À première vue : la rentrée de l’Olivier 2020

Intérêt global :
À bord du navire l’Olivier, on aborde la rentrée littéraire 2020 avec une nouvelle vice-capitaine à bord, l’excellente éditrice Nathalie Zberro, déjà passée sous les branches de l’arbre avant un long et fructueux crochet à la tête du département étranger des éditions Rivages.
Du côté des auteurs en lice, on reste aussi largement en famille, puisque trois d’entre eux (sur cinq) sont des noms familiers de la maison. Au programme : quatre romans, et un essai d’un grand nom des lettres américaines qui devrait avoir les faveurs de la presse.
Une bête aux aguets, de Florence Seyvos
Le Garçon incassable reste un très grand souvenir de lecture, poignant, créatif et d’une profonde justesse. Le titre du nouveau roman de Florence Seyvos annonce une intrigue marquée par l’étrangeté et l’inquiétude, qui ne devrait pas être dénuée d’émotion et d’empathie, qualités dont l’auteure est naturellement vibrante. Elle narre ici l’histoire d’Anna, une jeune fille cantonnée dans la peur, et convaincue de voir et d’entendre des choses que personne d’autre ne perçoit. Des voix, des lumières aux fenêtres, des ombres dans les couloirs… Suivie et traitée depuis des années par un mystérieux médecin, Anna s’interroge sur ce qu’elle est réellement, et sur ce qu’elle pourrait devenir.
Les nuits d’été, de Thomas Flahaut
Ostwald, son singulier premier roman, a commencé à distinguer Thomas Flahaut comme auteur à surveiller. Voici son deuxième, encore une fois ancré dans l’est – à tel point qu’on franchit la frontière pour passer en Suisse et découvrir les Verrières, petite ville frontalière où ont grandi Thomas, Mehdi et Louise, les trois héros du livre. De formidable terrain de jeux pour gamins, l’endroit devient, le temps d’un été, laboratoire d’entrée dans l’âge adulte. Comme leurs pères avant eux, les deux garçons entrent à l’usine, centre névralgique de la région, tandis que Louise utilise l’endroit comme lieu d’étude pour sa thèse sur les ouvriers frontaliers. Chacun à sa manière, ils confrontent leurs espoirs de vies meilleures et d’évasions sociales à un univers professionnel plus violent que jamais.
Mes fous, de Jean-Pierre Martin
Auteur d’essais et de fictions chez différents éditeurs (Seuil, Gallimard, Autrement entre autres), Jean-Pierre Martin rejoint les éditions de l’Olivier pour présenter ses Fous – ou, plus exactement, les fous de son héros, Sandor, persuadé d’attirer les personnalités atypiques et décrochées du réel dès qu’il met un pied dehors. De quoi se demander si lui-même ne serait pas un peu fou…
Walker, de Robin Robertson
(traduit de l’anglais par Josée Kamoun)
Premier roman d’un éditeur et poète britannique, Walker nous transporte de l’autre côté de l’Atlantique, dans les pas d’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui tente de trouver sa place dans un monde qu’il voit désormais comme un gigantesque film noir – à la manière de tous ces longs métrages hollywoodiens dans lesquels il se réfugie lorsque la fuite est trop dure. De New York à Los Angeles, en quête d’un emploi et d’un sens à sa vie, Walker arpente un monde vaste et fascinant où tout reste danger. Fidèle aux origines de sa plume, Robertson déploie sa fiction sous la forme d’un poème épique, faisant de son roman une odyssée moderne.
Et si on arrêtait de faire semblant ?, de Jonathan Franzen
(traduit de l’anglais (États-Unis) par Olivier Deparis)
À la manière de l’autre Jonathan publié en France par les éditions de l’Olivier (Safran Foer), Franzen est un romancier qui a des idées et des opinions, et qui les exprime avec talent sous d’autres formes que la fiction. Démonstration avec ce recueil d’essais et d’articles, rédigés entre 2001 et 2019, qui développe des réflexions diverses sur la littérature, les nouvelles technologies, le monde dans lequel nous vivons ou l’écologie. Le texte qui donne son titre au livre, publié l’année dernière dans le New Yorker et consacré au réchauffement climatique, avait créé la polémique. Signe que, face à l’intelligence, nul ne peut rester insensible, pour le meilleur ou pour le pire.
BILAN
Lecture certaine :
Une bête aux aguets, de Florence Seyvos
Lectures potentielles :
Les nuits d’été, de Thomas Flahaut
Walker, de Robin Robertson
Deux ans !
C’est l’occasion de donner un petit coup d’œil dans le rétro – vite fait, parce qu’on est surtout là pour parler livres, et que les statistiques, ce n’est pas notre fort ni notre truc ni notre raison d’être. Mais tout de même, pour le fun :
– Sans compter celui-ci, nous en sommes à 265 articles, soit environ 260 chroniques, si on enlève nos rares articles annexes (annonces de vacances, explications de disputes avec des auteurs énervés…)
– Vous nous avez laissé 390 commentaires, qui nous ont tous fait chaud au cœur – même quand vous n’étiez pas d’accord avec nous ;-)
– Le blog a été vu 61126 fois depuis sa naissance, dont 39572 fois en 2012, et déjà 12914 en 2013.
– Le premier article était consacré à la revue Collection.
Les trois chroniques les plus lues sont à ce jour :
1. L’Art de Tim Burton (catalogue de l’exposition de la Cinémathèque)
2. Tuer le père, d’Amélie Nothomb, éd. Albin Michel
3. Prison avec piscine, de Luigi Carletti, éd. Liana Lévi
Pour rigoler un peu maintenant, passons aux critères de recherche…
– Les cinq plus populaires :
1. delphine de vigan (593)
2. prison avec piscine (352)
3. lucile de vigan (309)
4. cannibales lecteurs (262)
5. l’art de tim burton (256)
– Les plus flippants :
« torture chinoise » (41 fois quand même !!!), « camp de concentration cannibalisme » (1 fois seulement, mais ça suffit !), « soumise comment bien choisir sa maîtresse » (hum)…
– Quelques inattendus, pris au hasard (il y en a un paquet…) :
« chaise sur le pont », « des corps de femme en lévitation », « orgie dans un monastère », « slip trash bd » (!!!), « pierrot l’idiot », « guerite de surveillance elysée » (il prépare un sale coup, celui-là, ou quoi ???)
Dont quelques-uns liés au nom du blog :
« questions droles sur cannibale », « pourquoi devient on cannibal psychologiquement » (les fautes sont d’origine), « le cannibale corse », « dessins de cannibale », « pourquoi et comment utiliser la fiction pour révéler une histoire vérédique dans cannibale » (compliqué !!!)
– Celui qui reprend carrément au mot près une phrase d’un de nos articles :
« esteban s’ennuie tout seul dans son immeuble »… Chapeau :-)
– LA bonne question :
« pourquoi des pese personne jardins du luxembourg »…
17 articles nous ont paru hors catégorie, alors nous les avons appelé les « inclassables ».
Merci à tous ceux qui nous suivent depuis longtemps, à ceux qui passent et qui s’arrêtent quelques minutes, à ceux qui nous aiment bien et à ceux que nous énervons.
Merci aux auteurs qui nous écrivent parce qu’ils sont heureux de la bonne critique que nous avons faite de leur livre, mais aussi à ceux à qui nous avons réservé une chronique plus mitigée et qui viennent – courtoisement – en parler avec nous.
Merci à ceux qui font vivre la littérature quoi qu’il arrive : éditeurs, lecteurs, blogueurs… Quels que soient nos goûts, nos affinités, nos différences, nous partageons et faisons partager la même passion – un combat commun pour la singularité et la culture auquel nous ne devons jamais renoncer.
De notre côté, nous entrons dans la troisième année de notre blog avec la même envie de vous faire partager nos découvertes et nos coups de coeur comme nos coups de griffe. Les Cannibales ont toujours les crocs, alors rendez-vous à la prochaine chronique, puis à la suivante, et encore à la suivante…
Bookfalo Kill & Clarice Darling
24 mai 2013 | Catégories: Inclassables | Tags: 2 ans, Amélie Nothomb, articles, bilan, blog, Bookfalo Kill, Cannibales Lecteurs, Clarice Darling, commentaires, critères de recherche, Deux ans, prison avec piscine, statistiques, tuer le père | 8 Commentaires