La Guerre des Saints, de Michela Murgia

Signé Bookfalo Kill

Fils unique vivant dans un coin isolé de la campagne sarde, Maurizio est un enfant solitaire. Sauf l’été, quand il passe ses vacances chez ses grands-parents à Crabas, dont il arpente les rues, fronde à la main et des idées d’aventure plein la tête, avec ses amis Giulio et Franco Spanu. La nuit tombée, avec les autres gamins du village, il frissonne en écoutant les histoires à faire peur que racontent les vieux, rassemblés dehors pour profiter de la fraîcheur du soir. Il fait enfin l’expérience de la vie en communauté, de la solidarité implicite des gens qui vivent sur les mêmes terres et jouent dans les mêmes rues.
Mais cet esprit de partage idyllique se fissure le jour où l’évêque de la région annonce la création d’une deuxième paroisse au sein même du village. Forcés de choisir un camp, les habitants de Crabas commencent à se diviser et à se déchirer…

Murgia - La Guerre des saintsIl y a dans ce nouveau roman de Michela Murgia des ingrédients qui le rendent attachant et intéressant. Tout d’abord, une chronique d’enfance, pas forcément novatrice mais assez pétillante pour paraître sincère. On y voit grandir Maurizio, on le voit passer lentement de l’enfance à l’adolescence, vivre la belle amitié des jeunes années, expérimenter la vie et ses contrastes.
Ensuite, le roman déroule la chronique d’une campagne sarde, dont Murgia évoque avec brio et simplicité les traditions, les superstitions, et tout ce qui soude la population d’un village. Au fil de petites scènes souvent drôles, l’auteur convie son lecteur à faire partie du « nous » qu’emploie instinctivement l’habitant de Crabas pour parler de lui-même tout en s’intégrant toujours implicitement à la communauté.

Malheureusement, cette Guerre des saints est bien trop brève (115 pages) pour nous immerger totalement dans son histoire. Les différents aspects que je viens d’énoncer y sont tous traités d’une manière qui, au bout du compte, finit par paraître superficielle. L’aspect roman d’apprentissage aurait mérité plus de péripéties ; les aventures de Maurizio et ses amis y sont peu nombreuses. Et la chronique communautaire, elle aussi, laisse un goût d’inachevé, alors qu’elle offre les moments les plus originaux et intéressants du récit.

La Guerre des saints est donc un roman sympathique, bien écrit, mais trop léger et trop rapide pour laisser une empreinte indélébile dans ma mémoire de lecteur. Pour les curieux du genre.

La Guerre des saints, de Michela Murgia
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer
  Éditions du Seuil, 2013
ISBN 978-2-02-109861-7
115 p., 15€

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6 Réponses

  1. alexmotamots

    Le début de ton billet me donnait bien envie de découvrir ce roman. Mais si il est trop court, bof.

    27 janvier 2013 à 17:19

    • Oui, cela laisse vraiment un sentiment d’inachevé, c’est dommage.
      Pas mal, mais frustrant. Pour une fois, j’aurais bien aimé en avoir un peu plus à lire !
      Cannibalement,
      B.K.

      28 janvier 2013 à 09:08

  2. tu me donnes envies malgré tes réserves sur la brièveté du roman. c’est noté pour moi!

    29 janvier 2013 à 10:34

    • La grande scène finale du roman est très chouette, elle mérite à elle seule le coup d’oeil…
      J’espère que tu aimeras cette balade en Sardaigne, même si elle est un peu courte !
      Cannibalement,
      B.K.

      29 janvier 2013 à 21:46

  3. Je te rejoins dans ton commentaire. L’écriture est indéniablement là, la Sardaigne et l’ambiance d’un village pittoresque aussi. Alors pourquoi n’ai-je pas réussi à adhérer à l’histoire ? A mon goût, un roman trop court qui laisse à peine le temps d’avoir de l’empathie pour ces jeunes garçons. Dommage pour moi!

    17 juillet 2013 à 10:57

    • Pour une fois qu’un roman est court, il faut qu’on se plaigne, c’est quand même un comble :-p

      17 juillet 2013 à 19:21

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