Paris mutuels, de J.-M. Laclavetine
Signé Bookfalo Kill
Vincent aurait pu avoir de la chance ce jour-là. A l’hippodrome, il avait joué Vendredi 13, un cheval affublé d’un solide handicap et auquel personne, bien sûr, ne croyait ; Vendredi 13 avait gagné et Vincent, empoché une jolie somme ; puis, cerise sur le gâteau, il avait rencontré Léa. Cette superbe créature antillaise avait misé sur New Tycoon : le mauvais cheval, c’est le cas de le dire ; et, dans l’excitation de la course, elle était presque tombée dans les bras de Vincent. Lequel n’avait pas tardé à craquer, à faire jouer son charme et à conquérir la belle.
Coup de foudre ? Non, coup de Trafalgar. Car tout était prémédité, et Léa, un joli nom pour une tornade prête à dévaster la vie de Vincent, en toute connaissance de cause.
Derrière les éditions la Branche, créées par Alain Guesnier et Jean-Luc Orabona, il y a également Jean-Bernard Pouy. Une référence qui, pour les amateurs, en dira long sur les intentions d’une petite maison d’édition dont le credo est : ressuscitons un certain roman noir, avec ses codes et, à la française, un sens de l’humour et de l’auto-dérision dont maître Pouy reste aujourd’hui le plus noble représentant hexagonal.
La Branche a d’abord lancé une collection estampillée « Suite Noire », dirigée par JBP, en référence à une époque aujourd’hui révolue de la mythique Série Noire de Gallimard. Voici aujourd’hui la collection « Vendredi 13« , cornaquée par Patrick Raynal, grand ami de Pouy, ancien directeur de la Série Noire (on y revient), et dont le projet, toujours dans le même esprit, est très simple : 13 romans signés par 13 auteurs différents, jouant chacun à sa manière avec la légende urbaine du vendredi 13 – jour de chance ou de malchance, à votre convenance.
Plume élégante et lecteur influent chez Gallimard – décidément ! -, Jean-Marie Laclavetine choisit avec Paris mutuels de rendre un hommage franc et massif au roman noir le plus pur. Au menu : un héros naïf et manipulable, assez peu recommandable mais très attachant ; une femme fatale, extrêmement séduisante et manipulatrice, qui va se régaler de la psychologie pâte à modeler de Vincent ; des seconds couteaux patibulaires ; de l’argent, de la frime, des chevaux (le roman noir classique adore les hippodromes) ; des figures mafieuses qu’il vaut mieux éviter de taquiner ; et, bien sûr, de l’humour pour enrober le tout.
Sans chercher à révolutionner le genre, Laclavetine s’amuse à l’évidence avec tous ces ingrédients. Le plaisir jubilatoire qu’il prend à raconter les déboires de Vincent – et à l’amener à une vengeance finale aussi réconfortante (y’a une justice !) que bien amenée – est communicatif. Paris mutuels ne me marquera sans doute pas, mais je me suis beaucoup amusé à le lire, et il ne faut pas chercher plus loin !
Paris mutuels, de Jean-Marie Laclavetine
Éditions La Branche, 2012
ISBN 978-2-35306-051-1
149 p., 15€
Tempête au haras de Chris Donner
Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas le titre « cul-cul » qui m’a attiré. On dirait un titre des bouquins Barbie.
C’est ma collègue responsable du rayon jeunesse qui m’a collé le livre entre les mains et m’a dit texto « tu vas voir, c’est vachement bien. Et tu n’as pas besoin d’aimer les chevaux. »
Ouf! Parce que les bidets et moi… ça fait douze.
Jean-Philippe est né dans une famille passionnée. Son père est jockey et sa mère est lad (je ne sais pas s’il existe un terme féminin pour cette appellation!) Il est né le même jour qu’un poulain, à même l’étable, dans la paille.
Dès lors, la vie du petit garçon sera inextricablement mêlée à celle de l’écurie et d’une jument en particulier.
Je ne peux rien dire de plus sous peine de gâcher le plaisir de lire ce livre qui est un petit bijou. Chris Donner nous offre un texte où l’on ne prend pas les enfants pour des imbéciles, truffé de verbes au passé simple et d’expressions au second degré (que les enfants de 9-10 ans peuvent aisément comprendre).
Voilà un roman pour enfants que même les adultes peuvent lire (je me suis laissée piéger) et même si la fin peut paraître convenue (il fallait bien un happy end!), le personnage de Jean-Philippe est extrêmement attachant, tout en questionnements et en dépassement de soi.
En bref, un roman intelligent, inventif et bien écrit! Un régal.
Tempête au haras de Chris Donner
Ecole des Loisirs, 2012
9782211207935
119p., 8€50
Un article de Clarice Darling.