N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani
Attention! Ne pas confondre avec l’ouvrage du même titre, mais de la poétesse Natasha Kanapé Fontaine, jeune auteur québécoise.
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures est un proverbe manouche que Paola Pigani a admirablement mis en œuvre. En 1940, au camp des Alliers, près d’Angoulême, sont regroupés tous les gitans, les manouches, les tsiganes, les romanichels, que le gouvernement vichyste ne veut plus voir traîner sur les routes de France. Parias de la société, 687 personnes sont parquées dans ce camp d’internement. Même s’ils ne seront pas déportés, beaucoup mourront dans des conditions lamentables de dénutrition, de froid et de chagrin.
Parmi ces ombres, une lueur. Elle s’appelle Alba, a 14 ans, et vit avec ses parents et ses frères et soeurs dans une roulotte, bientôt confisquée. Peu à peu, la jeune fille voit son monde se réduire à mesure qu’augmentent les lois raciales. Mais à son âge, on n’a pas envie de mourir, on doit vivre. On veut vivre.
Paola Pigani nous offre une bonne claque avec son premier roman, délicatement écrit. Pas de pathos ici, juste des émotions vibrantes qui nous entraînent dans le sillage d’Alba et nous font partager les dures conditions de survie des Manouches durant la guerre. L’écriture est intense, forte, l’histoire remue une période injustement (ou volontairement?) oubliée de la France, une période qui fait écho à l’actualité du moment. Grâce à cet ouvrage, Paola Pigani fait revivre ces oubliés de la guerre, leur redonne ce qu’ils avaient perdu. Leur nom et leur liberté.
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani
Editions Liana Levi, 2013
9782867466885
224p., 17€50
Un article de Clarice Darling.