D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan
Comment peut-on se remettre à l’écriture après avoir écrit un tsunami affectif, littéraire et médiatique tel que Rien ne s’oppose à la nuit? C’est la douloureuse expérience que tente de relever l’auteur. Delphine de Vigan, après avoir livré ce qui, à mes yeux, semble être son meilleur roman, cherche à oublier, à effacer, à revivre, tout simplement.
Tout part d’une anecdote lors du dernier Salon du Livre pour son précédent roman. Delphine de Vigan éconduit une lectrice, venue lui demander gentiment un autographe. En prenant le métro quelques minutes plus tard, elle y repense et en a honte. Elle met cela sur le compte de la fatigue morale et psychologique engendrée par cet énorme tourbillon qu’était Rien ne s’oppose à la nuit. Et de cette fatigue, de cette tristesse, une personne va en tirer parti.
L’auteur ne la nomme jamais, elle ne mentionne que son initiale, L. Une femme à peu près du même âge que l’auteur, qui s’immisce dans sa vie. D’abord à pas feutrés, puis qui prend complètement le contrôle. Cette femme, L., vit à deux pas de Delphine de Vigan, elle l’appelle fréquemment, lui propose de se voir, les deux femmes deviennent amies. Mais on sent vite que la relation bascule et que rien n’est vraiment normal.
Comment une personne peut profiter de la fragilité psychologique d’un autre? Comment faire en sorte de se défaire de cette emprise? C’est toute l’histoire de D’après une histoire vraie. Delphine de Vigan nous raconte son combat contre ses moulins à vent, sa peur de reprendre la plume après le succès de son dernier ouvrage. Véritable fiction qui vous cloue à votre fauteuil pour être dévoré rapidement, roman haletant et surprenant, D’après une histoire vraie ressemble à un thriller psychologique que ne renieraient pas les maîtres du genre.
Assurément, un très bon roman!
D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan
Éditions Lattès, 2015
9782709648523
479p., 20€
Un article de Clarice Darling.