L’Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier
Signé Bookfalo Kill
Au Paradise, le palace parisien, des destins se croisent durant une semaine. Celui de Craig, professeur anglais de littérature française aux Etats-Unis, à Paris pour des recherches ; d’Elena, Italienne travaillant dans la mode, en mission dans la capitale ; et de Sébastien, concierge de nuit.
Lorsqu’un autre client est assassiné dans sa suite, leurs trajectoires prennent un détour inattendu…
L’Assassin à la pomme verte n’est pas un polar, plutôt une comédie de mœurs à suspense. L’intrigue criminelle n’est qu’un moteur de l’histoire, pas son sujet ; d’ailleurs on sait très vite qui a tué et pourquoi. Ce qui intéresse Christophe Carlier, c’est le parcours de ses trois personnages principaux, à qui il donne la parole à tour de rôle, dans des paragraphes courts qui dynamisent le récit.
La lecture de ce bref roman est plaisante, d’autant que le romancier a une jolie plume, bien qu’un peu riche en lipides littéraires par moments. Pas étonnant d’ailleurs qu’elle ait séduit Amélie Nothomb (cf. le blurb sur le bandeau et en quatrième de couverture…), tant le style de Christophe Carlier et son propos finalement léger durant l’essentiel du roman, tirant vers le marivaudage, ont des affinités avec les manières de la romancière belge.
Certaines scènes d’ailleurs sont plutôt amusantes, notamment une visite de Craig à la B.N.F. qui parlera sans doute à nombre de lecteurs ayant tenté de fréquenter l’endroit… D’autres saisissent avec finesse l’atmosphère si particulière des hôtels (et le fait que celui du roman soit un palace n’y change pas grand-chose), l’état d’esprit entre parenthèses de ceux qui y séjournent. C’est sensible et bien vu.
Rien d’inoubliable néanmoins au final, si ce n’est justement une fin inattendue, qui tire le roman vers une chute plus sombre et désenchantée que prévu, et entraîne une dernière fois le parcours de tous les personnages dans la même direction, par un joli jeu de circonstances et de hasards. Carlier autorise enfin un peu d’émotion à s’immiscer dans un récit plutôt froid auparavant, à l’image de ses personnages observant le monde à distance, dans le miroir déformant du grand hôtel.
Pour son premier roman (couronné du prix du même nom), Christophe Carlier montre donc qu’il est un habile tricoteur, aisance qu’il a depuis retrouvée dans son deuxième, L’Euphorie des places de marché, sans décoller toutefois de l’anecdotique. Un auteur à surveiller, au cas où.
L’Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier
Éditions Pocket, 2014
(Première édition : Serge Safran, 2012)
ISBN 978-2-266-23785-7
157 p., 5,70€