Terminus Belz, d’Emmanuel Grand

Signé Bookfalo Kill

Après avoir fui clandestinement son Ukraine natale, Marko Voronine arrive par hasard sur l’île de Belz, au large de Lorient. Joël Caradec, patron de pêche local, l’embauche sur son chalutier, ce qui ne plaît pas à tout de monde sur ce petit bout de terre où le métier se fait de plus en plus dur et rare.
Bien que refroidi par cet accueil hostile, Marko a cependant d’autres soucis. La Mafia roumaine est à ses trousses, et de vieilles superstitions se réveillent bientôt à Belz lorsque l’Ankou, sinistre spectre breton, commence à se manifester par des signes morbides qui ne trompent pas. D’ailleurs, la mort ne tarde pas à frapper…

Grand - Terminus BelzAu rayon des premiers romans policiers qui pointent le bout de leur nez en ce début 2014, Terminus Belz est sans doute, pour le moment, le plus intéressant et le plus original. Emmanuel Grand se distingue ainsi grâce à ce polar qui mêle plusieurs genres avec une aisance déconcertante : poursuite et traque, suspense, roman d’atmosphère ET roman de mafia, huis clos insulaire, une pincée de fantastique parfaitement dosée (allergiques à l’étrange en littérature, ne passez pas votre chemin, on n’est pas chez Stephen King non plus)… Tout s’emboîte  et se complète sans donner une impression de trop-plein (péché mignon de beaucoup d’auteurs de premiers romans), pour donner à ce thriller maritime une allure unique, au coup de patte singulier.

Preuve de sa richesse, Terminus Belz ne se contente pas de jouer avec les nerfs de ses lecteurs, en bon polar qu’il est (également). Il fournit de belles réflexions sur les superstitions et les croyances – pas seulement les légendes locales, mais aussi la religion.
Puis Emmanuel Grand nous invite à bord des chalutiers avec une familiarité et une précision documentaire qui nous permettent de côtoyer un peu la rudesse et l’exigence du métier de pêcheur, d’une manière d’autant plus juste que Marko, son héros, n’a pas le pied marin. Il nous plonge dans ce monde d’hommes où les femmes tiennent leur place, à distance mais présentes, en retrait mais émouvantes. Si les personnages féminins sont peu nombreux dans le roman, ils apportent un contrepoint bienvenu à un univers rendu brutal par l’intransigeance de la mer, les difficultés économiques et, pour certains, les excès alcooliques.

Bref, Terminus Belz, c’est du tout bon, et Emmanuel Grand, une révélation. Vous êtes prévenus, votre billet pour le prochain bateau au départ de Lorient est dans toutes les bonnes librairies !

Terminus Belz, d’Emmanuel Grand
Éditions Liana Levi, 2014
ISBN 978-2-86746-706-6
365 p., 19€

Une Réponse

  1. alexmotamots

    Un premier roman qui a l’air réussi. Je note.

    16 janvier 2014 à 09:22

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