Le Mystère Fulcanelli, de Henri Loevenbruck

Signé Bookfalo Kill

Toujours rangé des voitures depuis qu’il ne fait plus partie de la DCRI ni de la vie de Lola, son grand amour désormais mère de famille, Ari Mackenzie se laisse vivre, de whisky en whisky et de crise de cynisme aigu en amertume. Jusqu’au jour où Cédric Radenac, l’un de ses amis policiers, surgit dans sa vie pour solliciter ses connaissances encyclopédiques en matière d’alchimie, en particulier au sujet de Fulcanelli, l’une des personnalités les plus mystérieuses des cercles ésotériques du XXème siècle.
Un meurtre à Séville et une disparition d’un précieux manuscrit plus tard, voilà la curiosité d’Ari piquée au vif, et le plus incontrôlable des ex-agents replongé dans l’action…

Loevenbruck - Le Mystère FulcanelliAprès Le Rasoir d’Ockham et les Cathédrales du vide, Henri Loevenbruck retrouve donc Ari Mackenzie, son héros fétiche, plus cynique, drôle, opiniâtre et attachant que jamais. Un peu atteint, à vrai dire, par l’âge et le surpoids, moins héroïque, et du coup plus juste et plus humain. Une nouvelle fois, le romancier le met au service d’un page turner redoutablement efficace, dont les chapitres courts, les points de vue multiples, les intrigues parallèles et les rebondissements parfaitement dosés rendent très difficile le simple geste de poser le livre pour le reprendre plus tard.

Pour autant, on ressent une véritable évolution chez Loevenbruck dans ce troisième opus. Totalement passionné, accaparé par son sujet (qui est authentique, autant le préciser, il y a bien une affaire Fulcanelli), nourri de plusieurs années de recherches qui l’ont amené à creuser des pistes inédites pour tenter de résoudre le mystère – avec à la clef une hypothèse solide et étayée, en tout cas pour un lecteur profane en matière d’hermétisme tel que je le suis -, l’auteur du Testament des siècles délaisse le spectaculaire et les effets faciles ou sanguinolents, et s’écarte du roman d’aventures à tendance « indianajonesque » (très réussi par ailleurs) qu’étaient les Cathédrales du vide.
Si l’action est toujours régulièrement présente, le Mystère Fulcanelli est avant tout une enquête historique menée avec les armes de notre époque ; un thriller intellectuel, où l’analyse de documents, de biographies et de faits du passé est plus importante que la résolution des meurtres qui jalonnent le récit – même si, en excellent orfèvre du suspense, Henri Loevenbruck nous tient en haleine à ce sujet jusqu’à la toute fin du livre.

Formellement, le romancier s’inscrit plus que jamais dans la lignée des auteurs de romans populaires des XIXème et XXème siècle, de Gaston Leroux à Eugène Sue, dont il reprend certaines recettes avec succès. Excellent raconteur d’histoires, il n’hésite pas à recourir parfois aux mêmes effets de style volontairement appuyés (points de suspension, italiques, formules qui claquent, seconds rôles outranciers, dialogues exagérément mystérieux…) pour faire vibrer dans sa phrase son imaginaire romanesque le plus débridé.

Avec tout cela, le Mystère Fulcanelli est sans doute la plus aboutie des enquêtes d’Ari Mackenzie, qui creuse le sillon de ces thrillers intelligents sur l’ésotérisme dont Henri Loevenbruck s’est fait la spécialité. C’est aussi et surtout un polar captivant, malin et inspiré, avec une pointe de roublardise et d’humour pour faire passer le tout en douceur. Bref, une réussite !

Le Mystère Fulcanelli, de Henri Loevenbruck
Éditions Flammarion, 2013
ISBN 978-2-08-124629-4
413 p., 21€

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3 Réponses

  1. Est-ce-que j’hésitais à me plonger dans ce mystère ? Si c’était le cas, maintenant je n’ai plus aucun doute ;-)
    Voilà une chronique qui regroupe tous les éléments qui font une bonne chronique

    25 octobre 2013 à 07:59

    • Rhôôôôô, merci Yvan ! Tu me ferais rougir, pour un peu :)
      J’espère que tu seras aussi séduit que je l’ai été ! On en discutera quand on se verra (normalement) dans trois semaines ;-)

      25 octobre 2013 à 08:33

      • avec grand grand plaisir ;-)

        25 octobre 2013 à 08:47

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