Little Bird, de Craig Johnson
Chronique d’été, par Bookfalo Kill
Les éditions Gallmeister ont déjà publié les cinq premiers polars de Craig Johnson, le cowboy écrivain du Wyoming. J’ai d’ailleurs chroniqué ici même cette année le dernier en date, Dark Horse.
Mais peut-être ne connaissez-vous pas encore Walt Longmire, son shérif de héros… Auquel cas, bande de petits veinards, vous avez encore la possibilité de vous régaler à le rencontrer en vous plongeant dans Little Bird, le premier titre de la série.
Walt Longmire, donc, est le shérif du comté d’Absaroka, une région rude du Wyoming, adossée aux Bighorn Mountains, où la nature joue encore un rôle de premier plan dans la vie de ses habitants. Figure de la région, apprécié et respecté, Walt n’aspire qu’à prendre une retraite aussi proche que méritée et à se retirer dans l’espèce de chalet inachevé qui lui sert de maison.
Bien entendu, les ennuis ne tardent pas à arriver, sous la forme incontournable d’un cadavre, celui de Cody Pritchard, abattu d’un coup de fusil. L’hypothèse de l’accident de chasse est tentante, mais ce serait oublier que Pritchard a été reconnu coupable, trois ans auparavant et avec trois de ses amis, du viol de Melissa Little Bird, une jeune Indienne de la réserve cheyenne voisine. La condamnation des jeunes gens ayant été plus que clémente, ce ne sont pas les suspects qui manquent… à commencer par Henry Standing Bear, l’oncle de Melissa et le meilleur ami de Walt.
Voilà pour la trame, finalement assez classique. Même si on suit l’enquête de Walt sans que jamais ne faiblissent l’intérêt et l’envie de découvrir le fin mot de l’histoire, la force et la réussite du roman résident ailleurs. Dans les personnages tout d’abord, qui, tous autant qu’ils sont, forment une longue et réjouissante galerie de doux dingues, fiers, rudes comme la terre où ils vivent, mais par-dessus tout attachants et campés avec un art consommé du portrait.
Puis dans les dialogues, pleins de vivacité et d’humour, qui font mouche avec une précision et une régularité de sniper.
Ensuite, dans les situations, souvent cocasses, parfois surprenantes – Craig Johnson a en effet le chic pour nous prendre de court en nous présentant ses héros en pleine action, avant même de nous expliquer ce qu’ils fabriquent. Les y personnages gagnent épaisseur et crédibilité , par quelques gestes, des attitudes dans lesquelles n’importe qui peut se reconnaître, le tout relevé par une pincée d’absurde à la sauce frères Coen qui ne gâche rien.
Enfin, il y a le décor, les paysages du Wyoming, personnage à part entière du roman, comme dans tous les textes qu’aime et que défend son éditeur français Oliver Gallmeister. Johnson vit là-bas, il y est éleveur, après avoir exercé un certain nombre de métiers différents, de professeur à policier en passant par charpentier, toutes expériences dont on sent à quel point elles ont nourri sa sensibilité et son style d’écrivain.
A l’arrivée, Little Bird est un livre solide, chaleureux, rempli d’humanité, en même temps qu’un bon suspense et surtout une bonne histoire, dans laquelle on s’installe comme on rêve de se réfugier au coin d’un bon feu en plein hiver, avec l’envie de ne plus en sortir et d’en profiter le plus longtemps possible.
Little Bird, de Craig Johnson
Traduit de l’américain par Sophie Aslanides
Éditions Gallmeister, coll. Totem, 2011
ISBN 978-2-35178-509-6
422 p., 10,20€
effectivement les dialogues sont assez percutants ! un bon souvenir de lecture…
30 juillet 2013 à 10:52