson, un de ses agents très spéciaux – dont la compétence majeure, ces dernières années, se réduit à une consommation d’alcool exceptionnelle. Ce qui ne va pas l’empêcher de s’intéresser très vite à l’opération Blackwash, un projet top secret du Département d’Etat qui pourrait bien avoir un rapport avec cette affaire…
Déglingué, cradingue, rigolo, graveleux, sanguinolent, haletant : tout ceci vous rappelle quelque chose ? Hé oui, le plus célèbre des auteurs anonymes (dont l’identité reste obstinément secrète, un sacré tour de force à notre époque) est de retour ! Après le Livre sans nom, ses deux suites et son prequel, il abandonne le Bourbon Kid et la terrible Santa Mondega pour un autre tueur en série et une autre ville.
La comparaison étant inévitable, on notera tout de suite que l’un et l’autre sont moins barrés et moins terrifiants dans Psycho Killer – il faut dire que la barre était placée haut en matière de furie et d’horreur. Néanmoins, si vous avez aimé la tétralogie du Bourbon Kid, le voyage vaut le détour. D’abord parce ce nouveau roman est un page-turner implacable, plaisir de lecture si pur et si brut qu’il en serait presque culpabilisant.
Ensuite et surtout, parce que Psycho Killer est un bel hommage au cinéma de série B (tirant parfois sur le Z). De Halloween à Twin Peaks en passant par Jason Bourne, Terminator et Dirty Dancing (!), le romancier malaxe tout un tas de références qu’il n’est pas nécessaire de maîtriser pour apprécier le roman – mais qui vous feront sourire quand vous les identifierez, certaines étant plus évidentes que d’autres.
Moins original et habité que ses livres précédents, Psycho Killer est tout de même un slasher percutant, hyper efficace et encore une fois hanté par des personnages bien secoués. Notre Anonyme préféré fatigue peut-être un peu, mais il a encore de beaux restes !
Psycho Killer, d’Anonyme
Traduit de l’anglais par Cindy Kapen
Éditions Sonatine, 2013
ISBN 978-2-35584-227-6
359 p., 20€
A première vue – la rentrée polar (1) : les poids lourds
A leur manière, sans compétition autre que celle de s’imposer entre les mains des lecteurs, les polars aussi font leur rentrée à partir de septembre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du beau monde et des promesses intéressantes parmi les parutions annoncées.
Comme il est impossible de tout présenter, sous peine de faire exploser ce blog par un surplus d’informations, nous nous contenterons des sorties principales que nous avons repérées. A charge pour vous d’en ajouter !
(Attention : l’annonce, les visuels et les dates de ces sorties, précisées entre parenthèses, s’appuient sur le programme du logiciel professionnel Electre, et peuvent donc être soumis à variation.)
LES POIDS LOURDS
Psycho Killer, d’Anonyme : l’auteur de la tétralogie jubilatoire du Bourbon Kid (Le Livre Sans Nom, ses deux suites et son préquel), revient avec une histoire de crimes en série dans une ville du nom de B. Movie Hell… Atrocités joyeuses et références cinématographiques attendues ! (Sonatine, 10/10)
Sur la tombe, de Ken Bruen : une nouvelle enquête du sombre privé Jack Taylor, confronté à une bande décidée à nettoyer Galway de ceux qu’ils considèrent comme nuisibles. (Fayard, 16/10)
Déposer glaive et bouclier, de James Lee Burke : les éditions Rivages n’en finissent plus de nous faire lire Burke, au risque de l’overdose. Paru en 1971 et jamais traduit, ce roman est le premier d’une série consacrée aux Holland, une famille du Texas, dont les titres suivants sont sortis à la fin des années 2000. Ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées. (Rivages, 30/10)
L’Ecorchée, de Donato Carrisi : à la différence de beaucoup de lecteurs, je n’avais pas accroché au Chuchoteur, le premier titre du romancier italien dont celui-ci est la suite. On y retrouve donc Mila Vazquez, affectée au bureau des personnes disparues, et qui voit certaines d’entre elles réapparaître pour commettre des meurtres. (Calmann-Lévy, 16/10)
Pur, d’Antoine Chainas : l’auteur du terrifiant Versus n’avait rien publié depuis 2010, et sa dernière sortie, Une histoire d’amour radioactive, avait été décevante. On attend donc d’autant plus son retour. (Gallimard, Série Noire, 12/09)
A quelques secondes près, de Harlan Coben : une nouvelle histoire de Mickey Bolitar, le neveu de Myron, qui enquête à la fois sur la mort de son père et sur un crime dans lequel est impliquée son amie Rachel. Fleuve Noir décline dans sa collection pour adultes cette série destinée aux ados. (Fleuve Noir, 5/09)
Nu dans le jardin d’Eden, de Harry Crews : le deuxième roman de l’auteur américain disparu en 2012 n’avait jamais été traduit, alors qu’il le considérait comme son meilleur livre. Il se déroule à Garden Hill, un village abandonné à une douzaine de familles depuis la fermeture de la mine de phosphate qui avait assuré sa prospérité des années auparavant. Tandis que Fat Man, le propriétaire des terres, se laisse aller, quelques habitants envisagent une résurrection singulière des lieux grâce à Dolly, belle, débauchée et prête à tout… (Sonatine, 14/11)
Mauvaise étoile, de R.J. Ellory : le nouveau roman du brillantissime Britannique s’annonce comme un thriller encore différent du magnifique Seul le silence, ou de sa trilogie « institutionnelle » (Vendetta et la Mafia, Les anonymes et la CIA, Les Anges de New York et le NYPD) : pour échapper à la peine de mort, un psychopathe prend en otage deux adolescents guère plus recommandables que lui, et le trio se lance dans une cavale sanglante à travers le Texas des années 60… (Sonatine, 17/10)
Une vérité si délicate, de John Le Carré : un nouveau roman du maître de l’espionnage littéraire est toujours un événement. Toujours en phase avec son temps, il nous emmène cette fois dans une histoire d’enlèvement de djihadiste à Gibraltar en 2008… (Seuil, 17/10)
Le Mystère Fulcanelli, de Henri Loevenbruck : après Le Rasoir d’Ockham et les Cathédrales du vide, suite des aventures d’Ari Mackenzie. Avec ses thrillers haletants et intelligents sur l’ésotérisme, Loevenbruck écrase sans peine les gloubiboulgas insipides de Dan Brown. Au public, déjà nombreux à le suivre, de continuer à lui donner raison. (Flammarion, 2/10)
Les guetteurs, de Ian Rankin : après avoir mis à la retraite John Rebus, son enquêteur emblématique, le romancier suit Malcolm Fox, membre de la police des polices écossaise. D’une banale enquête sur l’abus de pouvoir d’un détective, Fox met au jour une affaire beaucoup plus sensible, qui touche aux plus hautes sphères du pouvoir… (Éditions du Masque, 11/09)
Puzzle, de Franck Thilliez : le mister Best-Seller du Nord délaisse Sharko et Lucie Hennebelle, ses héros récurrents, pour un one shot autour d’un jeu diabolique à échelle réelle, qui enferme ses candidats dans un asile psychiatrique désaffecté. Séduisant sur le papier, hélas décevant. (Fleuve Noir, 3/10)
The Main, de Trevanian : les éditions Gallmeister poursuivent la réédition des œuvres de cet écrivain aussi immense que mystérieux, disparu en 2005. Le titre fait référence à un boulevard de Montréal où se croisent prostituées, clochards, ouvriers et nouveaux immigrés. Le lieutenant Claude La Pointe, qui y officie depuis trente ans, enquête sur un meurtre commis au fond d’une ruelle. (Gallmeister, 3/10)
Dernier verre à Manhattan, de Don Winslow : le fantasque romancier américain délaisse plages et surfeurs de ses derniers romans pour nous ramener à New York en 1958 ; Walter Whiters, un ancien de la CIA devenu détective privé, se retrouve pris au piège d’une machination impliquant un sénateur et la fille de ce dernier, assassinée alors que Whiters était son garde du corps… (Seuil, 3/10)
Voilà pour les noms confirmés que nous avons retenus, rendez-vous dans un prochain post où nous nous intéresserons à un invité surprise de cette rentrée polar, ainsi qu’à quelques jolies promesses…