La Moisson des innocents, de Dan Waddell

Signé Bookfalo Kill

Bon, je m’énerve après les éditions du Rouergue ou pas ? Je préfèrerais ne pas devoir le faire, puisque après tout, c’est cette maison qui a le mérite d’avoir découvert Dan Waddell et de publier aujourd’hui son troisième roman. Néanmoins…

Waddell - La Moisson des innocentsBref, on verra plus tard. Parlons d’abord du livre, c’est le plus important. La Moisson des innocents marque le retour de Grant Foster après les excellents Code 1879 et Depuis le temps de vos pères. Un dimanche matin très tôt, il est appelé sur une scène de crime atypique : un homme est mort brûlé vif dans sa voiture. Meurtre ou suicide par immolation ?
Très vite, Foster fait une découverte qui le bouleverse beaucoup plus : l’identité du mort, David Lowell, s’avère fictive et cache en réalité un certain Glen Dibb. Une vingtaine d’années plus tôt, alors simple inspecteur à Newcastle, Foster l’avait arrêté en compagnie de son ami Craig Schofield pour le meurtre sauvage d’un vieux mineur. Ce crime avait bouleversé l’Angleterre à l’époque, et pour cause : les deux assassins n’avaient alors que dix ans.
Obligé de remonter dans le temps et de se confronter à un passé qu’il a fui pour d’autres raisons, Grant Foster n’imagine pas jusqu’où cette enquête tortueuse et pleine de surprises sordides va le conduire…

Après deux romans où la généalogie jouait un rôle important, Dan Waddell laisse un peu cette discipline de côté, tout en continuant à creuser le sillon du rapport au passé, essentiel dans son œuvre. Centré presque exclusivement sur Grant Foster (son adjointe Heather Jenkins joue les seconds rôles occasionnels, tout comme le reste de son équipe), la Moisson des innocents est un polar plus classique, qui évoque notamment l’atmosphère des livres de Ian Rankin – une sérieuse référence, que Waddell tient haut la main. Ce jeune auteur relève décidément de cette tradition du roman policier britannique, où les ambiances et les personnages comptent autant que l’intrigue, voire parfois plus.

N’allez pas croire néanmoins que le suspense est sans intérêt ici. La première moitié du roman déroule tranquillement mais solidement l’histoire des ex-enfants tueurs et de ceux qui les ont approchés à l’époque, dont Foster lui-même, mettant au jour des vérités beaucoup plus complexes et désagréables qu’on ne pouvait le croire. Puis, à mi-parcours, surprise : Dan Waddell place une petite bombe qui réoriente l’intrigue et l’élargit, rappelant d’une manière inattendue sur le devant de la scène Nigel Barnes, le généalogiste héros de Code 1879 et Depuis le temps de vos pères.

Et c’est TOUT ce que je vous dirai – à la différence de l’ahuri, excusez-moi si je m’énerve mais ça m’agace vraiment très fort, qui a cru bon de tout dévoiler sur la quatrième de couverture. Bon sang, amis du Rouergue, croyez-vous vraiment que Dan Waddell s’est amusé sans raison à repousser la révélation d’un élément aussi important de son roman à plus de la moitié de celui-ci ? Vous ne voulez pas raconter la fin, pendant que vous y êtes ?
Et vous savez ce qui me rend dingue ? C’est la deuxième fois que le Rouergue fait le coup avec Dan Waddell. Relisez ma chronique de Depuis le temps de vos pères, je déplorais déjà la même faute, incroyable pour un éditeur qui publie régulièrement des polars et devrait connaître l’importance des rebondissements et des surprises dans une bonne intrigue.

Bref, amateurs de policiers de qualité, faites-vous plaisir, courez acheter cette excellente Moisson des innocents – mais par pitié, dans votre propre intérêt, ne lisez pas la quatrième de couverture. Vous me remercierez !

La Moisson des innocents, de Dan Waddell
Traduit de l’anglais par Jean-René Dastugue
  Éditionsdu Rouergue, 2014
ISBN 978-2-8126-0622-9
311 p., 21,90€

Publicité

8 Réponses

  1. alexmotamots

    Déjà le 3e ? Il va falloir que je rattrape mon retard avec le second.

    25 mars 2014 à 13:38

    • Le second qui est dispo en poche, donc encore moins d’hésitation à avoir ;-)

      26 mars 2014 à 07:58

  2. Lou

    Je viens de terminer le tome 2 et en lisant ta chronique j’ai eu peur de ne pas retrouver Nigel Barnes, or c’est vraiment cette place accordée à la généalogie que je préfère dans ces romans. Ce que tu dis me rassure. Je ne lirai pas la 4e de couverture sur tes conseils mais j’ai bien envie de me plonger dans ce 3e opus. J’espère qu’il y aura moins de coquilles que dans le tome précédent par contre !

    18 avril 2014 à 16:27

    • NIgel est clairement au second plan dans ce roman, mais il est bien là et y joue un rôle bien particulier…
      Néanmoins, Waddell utilise peu la généalogie cette fois, même si le passé est encore le thème principal de « La Moisson des innocents », traité d’une manière différente, plus classique. Pour cette raison, je préfère nettement « Code 1879 » et « Depuis le temps de vos pères » à ce troisième opus, qui est tout de même très agréable à lire.

      Pour les coquilles, je ne me souviens plus vraiment, mais je crois qu’il y en a quelques-unes tout de même… C’est vrai que, pour cela comme pour les quat’ de couv’, le Rouergue a un peu de travail à faire !

      29 avril 2014 à 18:57

  3. Hello, je viens d’acheter « Code 1879 » de l’auteur. Je suis d’accord avec toi, je suis contre les 4ème qui en dévoilent un peu trop !! Autant donner le nom du coupable, ainsi, cela nous dispenserait de l’acheter :D

    Je suis contre aussi les 4ème qui ont l’air super et lorsqu’on a lu le livre, on se rend compte que le meilleur était dans le 4ème, en fait :(

    2 mai 2014 à 16:00

  4. Eternel problème de la 4ème de couv’…Et aussi des critiques qui racontent tout ! Ah ! lala ! Je viens de terminer ce livre, pas lu les autres, je vais le faire, j’ai bien aimé.

    3 juillet 2014 à 14:55

    • Si tu as bien aimé celui-ci, tu devrais te régaler avec les deux autres, surtout « Code 1879 », vraiment excellent !

      3 juillet 2014 à 21:57

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s